A la suite d’une mutinerie qui a débuté au camp Soundiata Keita de Kati, ce mardi 18 août, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita a annoncé, tard dans la soirée, à la télévision nationale, sa démission après son arrestation, quelques heures plus tôt, par des soldats.
« Je voudrais, en ce moment précis, tout en remerciant le peuple malien pour son accompagnement au moment de ces longues années, la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions à partir de ce moment, et avec toutes les conséquences de droit, la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement » a déclaré Ibrahim Boubacar Keita.
Dans la journée du mardi, la situation était tendue à Bamako et Kati où des tirs ont été entendus, le matin, au camp militaire Soundiata Keita, situé à 15 km au nord de la capitale. Les accès à la ville sont bloqués et des commerces et services fermés selon des habitants contactés sur place. C’est le début de la mutinerie. A Bamako, c’est également la panique. Des services fermés et des arrestations de certaines personnalités signalées.
A la mi-journée, plusieurs personnes se sont rendues à la place de l’indépendance, après avoir appris la nouvelle d’une mutinerie dans la ville garnison de Kati. « Nous sommes venus pour savoir ce qui se passe réellement. Les Maliens ont souffert, nous avons tout fait pour qu’IBK entende nos cris mais, hélas ! », déclare une manifestante. Et un autre d’ajouter : « nous sommes ici, tout le temps pour manifester, nous ne souhaitons que le départ de IBK et son régime. Nous avons eu vent d’une nouvelle qui nous a poussés à sortir aujourd’hui. Les militaires qui manifestent leur mécontentement contre IBK donc, cela nous motive davantage pour leur montrer que nous faisons le même combat.»
Restée en marge, depuis le début des contestations du Mouvement du 5 juin contre le pouvoir, des manifestants estiment que c’est le moment de « la délivrance » de l’armée. « Si aujourd’hui, il a plu à certains éléments ds nos forces armées de conclure que cela devait se terminer par leur intervention, ai-je réellement le choix ? M’y soumettre, car je ne souhaite qu’aucun sang ne soit versé pour mon maintien aux affaires », a indiqué le président sortant.
Des scènes de saccages et de pillages
Les manifestants campés au monument de l’indépendance se sont dirigés vers l’immeuble de l’ancien ministre de la justice, Kassim Tapo, situé à quelques mètres de là, où climatiseurs, matelas, chaises et autres meubles ont été emportés.
La résidence de Karim Keita, ex-président de la commission défense de l’Assemblée nationale et fils d’IBK n’a pas été épargnée par ces actes de vandalismes au quartier Sébénicoro.
Des condamnations
L’indignation de la communauté internationale ne s’est pas faite attendre. La France, les Etats-Unis, la CEDEAO, l’ONU ont tous appelé les hommes en tenue à rejoindre les casernes et ont demandé le rétablissement de l’ordre constitutionnel.
La CEDEAO a, dans un second communiqué, décidé de la fermeture de toutes les frontières du Mali et sa mise sous embargo ainsi que d’autres sanctions allant jusqu’à la suspension du Mali de toutes instances décisionnelles de l’organisation en attendant le rétablissement de l’ordre constitutionnel.
Une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU se tiendra sur le Mali, ce mercredi 19 août.
Sory Ibrahim Maiga, Sory Kondo