L’apparition de la Covid-19 a bouleversé le quotidien dans la plupart des structures de santé. A Bamako, épicentre de la maladie, des changements ont été opérés dans toutes les unités de soins de l’Hôpital du Mali, l’un des plus grands centres qui traitent les patients atteints de coronavirus dans la capitale.
Pour Dr Ba Traoré endocrinologue, chargé de la prise en charge de Covid, cette maladie a créé une situation exceptionnelle au niveau des professionnels de santé. Étant lui-même endocrinologue, il est obligé de s’adapter et d’élargir ses compétences. « Quelqu’un qui est chargé de traiter le diabète, l’hypertension artérielle et d’autres maladies métaboliques qui se retrouve à traiter l’infection, ça veut dire que ça a eu beaucoup d’impact sur le plan sanitaire parce que ce n’est pas une maladie de l’infectiologue seulement. C’est une maladie qui interpelle tous les agents de santé. Il a fallu mobiliser d’autres équipes pour ici, ce qui va causer des manques quelque part. Autre conséquence, c’est le programme d’organisation, c’est venu brutalement comme ça. Le pays n’était pas prêt pour prendre en charge mais on est parvenu à avoir ce résultat aujourd’hui», a-t-il souligné.
Dans un pays où le plateau technique est insuffisant pour faire face aux maladies habituelles, avec une telle épidémie, c’est le système de travail qui a été revu. Selon le surveillant général, Dr Bakary Dembélé, il fallait dans un premier temps « former les gens par rapport aux comportements à risque qu’il faut éviter et par rapport aux comportements adéquats pour que les mesures barrières soient respectées de façon accrues avec l’arrivée du coronavirus. »
D’après ses explications, le changement de stratégie s’est effectué à tous les niveaux. « Auparavant, on donnait aux agents de nettoyage, des gants de ménage, des bottes avant l’arrivée du coronavirus mais, on ne leur donnait pas assez de bavettes parce qu’en fait, ils ne touchent pas le malade. Généralement, les bavettes n’étaient pas obligatoires chez eux en temps ordinaire mais, avec le coronavirus, on a été obligés de doter ces gens d’abord en bavettes comme le médecin intervient et sont habillés de la même façon avec les mêmes mesures » indique-t-il.
Plus de charges
Au service d’hygiène, la tâche est devenue un peu plus ardue avec l’épidémie entraînant le port de nouveaux équipements de protection et une attitude face aux corps des victimes. «Avant la pandémie, occasionnellement, on traitait des corps qui sont destinés aux voyages à l’extérieur et dans des régions d’une grande distance. Mais avec la pandémie et les décès liés au covid, on se met à préparer le corps, faire sa désinfection pour arrêter la transmission. C’est ce qui a amené surtout comme augmentation de travail», nous dit Abdoulaye Traore, chargé d’hygiène à l’hôpital du Mali.
Pour l’équipe d’entretien et du nettoyage des locaux de l’hôpital du Mali, les horaires de travail ont changé. C’est le cas de Oumou Diakité, chargée du nettoyage de l’unité Covid.« Depuis trois mois environ, on nettoie le matin et le soir. Chaque quatre jours, on assure la garde. Quand on vient le matin, on retourne jusqu’au lendemain matin. La maladie a beaucoup changé notre horaire de travailler parce qu’avant, on vient le matin faire le nettoyage et on repartait jusqu’à 17 heures. Mais maintenant, avec la situation actuelle, on passe la journée ici et une autre équipe vient prendre la relève à 15 heures jusqu’au lendemain dans la matinée » dit-elle.
Pour Alice Diarra, infirmière à l’unité Covid, la maladie a augmenté le stress chez le personnel soignant. « Je n’ai pas vu beaucoup de changement à part le stress sinon ça va. Nous travaillons avec les médecins, s’il y a des soins à faire, les médecins nous appellent et on exécute ».
A l’unité de réanimation, la Covid a dominé un peu les activités mais les soins continuent. « Nous sommes toujours en train de prendre les urgences, qui dit urgence, dit une réanimation pré et post-opératoire si c’est un cas opératoire. Sinon, il y a les soins intensifs qui continuent toujours et souvent ne nécessitent pas le bloc opératoire. Donc les soins continuent ici en réanimation à l’hôpital du Mali. Avec l’avènement de Covid, même la population a peur de venir à l’hôpital » affirme Dr Amadou Sidibé, médecin anesthésiste réanimateur.
Sory Ibrahim Maïga, Sory Kondo