Après le verdict rendu par la Cour d’appel de Bamako dans l’affaire dite Ras Bath, le ministre de la Justice, Mamadou Ismaïla Konaté, a décidé de quitter le gouvernement.
Le ministre de la Justice, Me Mamadou Ismaïla Konaté, a annoncé ce lundi sa décision de quitter le gouvernement. Il s’en est expliqué dans une lettre où il fait notamment référence à l’arrêt de relaxe de la Cour d’appel de Bamako dans l’affaire dite Ras Bath.
Lundi 27 novembre, la Cour d’appel a mis fin au feuilleton judiciaire qui opposait le polémiste, Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath au ministère public. Fin juillet, le tribunal de la commune IV avait condamné Ras Bath à un an de prison et une amende de 100 000 francs pour « incitation à la désobéissance des troupes ». Mais ses avocats avaient interjeté appel.
Hier, la Cour d’appel a prononcé le non-lieu. « Je prends acte de cet arrêt en même temps que je prends toute la mesure de son sens. », écrit le ministre, Mamadou I. Konaté. Il poursuit : « Je note l’attente du régime de passer par un tel chemin vers l’apaisement et l’accalmie. L’ambiance délétère du moment nous conduit à courber l’échine devant les anomalies, à fermer les yeux devant les violations et à accompagner les anomalies de peur des affres des troubles et des violences de rue. »
En plus du verdict du procès, c’est donc l’épilogue de plusieurs mois de bras de fer qui opposait Ras Bath au ministre Konaté, arrivé au gouvernement début août 2016, alors qu’il était à la tête du comité d’experts en charge de la réforme constitutionnelle. Peu de temps après sa nomination, le ministre a fait partie de ceux contre lesquels étaient dirigés les diatribes du polémiste connu comme un franc-tireur.
Lorsque Ras Bath a été interpellé sur ordre du procureur général près la cour d’appel de Bamako, Mamadou Lamine Coulibaly, en août 2016, pour « outrages envers les dépositaires de l’autorité publique », le ministre Konaté était intervenu pour préciser que l’ordre venait de lui.
Dans sa lettre, le ministre dit avoir fait le constat de « l’impossibilité de poursuivre (s)a mission à travers des actions efficaces, vigoureuses pour préserver les libertés et poursuivre leurs violations, pour défendre les deniers dissipés et les intérêts publics compromis et mettre en œuvre des actions idoines, pour poursuivre le crime de sang contre l’impunité… »
« Pour qu’aucune action non accomplie ne le reste plus longtemps au sein de ce département, j’ai décidé de vous présenter ma démission en tant que ministre de la justice pour reprendre ma liberté », conclue-t-il.
Ces derniers temps, l’affaire dite Ras Bath avait installé un climat délétère au sein du gouvernement. Le père de Ras Bath, Me Mohamed Ali Bathily, ministre de l’Habitat et des Affaires foncières, n’avait plus peur de prendre la parole pour prendre la défense de son fils en public, à l’énorme déception de certains collègues dont le ministre Konaté.
Pour le remplacer, Hamidou Younoussa Maïga, magistrat à la retraite, a été nommé au poste de ministre de la Justice. Ce membre du cabinet du Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga, est tête de liste RPM pour le Conseil régional de Gao. Il fut aussi directeur de Elan Afrique à la Francophonie, à Paris.
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