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mercredi, 08 mai, 2024

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Mali : deux questions à Choguel Maïga

Le président du parti de l’opposition, Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR), Dr Choguel Kokalla Maïga donne son avis sur le projet de révision constitutionnelle et le dialogue national.

Sahelien.com : Pour ou contre le projet de révision constitutionnelle ?

Dr Choguel Kokalla Maïga : Dans le principe, on ne peut pas dire qu’on est contre une révision constitutionnelle parce que dans nos textes, deux institutions ont l’initiative de la révision constitutionnelle. Il s’agit du président de la République et l’Assemblée nationale. Si une de ces institutions dit qu’elle veut réviser la Constitution, c’est à elle de dire au peuple, voici les modifications que je peux apporter à la Constitution. Après, le peuple se décide dans toutes ses composantes, s’il est d’accord ou non avec la révision. Mais ce qui se passe au Mali aujourd’hui, personnellement, je ne suis pas d’accord pour plusieurs raisons. D’abord, du point de vue légal, je viens d’expliquer comment la révision doit être faite. Il n’y a que deux institutions qui ont l’initiative. Du point de vue de la forme, juridiquement, ce qui se passe est hors loi. Deuxièmement, nous savons tous que la révision actuelle se fait sous la pression de la communauté internationale et des mouvements séparatistes. C’est une deuxième raison pour laquelle, on ne peut pas l’accepter. Troisièmement, c’est qu’on procède à une manipulation de l’ensemble de l’opinion publique. Dans le projet de révision constitutionnelle élaboré en début 2019, dans le serment du président, il y a le bout de phrase où le président s’engage à respecter et faire respecter la Constitution qui a disparu dans le serment dans le nouveau projet. Vous croyez que c’est par hasard ? Vous avez ensuite des dispositions qu’on voudrait mettre dans l’accord qui sont inacceptables qui sont des éléments constitutifs du processus de partition du Mali. Il y a plusieurs raisons, pour lesquelles je suis persuadé que cette révision est une étape dans le processus de démantèlement de l’Etat. Enfin dans le nouveau projet de révision constitutionnelle, il y a beaucoup de renvois à la loi. Dès que la révision va passer, ils vont fabriquer des projets de lois, réunir l’Assemblée bidon que nous avons aujourd’hui et qui n’a aucune légitimité, les mettre dans une salle et les faire voter.

Que pensez-vous du dialogue ?

Le dialogue dit politique inclusif qui est en cours de préparation. A l’analyse des différentes étapes dans la préparation, on a le clair sentiment qu’il ne donnera rien. D’abord, ce dialogue prend comme source, l’accord politique dit de gouvernance qui a été signé le 2 mai 2019 entre le pouvoir et quelques opposants qui étaient à la recherche de postes ministériels. Ce que nous nous avions souhaité pour qu’il y ait un accord politique, c’est qu’on était arrivé à la conclusion qu’à travers les massacres, vu tout ce qui se passait au centre du pays et le risque d’effondrement, nous avons souhaité qu’il y ait un sursaut national, une union sacrée autour de celui qui se trouve à la tête de l’Etat quelque soit par ailleurs, les conditions désastreuses dans lesquelles il a été élu. Parce que si on ne fait pas attention, en restant dans la polémique avec lui, le pays risque de disparaître. C’est à cause des périls graves qui pèsent sur l’Etat et la nation malienne. La priorité N°1 doit être la restauration de l’autorité de l’Etat et de la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire. Le texte sur lesquels, il y a eu rupture entre nous, ils l’ont modifié entre temps. Ils ont fait comme si on a demandé un accord qu’on a obtenu et par caprice on a plus voulu signer. Dans cet accord, il y a un certain nombre de dispositions qui y étaient inscrites et qu’ils ont commencé à violer. L’accord du 2 mai a prévu que la prolongation du mandat des députés soit soumise au dialogue. Le 7 juin, le gouvernement prend un décret pour dire que le mandat des députés est prolongé. Ensuite, il était prévu que le dialogue national soit convoqué immédiatement après la mise en place du gouvernement d’union nationale. On est là depuis bientôt six mois dans les réunions et conférences. Quand ils ont commencé à préparer le dialogue, la première des choses est la désignation par le chef de l’Etat de trois personnalités dont on ne doute pas de la qualité. Dans le communiqué qui l’annonce, on dit que c’est après une large concertation avec l’ensemble de la classe politique. Ce qui n’était pas vrai parce que l’opposition n’a pas été consultée. La deuxième chose, c’est qu’on a attendu pendant quatre mois les termes de références de ce dialogue. Mais quand vous le regardez, c’est un catalogue avec des gros chapitres, des gros mots mais ça ne résout pas les problèmes du pays.

Propos recueillis par Sory Kondo