Située à 95km de Djibo sur la route nationale 22, la ville de Kongoussi (province du Bam, région du Centre-Nord) abrite des centaines de déplacés composés majoritairement d’agriculteurs et d’éleveurs. Fuyant les attaques des groupes armés terroristes, ils ont dû abandonner leurs terres cultivables et autres moyens d’existence.
Pour reprendre les activités dans leur commune d’accueil, c’est la croix et la bannière. Certains ont pu avoir un espace, loin des grandes superficies qu’ils ont l’habitude de cultiver, comme Kinda Missiri. « Quand je suis arrivé avec ma famille, nous avons loué un champ à 20.000 FCFA. J’ai fui en laissant un champ de 5 hectares pour venir cultiver sur un terrain de 25 mètres carrés. C’est vraiment insuffisant pour une famille de plus de 40 personnes. », a-t-il indiqué.
Habitant de Zimtenga près de Bourzanga, Gansoré Koudbila a tenté également d’obtenir une terre pour cultiver mais, certains champs sont transformés en sites de déplacés. « Arrivés ici, nous avons eu des places juste pour être logés et c’est dans les champs. On ne peut plus partir chez nous, si tu veux aller à Bourzanga, il faut une escorte militaire», a-t-il affirmé.
Selon un rapport du Bureau de la coordination des Affaires humanitaires de l’ONU, « sur la période de janvier à juin 2022, les communes de Djibo (région du Sahel), Bouroum, Bourzanga, Kaya et Pensa (région du Centre-Nord) et Pama (Est) ont été celles qui ont plus de trois fois été communes d’accueil tandis que les communes de Barsalogho, Bouroum, Bourzanga et Pensa (région du Centre-Nord), ont été celles qui ont plus de trois fois été communes d’origine ».
L’une des difficultés des populations à Kongoussi aujourd’hui, c’est la pression qui s’accentue sur les ressources déjà limitées. « Nous n’avons pas trouvé de terres cultivables même pour les autochtones. Les terres ont été prêtées, données ou vendues pour la construction des logements des déplacés. Vous pouvez donc imaginer la souffrance des gens. Ceux qui veulent élever les animaux n’ont plus où les amener. Certains ont perdu tous leur bétail », explique le chef coutumier de Nordo.
A proximité de la ville, se trouve le lac Bam, autrefois, l’un des plus importants points d’eau qui a généré des activités économiques. Mais le quotidien des habitants est bouleversé à cause de l’ensablement. Aussi, avec l’arrivée des déplacés, les terres cultivables et les zones de pâturages se rétrécissent. Des producteurs maraîchers font face à la menace des animaux des personnes déplacées internes sur leur site. Pour le fermier Jean Baptiste Sawadogo, il faut une solution urgente face à cette situation.
A. Koné, Mody Adama Kamissoko
*Réalisé avec le soutien du Programme Sahel de l’IMS, financé par DANIDA.