FR | EN

Français | English

mercredi, 24 avril, 2024

|

42.2 C
Bamako
46.2 C
Niamey
41.1 C
Ouagadougou

|

15:13

GMT

Ibrahim Diallo de la CMFPR II : « Nous sommes exclus alors qu’il y a des places qui nous appartiennent »

L’installation des autorités intérimaires, prévue ce jeudi 2 mars, s’annonce tendue à Gao. L’Assemblée régionale de la ville est assiégée par la CMFPR II pour empêcher la mise en place des autorités intérimaires. Parallèlement, des combattants de la plateforme ont occupé la salle du gouvernorat, près de la mairie, où pourrait se tenir la cérémonie. L’objectif, selon eux, est de « sécuriser les lieux » contre toute tentative d’empêcher l’installation des autorités intérimaires. Ibrahim Diallo, chef d’Etat-major de Ganda-Izo, groupe membre de la CMFPR II, répond aux questions de sahelien.com.

Sahelien.com : Pour quelles raisons occupez-vous les locaux de l’Assemblée régionale de Gao ?

Ibrahim Diallo : Au départ, c’était pour demander la mise en œuvre inclusive de l’accord de paix dont nous sommes signataires. Mais la réalité, c’est qu’à Gao, les populations, dans leur grande majorité, sont contre les autorités intérimaires. Et nous, nous sommes là pour la population civile. Nous avons aussi des doléances telles que notre prise en compte dans les différentes commissions de mise en œuvre de l’accord. Nous sommes exclus de ces commissions-là alors qu’il y a des places qui nous appartiennent.

Vous êtes en train de dire que vous êtes signataires de l’accord et que vous ne faites pas partie des commissions pour sa mise en œuvre ?

Nous sommes représentés au niveau du Comité de suivi de l’accord (CSA) par le professeur Younouss Touré. Nous sommes aussi dans la commission Défense et sécurité. Mais parmi toutes les commissions, voilà les deux grandes parmi lesquelles nous sommes représentés. On nous a exclus des autres depuis très longtemps. Même le MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination, ndlr), il a fallu qu’on l’assiège le 5 décembre dernier pour qu’on arrive à nous prendre en compte. Et même là, nos éléments ne sont même pas encore enregistrés. Le document de notre intégration n’a été signé que l’autre jour seulement.

Alors, vous assiégez l’Assemblée régionale pour protester contre la mise en place des autorités intérimaires ou votre « exclusion » du processus ?

Les deux. Et concrètement, nous ne voyons pas l’utilité des autorités intérimaires ici à Gao. La date même à laquelle elles doivent être installées est dépassée. C’était prévu trois mois au maximum après la signature de l’accord. L’une de leurs grandes missions était l’organisation des élections. Mais maintenant si ce sont les élections qui viennent mettre en place les autorités intérimaires, c’est très grave. On va de coq à l’âne. Aujourd’hui, s’il faut installer les autorités intérimaires là où il y a eu des élections législatives, ça n’a pas de sens. Nous avons un gouverneur qui est installé confortablement, pourquoi venir nous faire endosser un fardeau ?

Un fardeau ?

C’est parce qu’ils veulent préparer les assises nationales prévues pour ce mois-ci. Ils vont tenter d’avoir leur territoire parce-que je vais vous dire, les sédentaires ne savent pas ce qui est en train de se passer, mais les Touaregs cherchent un territoire. Ce n’est pas le cantonnement ou l’intégration qui est leur souci ou autres choses. Ils sont en train de berner l’État pour l’amener à ces autorités intérimaires. C’est clair et net. Les autorités intérimaires peuvent se maintenir pendant deux ou trois ans, ça il faut se le dire. Après leur installation, ils peuvent créer d’autres problèmes et l’Etat n’y pourra rien contre.

Il y a eu des démarches, notamment de la part du gouverneur et des notabilités de la ville, pour vous amener à libérer l’Assemblée régionale ou en tout cas à de meilleurs sentiments. Qu’en est-il ?

Nous sommes actuellement en réunion avec des notables et plusieurs autres responsables. Mais notre rencontre avec le gouverneur et l’armée française n’a rien donné parce qu’en réalité ils ne peuvent rien nous proposer. Ils m’ont demandé de libérer l’Assemblée régionale, je dis que je dois consulter mon état-major. Je ne libérerais pas cet endroit sans prendre contact avec nos cadres politiques au niveau national. Pour le moment, nos renforts sont venus et nous allons continuer à l’assiéger. Nous sommes près de 100 combattants, mais lourdement armés aussi.

Vous parlez de renforts, est ce que vous êtes en train de vous préparer à un affrontement ?

On ne souhaite pas en arriver là. Nous sommes là, à l’aise avec la population. Nous restons vigilants et si des malfaiteurs tentent de nous déloger, on va réagir. Que cela aussi soit clair !