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Niger – Agadez : « En quatre mois de détention en Libye, cinq personnes sont mortes sous mes yeux »

Au Niger, depuis l’adoption de la loi contre le trafic de migrants en mai 2015, passeurs et migrants se font plus discrets. A Agadez, carrefour migratoire pour les Subsahariens en partance vers le Maghreb ou l’Europe, le flux de migrants a diminué.

Les résidences clandestines communément appelées « ghettos » sont de plus en plus éloignés de la ville d’Agadez  et n’accueillent plus beaucoup de migrants en transit. Parmi ces candidats au départ, certains ne sont pas à leur première tentative.  « Quand j’ai quitté Agadez, ma destination c’était l’Algérie. On m’a plutôt dérouté vers la Libye. Une fois sur place, nous nous sommes retrouvés dans une prison. Là-bas, il n’y a que la torture. Vous ne mangez pas, on vous frappe matin-midi-soir. On vous demande d’appeler la famille pour qu’elles puissent verser une somme comprise en 450.000 et 500.000 francs CFA », souligne Youssouf Fofana, un migrant gabonais de 34 ans. Ce dernier indique avoir a passé près de 5 mois en détention dans des conditions difficiles avant de recouvrer la liberté.

« Deux mois après, ils (les geôliers) sont venus avec des armes, un matin. Ils disaient que je ne voulais pas payer la somme demandée et ont tiré une balle sur ma cheville. Ils ont filmé la blessure et envoyé la vidéo par WhatsApp à un contact que j’avais dans mon répertoire de téléphone. (…) En un peu plus de quatre mois, cinq personnes sont décédées sous mes yeux. Les gens perdent la vie comme ça et puis les Libyens les transportent pour aller les jeter dans le désert. Ça ne leur dit absolument rien », ajoute-il.

Dans le désert, les drames se sont multipliés depuis l’application de la loi qui punit les acteurs de la migration. Pour échapper au contrôle des forces de sécurité, les convois de migrants empruntent des routes plus dangereuses dans le Sahara. C’est ainsi que plusieurs migrants ont été retrouvés morts ou abandonnés par des passeurs. « Quand j’allais à Djado, j’ai trouvé un véhicule qui est tombé en panne avec 25 personnes à bord. Parmi elles, il y avait 5 personnes décédées. Les autres étaient trop fatiguées et assoiffées », affirme un ex-passeur.

Aujourd’hui, les acteurs qui vivent de la migration appellent les autorités nigériennes à tenir leur promesse concernant le plan de reconversion et d’insertion sociale. « C’est difficile de voir des gens mourir sur cette route. L’Etat est au courant de tout ce qui se passe. Ils acceptent de l’argent pour laisser passer les gens. Pourtant, ils savent que la route est dangereuse. Nous souhaitons, c’est que les autorités développent les pays africains, donnent du travail aux jeunes pour qu’ils cessent de voyager dans ces conditions, parce que ça ne va pas en Libye », déclare Adamou, un intermédiaire.

Entre avril et juin dernier, 600 migrants ont été sauvés dans le désert mais 52 autres sont morts, selon l’Organisation internationale pour les migrations.

Omar Hama Souleymane Ag Anara Sory Kondo Augustin K. Fodou