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Niger : Abou Walid Al-Sahraoui soupçonné d’être derrière l’attaque de Tongo Tongo

Le 4 octobre dernier, des soldats nigériens et américains étaient victimes d’un guet-apens près du village de Tongo Tongo, situé à 80 km de Ouallam (région de Tillabéry). Près d’un mois après, cette attaque ayant fait huit morts, dont 4 Américains, n’a pas été revendiquée. Mais les soupçons se dirigent vers des éléments terroristes affiliés à Abou Walid Al-Sahraoui.

Tongo Tongo est bien connu des services de renseignement nigériens pour sa fréquentation par des terroristes. Ce village du département de Ouallam, dans le sud-ouest du Niger, est majoritairement peuplé de Zarma et de Peulh.

Le 4 octobre, la patrouille nigéro-américaine était partie de Ouallam en direction de la frontière malienne, à la recherche de renseignements sur les terroristes peu connus du grand public. Il s’agit notamment de Djoundjoun Cheiffou, proche du djihadiste peulh surnommé Petit Tchafori par la population, de son nom de guerre « Kalidh ».

Selon une source sécuritaire nigérienne, il avait été libéré par Niamey dans le plus grand secret en février 2016, en échange de l’otage australienne, Jocelyn Elliott, enlevée quelques semaines plus tôt au Burkina Faso.

De leur retour du village d’In Tirzawane, à une dizaine de kilomètres de la frontière malienne, cette patrouille est tombée dans une embuscade tendue par des terroristes qui tenaient une réunion près du village de Tongo Tongo, a indiqué une source locale à Sahelien.com.

Selon nos interlocuteurs, la milice opérait sous les ordres de leur chef, Abou Walid al-Sahraoui, très redouté par les villageois. « Des gens bien armés viennent nous dire qu’ils sont les soldats de Dieu. Ils nous menacent en interdisant de nous entretenir avec l’armée. Sinon ils vont nous tuer, comme ils ont tué le guide de l’armée nigérienne à Ayorou il y a des cela 3 mois. Personne ne nous protège contre ces terroristes. Nous sommes obligés de coopérer avec eux », explique un habitant de Tongo Tongo, qui a quitté son village pour vivre à Ouallam.

« Il se proclame protecteur de la communauté contre leurs ennemis »

Dans cette région frontalière avec le Mali, Abou Walid Al-Sahraoui a trouvé un environnement favorable. « Il se proclame protecteur de cette communauté contre leurs ennemis », a indiqué un habitant.

T. Ousmane, un autre habitant du même village confie que les zones comme Tondikiwindi, Banibangou, Abala, In Tirzawane, HolHamani, Tongo Tongo sont contrôlées par les hommes d’Abou Walid. Et d’ajouter que « ses généraux réclament des impôts aux populations ».

Selon le ministre de l’Intérieur, Bazoum Mohamed, les terroristes qui mènent les attaques contre l’armée nigérienne dans la zone, « sont des enfants qui ont séjourné dans les prisons » nigériennes.

Dans l’attaque qui a coûté la vie aux soldats nigériens et américains début octobre, trois personnes soupçonnées de complicité avec les terroristes ont été arrêtées, selon le procureur général du tribunal hors classe de Niamey.

Les hommes armés présents dans la région, sont majoritairement des ex-combattants du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique e l’Ouest (MUJAO), qui se sont repliés vers l’Adrar des Ifoghas et le Niger, après le début de l’opération Serval en janvier 2013 au nord du Mali, explique une source sécuritaire qui ajoute qu’Abou Walid a recruté entre 100 et 200 combattants. « Les attaques répétitives contre les positions de l’armée nigérienne vise à créer la peur chez la population et à renforcer leur logistique en emportant après chaque attaque, du matériel militaire. Cette méthode leur permet de perpétrer d’autres attaques. »

Omar Hama