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Au Ghana, les femmes déconstruisent les stéréotypes en excellant dans le sport

Photographies et texte de Misper Apawu

Les femmes sont toujours confrontées à diverses formes de stéréotypes où qu’elles se trouvent, et le sport ne constitue pas une exception. Les onze incroyables athlètes ghanéennes photographiées ici défient et surmontent ces obstacles pour exceller dans leurs différents domaines. Elles représentent des femmes dans le sport qui vivent avec courage, enthousiasme et positivité.

Ce photoreportage a pour but d’encourager et d’ouvrir la voie aux filles et aux femmes se heurtant à des contraintes dans la pratique d’un sport, afin qu’elles s’affranchissent de la peur d’être cataloguées et fassent ressortir les championnes qui sont en elles.

Fairuza Osman, 21 ans, une athlète nationale, affirme que le fait de regarder les progrès qu’elle a réalisés est une énorme motivation, et que rien ne peut l’arrêter. « Un inconnu m’a demandé un jour si je ne pouvais pas trouver une autre activité sportive que la boxe, parce que j’étais trop belle pour ça », un conseil non sollicité qu’elle a rapidement ignoré, dit-elle. Il n’a pas été facile d’annoncer la nouvelle à ses parents lorsqu’elle a commencé à s’entraîner à la boxe. « J’avais peur que mon père m’empêche de boxer. Mais je l’ai convaincu, et il m’a donné le feu vert, se souvient-elle. Je suis féminine en dehors du ring mais je suis sportive et agressive sur le ring. Mon conseil est de penser à son objectif, de travailler dur et surtout d’être disciplinée », explique-t-elle.

Belinda Ayeley, 25 ans, joue au rugby depuis 2017. Elle est une joueuse amatrice avec l’espoir de devenir professionnelle. On lui a dit à d’innombrables reprises que le sport était réservé aux hommes et que les femmes devaient se concentrer sur leur mariage. « Parce que mes frères et sœurs se concentrent tellement sur les études, mon père a dit que je suis inutile, et il le dit encore tout le temps. Je lui ai toujours répondu de faire attention à moi et qu’au bon moment, tout sera idéal », a-t-elle déclaré.

Elle pense que le monde sera meilleur lorsque les gens arrêteront de véhiculer des stéréotypes, car cela diminue la confiance en soi. « Lorsque vous donnez à une personne la liberté de faire ce qu’elle fait le mieux, je pense qu’elle excellera. Tout le monde devrait avoir la possibilité de se découvrir », a-t-elle souligné. Belinda a conseillé aux athlètes féminines de « continuer à aimer ce qu’ [ elles font ] le mieux [ afin d’être ] les meilleures ».

Malgré la perception des golfeurs, Belinda Seyram, 27 ans, a voulu expérimenter ce sport pour elle-même. « Avant de me décider à jouer au golf, j’entendais souvent les gens dire que pratiquer ce sport coûte cher et que c’est pour les vieux hommes. Les gens ne veulent même pas essayer de savoir si c’est vrai ou faux. En fait, j’ai découvert que ce n’est pas le cas. C’est un jeu qui vous façonne en tant qu’individu. J’aime ce jeu et c’est pourquoi je suis toujours là », a-t-elle expliqué.

Belinda a déclaré que certaines personnes ont essayé de la décourager par un comportement hostile et ont répandu des rumeurs selon lesquelles elle est là pour flirter avec des hommes mariés. « C’est ma détermination personnelle qui m’a permis d’aller aussi loin. Ne construisez pas votre passion en fonction de la perception des gens, si vous pensez que vous aimez ça, venez juste faire un essai. Laissez votre vision compter et oubliez les autres », a-t-elle affirmé.

Bello Masuratu, 26 ans, a commencé à jouer au basket en 2008. « La plupart des gars me disent que je ne devrais pas faire de sport. Ils pensent que je devrais être sexy dans un bureau, mais je les ignore car mes parents me soutiennent et cela suffit », a-t-elle martelé. Le message qu’elle souhaite transmettre aux jeunes filles intéressées par le sport est le suivant : « Vous rencontrerez peut-être des gens qui vous critiqueront toujours, mais croyez en vous, car la pratique du sport renforcera votre confiance en vous. »

Claudia Ammadi, 27 ans, a commencé l’escalade il y a un an et demi. Ce n’est que récemment qu’elle a découvert l’existence de l’escalade au Ghana et qu’elle a décidé de s’y inscrire pour la forme et pour l’amour du sport. Bien que l’escalade ne soit pas un sport courant, elle dit ne pas avoir été victime de stéréotypes. « Je pense que les gens devraient accepter les sportives qui sont passionnées et les soutenir plutôt que de les sous-estimer ou de parler de leur corps et de leur masculinité », a-t-elle déploré. « Continuez, concentrez-vous, et ne faites pas attention aux personnes qui parlent de votre corps. Soyez vous-même et allez de l’avant dans tout ce que vous faites. »

Copropriétaire du club de football féminin Ridgecity, Cleopatra Nsiah, 36 ans, a déclaré que les gens sont souvent surpris qu’elle occupe un rôle de propriétaire dans le sport. « Les gens sont choqués qu’une femme dirige un club de football. Mais c’est un club de football féminin, qui d’autre est censé le diriger si ce n’est une femme ? » a-t-elle demandé.

« Nous avons essayé de trouver des sponsors, mais sans succès. Je ne pense pas que ce soit parce que je suis une femme, mais parce que l’équipe est un club de football féminin. Le simple fait qu’il s’agisse d’un football féminin, les gens pensent que c’est une blague, un passe-temps ou une distraction que quelques filles essaient d’avoir. Personne ne respecte le football féminin, surtout au Ghana. Il est difficile de trouver des sponsors. Mais nous n’allons pas cesser d’essayer d’en obtenir parce que je suis sûre qu’il y a des gens qui veulent vraiment nous aider, alors nous n’arrêterons pas jusqu’à ce que nous les trouvions », a-t-elle déclaré.

L’aspiration initiale de Doreen Tetteh n’était pas le sport. « Je voulais être une femme militaire, mais j’ai découvert plus tard mon amour pour le football à l’âge de 10 ans », a-t-elle précisé. Bien que la jeune femme de 22 ans soit fortement soutenue par ses parents, certains proches la découragent encore. « Ils disent que faire du sport en tant que femme ne paie pas, mais je ne leur accorde pas d’importance car je sais ce que je veux, et cela ne me décourage pas », a-t-elle affirmé.

En 2016, Prospera Nantuo, 17 ans, a commencé à jouer au badminton. Elle fait désormais partie de l’équipe nationale ghanéenne. Ce sport lui a appris à être disciplinée, dit-elle.

« Certains proches m’ont dit que le sport ne me mènerait nulle part parce que je suis une femme. Les gens ne croient pas que nous pouvons faire grand-chose, mais nous faisons de notre mieux », a-t-elle renchéri. Les gens ont essayé en vain de la convaincre que faire du sport serait mauvais pour son éducation. « Je suis passionnée par le sport et il a amélioré ma capacité de réflexion », indique t-elle. Le message qu’elle souhaite transmettre aux jeunes filles est le suivant : « Ne laissez personne s’opposer à votre centre d’intérêt. Décidez simplement de ce que vous voulez faire et vous pourrez tout faire ».

Ramatu Quaye, 25 ans, boxeuse dans l’équipe nationale du Ghana, a commencé la boxe à l’âge de 10 ans. « Un ami m’a dit que je n’allais pas accoucher à cause de la voie professionnelle que j’ai choisie, mais ce n’est pas vrai. J’ai eu mon bébé et je suis de retour à l’entraînement, et je n’ai rien perdu. Cette perception est fausse », a-t-elle assuré.

« J’encouragerai mon enfant à devenir une boxeuse quand elle sera plus grande », a-t-elle ajouté.

« Certaines personnes en concluent que toutes les sportives sont lesbiennes, surtout les hommes dont nous rejetons les propositions de relation », a révélé Regina Jessica, une handballeuse de 28 ans.

« Le sport aurait été charmant sans stéréotypes, car la peur d’être attaqué ou étiqueté avec des noms attire les gens », a-t-elle ajouté. Le conseil qu’elle donne aux jeunes femmes est de se concentrer sur ce qu’elles aiment faire.

Winnifred Ntumi est une haltérophile de 18 ans qui fait partie de l’équipe nationale ghanéenne. Quand elle dit aux gens qu’elle est haltérophile, ils essaient parfois de toucher ses muscles parce qu’ils ne croient pas que c’est vrai. Certains disent : « Comment une femme peut-elle faire ça, voyez comme je suis petite, et bien d’autres choses encore. Mais je ne me soucie pas de ce qu’ils disent. Tout ce que je sais, c’est que je fais mon lifting et que c’est mon corps », a-t-elle avancé. Elle pense que la seule façon de mettre fin aux stéréotypes est d’accepter les gens tels qu’ils sont. Les athlètes en devenir devraient « être simplement eux-mêmes et faire ce qu’ils veulent », a-t-elle conseillé.