Ayant pris fonction il y a six semaines, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix des Nations unies, Jean-Pierre Lacroix, a effectué sa première visite en Afrique, notamment au Mali, pour recueillir les vues des interlocuteurs maliens, examiner l’évolution de la situation politique et sécuritaire. Auparavant, il s’est rendu en Algérie et au Niger. A Bamako, il a rencontré la presse, le mercredi 17 mai 2017, accompagné du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies au Mali, Mahamat Saleh Annadif.
Cette visite est tout sauf anodine, car intervient à quelques semaines de l’examen prochain du renouvellement du mandat de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali). Une échéance pour laquelle un rapport doit être fourni sur la situation au Mali qui, selon M. Jean-Pierre Lacroix, est caractérisée par « la persistance des défis en matière de sécurité », surtout dans le Centre du pays, et la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.
Déploiement d’une force onusienne au Centre
S’il a salué une « dynamique » en marche au Mali, le Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix pointe le manque en matière de capacité de la MINUSMA et a annoncé l’arrivée de renforts, le déploiement prochain dans le Centre du Mali d’une force de réaction venant du Sénégal. Il y aura aussi une addition d’équipements et de moyens technologiques. Le Centre (Mopti, Ségou, Koulikoro) est de plus en plus concerné par la dégradation des conditions sécuritaires.
Au plan régional, il a salué le G5 Sahel dont les forces ont vocation à combattre les terroristes. Pour lui, cette initiative constitue « un progrès encourageant » qui dénote de la « volonté des pays de prendre en main les défis du Sahel ». Y-a-t-il un risque de chevauchement entre cette force du G5 Sahel et celle que la MINUSMA prévoit de déployer dans le Centre ? Non, répond-il, indiquant qu’il suffira de « bien organiser l’articulation entre les deux forces. »
« Cette synergie devra intégrer les forces armées maliennes. Il y a une complémentarité. Les différentes dans les mandats et les responsabilités sont très claires », ajoute-t-il.
Menace sur l’Accord
Le 15 juin prochain consacre le deuxième anniversaire de la signature de l’Accord pour la paix et la reconciliation dont la mise en œuvre est on ne peut plus lente, selon l’avis le plus partagé. «C’est long. Il y a une lenteur, des retards. Il y a une attente des Maliens et des partenaires aussi qui ont engagé des ressources dans ce processus », explique Jean-Pierre Lacroix, qui appelle les parties signataires à faire davantage d’efforts. Pour Mahamat Saleh Annadif, Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies au Mali, il n’y avait pas de blocage avant le 22 juillet 2016, date à laquelle la Coalition des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme ont commencé à s’affronter à Kidal. Le 18 janvier 2017, il y a eu aussi la tragédie à Gao, avec l’attentat contre le camp du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), qui a fait plus de 50 morts. Ce qui a porté un coup dur aux patrouilles mixtes. Ces évènements, selon M. Annadif, sont pour beaucoup dans le retard que connait la mise en œuvre de l’Accord.
Un autre facteur de blocage, relève-t-il, est le MOC de Kidal, qui n’est toujours pas opérationnel alors qu’il devait pourtant sécuriser la mise en place des autorités intérimaires. « La CMA n’a pas libéré le camp n°1 qui devait accueillir le MOC, explique le chef de la mission onusienne. C’est une décision qui a été prise, elle doit la respecter. » Mais la plus grande menace qui pèse sur l’Accord, selon lui, demeure l’hostilité entre la CMA et la Plateforme, qui n’observent pas de cessez-le feu. La méfiance entre ces mouvements, fait que les sites de cantonnements restent vides alors qu’ils sont prêts et disponibles.
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