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Au Mali, les enseignants grévistes du nord observent une trêve

La grève illimitée dont la mèche a été allumée, le 14 février, est suspendue par le Collectif des enseignants du nord, en attendant le début des négociations avec le gouvernement, prévu pour le 22 mai. Mais dans les rangs du Collectif, l’optimisme n’est pas de mise.

« La grève n’est pas finie, c’est juste une trêve », explique Issa Diallo, porte-parole du Collectif des enseignants du Nord à Gao. Une trêve qui, à l’en croire, a été demandée par la médiation dirigée par la député élue à Tombouctou, Aziza Mint Mohamed, et les femmes leaders de Gao et de Tombouctou. Celles-ci ont aussi effectué des démarches auprès de la Primature et du département de l’Education nationale, qui refusait de reconnaître le Collectif. « Elles nous ont mis la pression », ajoute Issa Diallo. Dans un communiqué diffusé le 14 mai, le Collectif a suspendu le mot d’ordre de grève illimitée après qu’il a reçu, le 12 mai, une lettre du gouvernement l’invitant à négocier. « C’est une avancée, avant le gouvernement refusait de nous reconnaître. Il disait qu’on n’était pas légal », se réjouit-on du côté du Collectif.

Aujourd’hui, lundi 15 mai, la reprise des cours était effective à Tombouctou et Gao où l’éducation était paralysée depuis le 14 février (88 jours). C’est donc une trêve en attendant le début des négociations avec le gouvernement, le 22 mai prochain. « Il convient de rappeler que la suspension du mot d’ordre de grève est une preuve de bonne foi du Collectif et une mesure de confiance, préalable aux discussions qui permettront le règlement définitif des problèmes mentionnés dans sa plateforme revendicative. », peut-on lire dans le communiqué. Le Collectif revendique la mise à jour des avancements des enseignants, l’intégration des fonctionnaires des collectivités dans la fonction publique (ce qui a été accordé depuis 2010 mais il y a encore au nord des enseignants qui n’ont pas été intégrés), le retour des services financiers de l’Etat au nord, l’installation des inspections régionales de la pédagogie dans les régions du nord, paiement des arriérés d’avancement, la prime de zone, la prime de réinstallation.

« On ne veut pas d’une année blanche ! »

Parmi ces revendications, le gouvernement s’est prononcé sur deux points, à savoir la prime de zone, la prime de réinstallation. « C’est le point concernant la prime de réinstallation des enseignants qui m’a beaucoup touché », confie l’honorable Maïga Aziza Mint Mohamed, joint par Sahelien.com. «C’est inexplicable ! Je ne pouvais pas comprendre que des enseignants qui sont restés au nord, ont affronté les balles et les djihadistes pour encadrer les enfants n’aient pas reçu la même prime que les autres travailleurs. Donc, il fallait faire quelque chose. Avec tout le problème qu’on a déjà, chômage, insécurité, il ne faut pas aller à une blanche dans les écoles au nord. On ne veut pas d’une année blanche ! », ajoute-t-elle.

Elle se dit optimiste quant à la suite des négociations. Mais pour cette enseignante, le problème n’est pas les points de revendication : « C’est plutôt le refus de la décentralisation quand il s’agit de l’administration scolaire. Bamako continue à tout diligenter au nord. » Elle estime que le gouvernement ne se prononce pas sur les points tels que le retour des services financiers dans le nord (budget, trésor), « sinon on continue à subir beaucoup de tracasseries ici. Alors que leurs locaux ont été reconstruits. » Il n’y a pas aussi d’inspections régionales de la pédagogie : « c’est ce qui est à l’origine des problèmes d’avancement. Les plus proches se trouvent à Mopti. Elles doivent venir chaque deux an, mais en dix ans d’exercice je n’ai passé le test qu’une seule fois », affirme-t-elle.

En attendant le début des négociations, le Collectif préfère rester prudent, car « avec ce gouvernement, on ne sait jamais. »

Boubacar Sangaré