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Niger : 1.124 cas de divorce enregistrés en 2015

Sortir du célibat, un gros défi pour beaucoup de Nigériens en âge de se marier. Dans le pays, la dot coûte de plus en plus chère. Ce qui constitue un lourd fardeau à surmonter pour les jeunes qui souhaitent s’engager.

« Aujourd’hui pour doter une fille, je vous assure qu’ici à Niamey, il faut un minimum de 500.000 FCFA », indique Kaka Touda, la trentaine révolue.

Ce jeune homme souhaite se marier, mais est découragé par ce phénomène de société qu’est la cherté de la dot. « Maintenant, il y a un jargon qu’on utilise : est-ce que tu as une brique ? Ça veut dire qu’il faut avoir au moins un million », se plaint-il. Avant d’ajouter : « imaginer dans un pays pauvre où on est toujours classé du point de vu de l’indice de développement humain par les Nations unies comme dernier pays de la planète ».

Cette situation ne touche pas que les jeunes hommes. Selon Maïmouna Yonli, âgée aussi d’une trentaine d’années, la hausse de la dot nuit également aux filles.

« Les filles ne pourront pas se trouver facilement de maris dans ce contexte. Il y a quelques jeunes qui ont l’appui des parents, ou ont eu la chance de s’en sortir professionnellement, qui peuvent payer une telle somme. Et puisqu’ils ne sont pas nombreux, il est bien évident que pour la plupart des filles, le mariage devient un véritable casse-tête », affirme-t-elle.

Qu’est-ce qui peut expliquer la cherté de la dot dans un pays à revenus moyens ? Selon Maïmouna Mamane, 43 ans, « les dots sont chères parce qu’il faut beaucoup de choses lors du mariage. Par exemple, la valise coûte chère et tu dois mettre beaucoup de choses dedans. Et il y a des mariages qui n’ont pas duré un mois parce qu’on n’a pas amené la valise ».

Maïmouna, n’est pas pour autant, insensible à ce problème. « Jusqu’à présent, on n’a pas pu régler cela. Et ça nous dérange en tant que mère parce que ça fait beaucoup dépenser ».

Le Niger étant un pays majoritairement musulman – 95% de la population- pour palier ce fléau, les jeunes proposent l’implication des leaders musulmans.
« Les oulémas doivent jouer un rôle extrêmement important. Si réellement nous sommes des musulmans et que nous avons la conviction que le jour du jugement dernier aura lieu, je crois que les gens doivent faire des prêches pour conscientiser notre population afin que nos parents n’abusent pas dans cette affaire », préconise Kaka Touda.

Les leaders religieux, selon l’Imam Haladou Yahaya, le président du comité dialogue interreligieux sont déjà à pied d’œuvre. Ils organisent très fréquemment des prêches pour sensibiliser les parents et leur rappeler la parole divine. « Allah Soubat Allah a attiré notre attention quant aux méfaits du matériel sur le fidèle. Le prophète Mohamed (PSL) l’a appliqué, conseillé et enseigné aux fidèles, en disant que le mariage le plus béni est celui qui a la plus petite dot », cite-t-il. Et de déplorer : « rien qu’à Niamey le nombre des divorces équivaut à celui des mariages ».

Selon l’Association islamique du Niger, 1.124 cas de divorce ont été enregistrés en 2015.

Pour la jeune femme Maïmouna Yonli, il y a plus important dans un mariage que la dot. « Ce n’est pas le montant qu’on peut apporter en terme qui est important. C’est surtout parce qu’il faut d’abord savoir c’est quoi le mariage, parce que tu as l’impression que généralement, les gens ne pensent pas à leur futur ».