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Dans le désert malien, les réfugiés syriens attendent

A In-Khalil, minuscule localité malienne à la lisière de l’Algérie, à
300 kilomètres au nord de Kidal, une centaine de réfugiés syriens,
dont de nombreux enfants, attendent de passer la frontière,
officiellement fermée, pour poursuivre leur voyage vers l’Europe.

Depuis deux mois environ un millier de ces réfugiés, issus de la vaste
diaspora causée par la guerre civile en Syrie, sont passés par ce
hameau désertique, selon les éléments sur place de la Coordination des
mouvements de l’Azawad (CMA) qui contrôle une vaste zone du nord du
Mali, rencontrés ces derniers jours à In-Khalil par le correspondant
de Sahelien.com dans la région.

Le trajet de ces réfugiés passe d’abord par Nouakchott, en Mauritanie,
où ils arrivent par avion, profitant de l’absence d’obligation de visa
pour les Syriens dans ce pays. lls rejoignent ensuite Bassikounou, à
l’approche du Mali, où se situe le grand camp de réfugiés maliens de
Mbera. De là, des passeurs les transportent vers Ber, localité de la
région de Tombouctou sous contrôle de la CMA. Un long voyage dans le
désert les attend ensuite. De deux à quatre pick-up chargés de Syriens
arrivent chaque jour en provenance de Ber à In-Khalil, où des
conditions difficiles les attendent.

“On les accueille chaque jour ici,” déclare Mbareck Ould Mohamed Ali,
un habitant de In-Khalil qui héberge ces réfugiés. “Il faut faire
quelque chose pour ces gens, ils n’ont rien à bouffer, rien à boire.”

Il s’agit ici d’un deuxième circuit connu de réfugiés syriens passant
par le Mali, celui-ci contournant entièrement la zone sous contrôle
gouvernemental. Un premier circuit passant par Bamako avait déjà été
révélé, après le blocage à Gao, le 16 septembre, d’un car de la
société de transport SONEF chargé d’une trentaine de syriens en
provenance de la capitale. Ces réfugiés s’étant avérés munis de
documents de voyage – y compris des visas émis par le consulat malien
à Nouakchott – les autorités avaient fini par les laisser poursuivre
leur périple.

En ce moment, 87 Syriens sont sous mandat du Haut-commissariat pour
les Réfugiés des Nations-Unies (HCR) à Bamako, selon une porte-parole
de cet organisme. Parmi ceux-ci, 24 sont des réfugiés reconnus tandis
que 63 ont demandé l’asile au Mali.

L’activité actuelle sur ce premier circuit est difficile à préciser. A
Bamako, les agents de la SONEF ont renvoyé les questions vers le
directeur, qui ne s’est pas rendu disponible. Joint à Gao, un officier
de police n’a pas voulu répondre non plus à la question de la présence
actuelle de Syriens dans cette ville.

Mais le circuit parallèle en zone CMA est, lui, bien actif, et semble
transporter en ce moment un nombre important de réfugiés syriens.
Leurs passeurs sont des civils, selon les autorités de la CMA, qui
assurent que leurs éléments ne se font pas payer pour le passage et
plutôt se chargent de les mettre en sécurité. “La CMA vient en aide
comme elle peut. D’abord, en les sécurisant, ensuite en partageant le
peu que ses hommes ont, sur le terrain,” déclare Almou Ag Mohamed, un
porte-parole de la coordination.

Le groupe cherche aussi à gérer le flux de réfugiés afin de ne pas
surcharger le village de In-Khalil. “Nous faisons de notre mieux, mais
il y a beaucoup de difficultés pour les accueillir,” déclare Loumada
Ould Ghanami, responsable de la sécurité de la CMA à In-Khalil. Ses
éléments disent avoir demandé à leurs collègues situés à Ber d’y
retenir les nouveaux arrivants – même si Haboul Hamadi, maire-adjoint
de Ber joint au téléphone, dément toute présence de Syriens dans sa
ville.

De plus, l’étape suivante – le passage en Algérie – est devenue
beaucoup plus risquée depuis que l’Algérie a renforcé ses contrôles
frontaliers, selon des chauffeurs privés rencontrés à In-Khalil.
Ceux-ci n’ont pas voulu s’identifier, mais disent craindre de se faire
emprisonner et de voir leurs véhicules saisis par les autorités
algériennes.

Ceci laisse les familles syriennes restées en rade à In-Khalil dans
une situation précaire. “Nous avons beaucoup souffert durant notre
trajet. Il n’y a ni eau, ni vivres et trop de chaleur,” déclare un
homme syrien, tandis que des enfants de son groupe jouent dans la rue
poussiéreuse. “Les conditions du désert ne sont pas faciles, surtout
celles de nos enfants. Nous lançons un appel au monde entier de nous
venir en aide.”