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A Kayes, la crise sanitaire n’épargne pas les familles des migrants

L’apparition du coronavirus a bouleversé le quotidien de ces familles. L’arrêt des transferts d’argent engendre d’énormes problèmes pour les ménages qui vivent de ces fonds.

A Kayes N’di, l’un des quartiers de la ville, Modibo Traoré nous reçoit chez lui. Sans emploi, il n’arrive pas à surmonter cette situation difficile. Père de cinq enfants, Modibo doit également s’occuper de ses deux épouses et de sa maman. Son frère, qui le soutient financièrement, est confiné en Italie, l’un des pays les plus touchés par cette pandémie, d’autres vivent en France.

La région de Kayes a toujours été soutenue économiquement par sa diaspora. Les investissements dans les infrastructures socio-sanitaires de base sont l’œuvre des migrants. « Ce sont ces migrants qui assurent le quotidien en terme de prise en charge, de nourriture, de financement des frais de santé. Kayes se trouve dans ce contexte où les migrants ont occupé une place de choix dans le processus de développement », explique Ibrahim Sarr – Membre de l’Espace Migration Développement à Kayes.

« Manque à gagner pour l’économie familiale »

Aujourd’hui, avec la crise sanitaire, plusieurs ménages sont fragilisés. « Cette crise sanitaire engendrée par Covid-19 est venue trouver une crise économique qui était là et qui a touché la plupart des migrants parce que le chômage a pris une place dans les pays européens. Ensuite, il y a les politiques migratoires européennes qui rendaient la vie un peu dure au niveau des migrants qui sont restés là-bas. Du coup, ces migrants n’avaient plus cette force d’intervention au niveau de nos pays. Deux crises mises bout à bout ont fait en sorte que qu’on a ressenti beaucoup plus l’impact du coronavirus au niveau de nos pays. Dans les villages Soninké pour la plupart et beaucoup de villages Khassonké aussi, trois familles sur quatre ont un enfant au niveau de la migration qui supportent plus de la moitié du revenu familial de façon générale. Imaginez que cette manne financière ne vienne pas, ça créé un manque à gagner terrible pour l’économie familiale », a ajouté M. Sarr.

Comme Modibo Traoré, beaucoup de familles tournent leurs regards vers les autorités maliennes qui ont pris certaines mesures en direction des couches fragiles touchées par la crise sanitaire.

Michel Yao, Sory Kondo

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