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A Bafoulabé, la Covid-19 affecte la vaccination de routine

Situé à 165 Km de Kayes, chef-lieu de région, le cercle de Bafoulabé a enregistré ses premiers cas de coronavirus fin mai. L’apparition de la maladie à coronavirus a poussé les autorités locales à mettre en place, plusieurs mécanismes de prévention pour contrer la propagation. 

En première ligne dans la lutte contre cette pandémie, le centre de santé de référence de Bafoulabé. Dr Maïga Boubacar, médecin-chef du district sanitaire explique comment la Covid-19 est apparue: « Les premiers cas suspects nous ont été signalés dans l’aire de santé de Kamagalamani, lors d’une cérémonie de mariage. Il y avait plusieurs personnes à cette cérémonie. Elles sont venues de Kéniéba, de Bamako et de Kayes. Parmi ces personnes, il y a eu des individus qui ont présenté des signes en rapport avec la covid-19. Notre équipe s’est rendue sur place pour les prélèvements sur trois personnes qui se sont révélés négatifs. C’est après qu’il y a eu les vrais cas. C’est au barrage hydroélectrique en construction à Gouina où vit une importante communauté chinoise en charge des travaux qu’il nous a été signalé que des personnes testées positives à la covid-19 y séjournent. Alerté par la direction régionale de la santé, nous avons envoyé une équipe pour sillonner cette zone, notamment les villages de Talari, Dipari et d’autres petits hameaux. Après des interrogatoires, il y avait effectivement des personnes testées positives dont des Chinois et des nationaux ».

Selon Dr Maïga, les jeunes qui travaillaient sur le site de Gouina, Talari et Dipariont été identifiés. « Les suspects étaient au nombre de 16 et ont été tous prélevés, mais les résultats se sont avérés négatifs. Les agents de santé à Talari ont été instruits à suivre de façon journalière. Ensuite, le site a été fermé après des échanges avec le Syndicat des travailleurs qui nous a informé que 200 jeunes du cercle de Bafoulaé travaillent sur le site. Grâce aux médias locaux, des messages de sensibilisation ont été lancés en demandant à la population de ne pas cacher les jeunes qui ont quitté le site de Gouina pour se rendre en famille. Nous avons dépisté 93 personnes contact dont un seul s’est révélé positif. Ce cas positif venait de l’aire de santé de Manatali. Évacué sur Kayes, il a été traité et guéri de Covid-19. Pour le moment, le suivi des contacts est terminé » a-t-il poursuivi.

Que pense-t-on de la maladie?

Pour ce qui concerne la prévention de la maladie, beaucoup de difficultés demeurent. « La communauté a tendance à penser que c’est une maladie qui n’est pas réelle et qui serait une invention de l’Occident, que c’est un marché pour les services socio-sanitaires. Donc, le déni même de la maladie, c’est ça le grand problème. Ensuite, il y a le sous-financement des activités surtout celles qui nécessitant des déplacements coûtent chers en termes de carburant et de prise en charge. Ces deux gros problèmes qui nous handicapent dans la lutte contre la covid-19 », souligne le médecin-chef du district sanitaire.

Aussi, « certaines activités comme que la vaccination est affectée par cette épidémie parce que sur les réseaux sociaux, les gens ont publié de fausses informations et la communauté pense que les vaccins de routine qu’on administre aux enfants contiennent des médicaments qui transmettent la maladie à coronavirus. C’est pour ça, il y a un grand nombre de refus de vaccination chez les enfants de moins d’un an » ajoute Dr Maïga.

La fréquentation du centre de santé n’est pas la même. « Les gens sont réticents. D’autres pensent qu’en venant au centre de santé, on va te déclarer positif au coronavirus. Ce qui fait qu’il y a beaucoup qui préfèrent rester, faire de l’automédication pour éviter de venir au centre », indique Zoumana Sidibé, responsable du laboratoire du CSREF de Bafoulabé.

Sur le terrain, la sensibilisation se poursuit. Des dispositifs de lavage des mains sont installés dans les gares routières, les marchés, etc.  « On ne va pas baisser les bras même si la grande majorité ne croit pas à cette maladie, ça ne va pas nous décourager », a affirmé Mahamadou Kanouté, premier vice-président du Conseil de cercle de Bafoulabé.

Michel Yao, Sory Kondo