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Covid-19/Niger: « En réanimation, nous sommes assez bien lotis »

Pas de répit pour les agents de santé en première ligne face à la maladie à coronavirus. Deux mois après l’annonce du premier cas de covid-19 au Niger, la maladie continue de se propager mais la mobilisation pour endiguer la transmission du virus aussi se poursuit.

Pour assurer le prélèvement et le test des cas suspects, le Centre de recherches médicales et sanitaires (CERMES) a vu ses capacités renforcées en ressources humaines et équipements. Dans la capitale, il existe plusieurs sites destinés au tri et à la prise en charge des patients testés positifs au Covid-19. « Le laboratoire CERMES fait quotidiennement des tests de dépistage. Parmi les patients déclarés positifs, un certain tri est fait par les équipes mobiles. Tous les patients qui sont asymptomatiques ou pauci-symptomatiques qui ont très peu de symptômes sont pris en charge soit chez eux, soit au niveau de l’hôpital, des unités appelées section d’hospitalisation pour patient léger à modéré » indique Dr Foumakoye Gado Adamou, chef du département d’anesthésie à l’hôpital général de référence de Niamey.

Pour les patients qui présentent « des signes de détresse ou un terrain à comorbidité, c’est-à-dire qui ont déjà une maladie chronique qui va les rendre beaucoup plus vulnérables à l’infection au Covid-19, ils vont être transférés directement vers les services de réanimation », ajoute-t-il.

Concernant les capacités de son département, Dr Foumakoye Gado Adamou assure que les équipements sont en place pour soigner les patients. « En réanimation, nous sommes assez bien lotis puisque nous arrivons à avoir des chambres individuelles, nous avons ici, une usine de production d’oxygène. Ce qui règle beaucoup de problèmes. Au niveau de cette unité de 11 lits de réanimation, nous avons la disponibilité de 6 respirateurs d’anesthésie. Je pense que sur 11 lits, lorsqu’on a 6 respirateurs, on est au-delà de 50% des lits qui sont couverts par des respirateurs sachant que ce n’est pas tous les malades qui vont nécessiter de respirateurs mais il faut l’avoir. Lorsqu’on a le besoin et qu’on n’a pas l’appareil, en ce moment-là, on est très embêtés », souligne-t-il.

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Chaque jour, toutes les données sur l’évolution de la maladie sont collectées par l’équipe du Centre national de riposte contre les épidémies. « Pour parler de pic, il faut avoir des modélisations épidémiologiques. Actuellement, il y a une équipe qui est en train de faire le travail. C’est sur la base des données qu’on a chaque jour, sur une période qu’on fait des modèles. On déroule ce modèle et il fait des projections qui permettront de savoir exactement à quel moment ou période, on peut atteindre le pic et à quelle période, on peut penser que l’épidémie est en train de régresser » explique Dr Issoufou Djibo, président du Comité de riposte.

Un plan de riposte en trois volets: sanitaire, social et économique

La crise sanitaire n’est pas sans conséquence sur les autres secteurs d’activités. Malgré l’annonce de plusieurs mesures d’accompagnement par le gouvernement pour limiter l’impact de la crise sur les populations, les prix de certains produits de base ne cessent de grimper. « En ce qui concerne le sucre, c’est de la pure spéculation. De 22.000 francs CFA le prix plafond, on atteint malheureusement 30.000 francs actuellement sur le marché. Toutes les mesures qui ont été prises de façon consensuelle avec les commerçants, pour l’essentiel, ne sont pas respectées. Les prix sont au-delà des prix plafonds qui ont été arrêtés » affirme Mahamane Nouri, président l’association de défense des consommateurs.

Le contrôle des prix des produits sur le marché est nécessaire, selon Ali Oumarou, président du Conseil national de la jeunesse. « Le gel qu’on achetait à 750 francs par le passé, à ce jour, si vous n’avez pas 1500 francs voire 2000 francs, vous ne pouvez pas l’avoir. Les masques qu’on achetait à 200 frs, aujourd’hui si vous n’avez pas 500 ou 600 frs vous ne pouvez pas l’avoir. Or vous le savez bien, nous sommes un pays pauvre dans lequel des jeunes peuvent faire même une semaine sans avoir 500 frs. Donc, un jeune qui a 500 frs va préférer acheter du thé ou de la cigarette que d’aller acheter un masque de protection. C’est pourquoi nous interpellons une fois de plus notre gouvernement à faire un suivi rigoureux sur le terrain. Je ne peux pas comprendre que le gouvernement fixe des prix et que de l’autre côté, des commerçants véreux prennent du plaisir à faire grimper ces prix » déplore-t-il.

Tchanbiano Amadou, Secrétaire général des commerçants s’explique: « les mesures annoncées par le chef de l’Etat ont été bien accueillies à notre niveau. On a pensé comme à l’accoutumée qu’on allait procéder aux mesures d’assouplissement en matière de TVA sur les produits de grande consommation. Malheureusement, cela n’a pas été fait. Le président a parlé mais, il n’y a pas eu d’exécution. C’est vrai, le ministre a demandé qu’il y ait pour une période de trois mois, au moins une stabilité des prix. Malheureusement, le produit se fait rare et quand il se fait rare, les magasins vont fermer. »

Il y a une semaine, le gouvernement a décidé d’alléger certaines mesures prises dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus. Parmi ces mesures, il y la levée du couvre-feu à Niamey et la réouverture des lieux de culte dans le pays. A la date du 21 mai 2020, 924 personnes ont été testées positives au coronavirus, 753 guéris et 60 décès.

Omar H. Saley, Sory Kondo, Augustin K. Fodou

*Réalisé avec le soutien du Programme Sahel de l’IMS, financé par DANIDA.

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