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Burkina Faso : la pollution de l’air « peut entraîner des maladies chroniques »

Il est 8h17 à Nagrin, un quartier de Ouagadougou, et Moussa Ouédraogo s’apprête à commencer sa journée. Comme beaucoup d’autres habitants de la ville, il doit faire face à la poussière omniprésente, qui affecte leur entreprise et leur santé. « Une fois arrivé le matin, c’est comme si j’avais fermé la boutique depuis une semaine, tellement il y a de la poussière. Pire, pendant les heures de pointe, à ces instants, on a assez de problèmes. Et souvent même des difficultés pour respirer. On a vraiment du mal à respirer dans la zone, mais comme on n’a pas le choix, on fait avec », a indiqué le commerçant Moussa Ouédraogo.

Faire avec, Moussa Ouédraogo s’est résigné à cela. Mais en attendant de trouver un autre site où il sera plus à l’abri, il essaie du mieux qu’il peut de prendre soin de sa santé.  « La poussière nous donne de la toux. Même si souvent ce n’est pas grave, cela ne nous empêche pas d’aller à l’hôpital se faire examiner et suivre des traitements », ajoute-t-il.

Autre lieu, même constat. Au quartier Poessin, sur la route reliant la route nationale No6, faire son commerce est un vrai calvaire, déplore les riverains.  « Nous subissons les conséquences de la poussière ici. Cela donne de la toux, des problèmes pulmonaires, cardiaques et c’est une fois à l’hôpital qu’on nous dit ça. J’en ai été victime à 3 reprises. Tout ça, c’est à cause de la poussière. On porte souvent des cache-nez, mais ce n’est pas possible d’en porter toute la journée », alerte Sylvain Compaoré.

Ne pouvant pas se protéger toute la journée à cause de la poussière, François Compaoré, un riverain lance un cri du cœur aux autorités :« J’ai souvent vu l’autorité arroser certaines grandes voies en attendant de goudronner, et cela se fait le matin, à midi quand les élèves quittent l’école et même le soir. Mais sur cette voie, même un seul jour, elle n’a jamais été arrosée. »

Diverses sources de pollution

Selon Boukary Kaboré, directeur général de la préservation de l’environnement, le Burkina enregistre des dépassements par rapport à la norme sur la qualité de l’air, ce qui indique des niveaux de pollution assez critiques. « Dans le contexte de notre pays, les principales sources sont imputables d’abord aux phénomènes météorologiques notamment les poussières désertiques. Il y a le secteur de la mobilité urbaine, le transport qui sont des sources importantes de pollution de l’air dans notre pays. Il y a aussi le secteur industriel qui rejette également des quantités importantes et des particules fines de gaz. Il y a aussi le secteur des déchets notamment le brûlage sauvage des déchets à l’air libre, il y a les sources secondaires comme l’agriculture et autres qui de manière non intentionnelle contribue aussi à la pollution de l’air. », a-t-il précisé.  

Une enquête de l’organisme américain Health Effects Institute a démontré qu’en Afrique subsaharienne, le taux de mortalité liée à la pollution de l’air est de 155 décès pour 100 000 personnes. Mais comment la pollution de l’air affecte-t-elle les populations ?  « A court terme, la pollution peut entraîner des maladies aiguës, notamment en irritant les yeux qui va entraîner une inflammation. Cela peut entraîner une inflammation des voies supérieures que ce soit les narines, les larynx et même les poumons, et cela peut entraîner à la fin comme conséquence des problèmes respiratoires, la toux. […]. Ça peut aussi entraîner des problèmes de la peau, parce que la peau est en contact avec cette pollution. A long terme, ça peut entraîner des maladies totalement chroniques telles que les bronchopneumopathie chronique, le cancer des poumons, des cardiopathies. L’exposition peut déclencher des maladies chroniques que des gens mais qui était dans le silence, comme l’asthme par exemple. », explique Dr Abdallah, médecin-chef du centre médical de Gounghin 6.

Selon le médecin, les personnes les plus vulnérables sont plus les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes, ou les personnes qui ont déjà des pathologie chroniques. Il recommande de « se soustraire de cette pollution tant que c’est possible. » « Il y a des moments où il faut surveiller la météo, pour voir si elle n’annonce pas une période poussiéreuse, et qu’on sait qu’on est dans une situation de fragilité comme un diabétique ou un asthmatique. Il faut prendre des mesures pour ne pas s’exposer à cette poussière-là. Deuxièmement, lorsqu’on sait qu’on est obligé d’être dans cette pollution, il faut prendre des mesures de protection, notamment en portant des caches nez, et en évitant de rester longtemps dans cette poussière », a-t-il souligné.

Mohamed Nakanabo, Agaïcha Kanouté