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Des drones dans le Sahara

Cet article est une traduction française d’un article publié en langue anglaise sur le média en ligne www.theintercept.com, par le journaliste Joe Penney. L’initiative de traduire cet article en français a pour fin de rendre l’article d’origine plus accessible à un public nigérien.

Une grande base de drones des Etats-Unis pourrait déstabiliser le Niger, et pourrait même être illégale selon la constitution du pays.

Vers la fin de la matinée du 4 octobre 2017, un convoi des forces spéciales militaires nigérienne et américaine composé de huit véhicules a quitté le village de Tongo Tongo. Slalomant entre les constructions en banco aux toits de chaume, ils ont subi une attaque d’une dizaine voire même une centaine d’éléments armés. Surpassés en nombre et en force, les Nigériens et Américains se sont dispersés pour se couvrir. Cette rapide mais violente attaque aura fait neuf morts dont cinq Nigériens et quatre Américains.

Ce tragique évènement fera la une des médias aux Etats-Unis et conduira à un affront entre la famille de l’une des victimes américaines et le Président Donald Trump, après des propos maladroits prononcés par celui-ci lors de sa présentation de condoléances. L’événement a aussi animé les discussions au Niger, non pas parce que des militaires américains étaient morts, mais surtout des interrogations quant à la présence des militaires américains sur le sol nigérien.

« J’ai été surpris quand il y a eu l’attaque de Tongo Tongo, et qu’on m’a dit que les Américains étaient morts, » m’a dit Soumana Sana, le champion de taekwondo et dirigeant d’un parti politique au parlement nigérien. « C’est là que moi j’ai su, en tant que Nigérien, en tant que député, représentant du peuple, qu’effectivement il existe bel et bien une base avec même des opérations du terrain. »

Même constat dans la rue, où Moussa, un vendeur ambulant s’est lui aussi dit « surpris », rajoutant que : « pour nous c’est vraiment une colonisation encore. » Craignant des représailles à cause son point de vue, il a refusé de donner son nom de famille.

Base à 720 km au nord-est de la capitale

En fait, les forces spéciales américaines sont au Niger depuis au moins 2013 et sont stationnées sur le territoire nigérien dans des bases opérationnelles accompagnées par les soldats d’élite nigériens. Ce qui s’est produit à Tongo Tongo n’est qu’un avant-goût des potentielles dissensions et de l’instabilité à venir, parce que la ‘pièce de résistance’ du déploiement militaire américain au Niger est une base de drones au coût estimé à 110 millions $ US, en construction à 720 km au nord-est de Niamey, dans la ville d’Agadez. Une ville historiquement connue pour avoir été un carrefour commercial dans le désert du Sahara, de par sa position joignant le Mali, l’Algérie, la Libye et le Tchad. En janvier, je suis monté à bord d’un vieillissant avion à destination de cette base, l’un des plus importants investissements américains en Afrique, dans une guerre obscure et coûteuse sur ce continent.

Le vol pour Agadez s’est effectué dans un Fokker 50, âgé de 30 ans et loué par Niger Airlines, à une compagnie aérienne palestinienne. Après deux escales à Zinder et Maradi, nous sommes arrivés à Agadez. Ses constructions rectangulaires et triangulaires, ainsi que ses ruelles poussiéreuses faisant penser à une mosaïque, sans oublier le beige rougeâtre du désert visible à perte vue.

Fin des travaux prévue cette année

Au sud-est de l’aéroport civil se trouve la base aérienne nigérienne 201, qui est comme disent les habitants la « base américaine ». Cette base dont la fin des travaux est attendue pour la fin 2018, est techniquement une propriété nigérienne, mais est dans les faits, financée, construite et exploitée par les Américains. Sa construction a lieu sur une terre auparavant utilisée par des éleveurs touaregs. Pour l’instant, n’a été complété qu’un hangar où les drones seront abrités, la piste d’atterrissage est toujours en construction et sont aussi visibles, des dizaines de structures où vivent et travaillent les militaires.

Le tarmac sera assez large pour accueillir l’avion de transport de type Boeing C-17, et des drones armés de types MQ-9 comme l’a révélé Nick Turse en 2016[1]. Un militaire nigérien connaissant la base 201 et qui a demandé l’anonymat, m’a dit que cette base sera utilisée pour surveiller les miliciens d’AQMI, Al Mourabitoun, le MUJAO, et la branche du groupe Etat islamique en Afrique, à savoir Boko Haram et la katiba d’Abou Walid. Les Etats-Unis exploitent déjà leurs drones à travers l’aéroport de Niamey. Les opérations seront déplacées à Agadez dès la fin des travaux.

Les forces spéciales américaines dites ‘Bérets Verts’ opèrent séparément de la base de drones sous exploitation de l’Air Force. Les Bérets Verts, eux, sont sur le terrain, entraînant les forces spéciales nigériennes, et opérant des missions de traques depuis leurs bases arrières de Ouallam[2] près de la frontière malienne, d’Aguelal non loin de la frontière algérienne, de Dirkou le long des routes de transport entre le Niger et la Libye, et enfin la base arrière de Diffa le long de la frontière nigériano-tchadienne. Un influent journaliste local les a vus à Dirkou, et j’ai eu à discuter avec quelqu’un qui a travaillé à la base d’Aguelal.

« (…) Il y a approximativement 800 membres du personnel du Département de la Défense (militaires, civils, et contractuels) qui travaillent actuellement au Niger… »

Demandé à confirmer la présence américaine dans ces parties du Niger, la porte-parole du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) Samantha Reho s’est exprimée en disant : « Je ne peux donner des détails sur les localisations de nos membres au Niger, à des fins de protection et de limitation pour la sécurité opérationnelle. Cependant, je peux confirmer qu’il y a approximativement 800 membres du personnel du Département de la Défense (militaires, civils, et contractuels) qui travaillent actuellement au Niger, faisant de ce pays, la seconde concentration de personnels du DoD à travers le contient. Le premier pays étant le Djibouti avec la force opérationnelle conjointe de la Corne de l’Afrique. »

L’armée Américaine n’est qu’une parmi d’autres armées occidentales, qui ont récemment établi et renforcé leurs liens militaires avec le Niger. La France y a des soldats depuis 2013, suite au lancement de l’Opération Serval dans le Mali voisin. En 2015, la France a réouvert le fort colonial de Madama, riverain avec la frontière libyenne. Inimaginable au temps de Mouammar Kadhafi, le « guide » libyen avait établi une sphère d’influence dans la région qui aurait été incompatible avec une présence militaire française. L’Allemagne a envoyé ses troupes au Niger[3] dans le but de soutenir la MINUSMA[4], et la chancelière Angela Merkel a même visité le Niger en 2017. L’Italie a aussi récemment annoncé[5] qu’elle enverrait 470 troupes vers une base française au Niger, pour combattre les trafiquants de migrants.

J’ai essayé de saisir ce que les Nigériens pensent des drones qui bientôt rôderont au-dessus d’eux. Après tout, la nouvelle base de drones reste le plus grand investissement en base militaire dans la région, et le début d’une implication Occidentale sans précédent. Après quelques jours passés à Agadez discutant avec les locaux, j’en ai conclu que le sujet était tabou, et que très peu de gens voulaient exprimer leurs préoccupations de peur d’être indexé d’avoir critiqué l’administration nigérienne actuelle.

J’ai visité une école à Agadez, et le directeur, extrêmement gêné par ma présence, m’a isolé dans une salle et a refusé de donner son nom. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas avoir une opinion sur les Américains, puisqu’il ne savait pas le pourquoi de leur présence. Durant mes deux semaines au Niger, j’ai entendu des théories selon lesquelles les Américains formeraient eux-mêmes les terroristes, creuseraient de l’or, ou qu’ils en seraient après l’uranium, le pétrole, voir même les ressources aquifères sous le Sahara. Excepté le gouvernement nigérien, personne d’autre ne semble croire que la présence américaine soit liée à la sécurité.

La base reste un mystère pour une raison. L’AFRICOM, une division du département de défense qui supervise les opérations militaires en Afrique, s’est seulement ouverte à un média, à savoir CNN[6], et m’a fermée les portes durant mon voyage de reportage.

Le bureau des affaires publiques de l’Ambassade des Etats-Unis au Niger, a refusé mes demandes d’interview, arguant qu’ils étaient en sous-effectif à cause du ‘shutdown’ que le gouvernement américain a connu fin janvier 2018.

L’AFRICOM est connu pour être fermée aux journalistes. Un journaliste de The Intercept n’a pas eu de permission pour visiter une autre base de drone au Cameroun[7]. Et les Camerounais étaient tout aussi méfiants à aborder et critiquer le sujet. Ceci souligne un fait international, à savoir que : les drones américains en Afrique n’ont pas renforcé la sécurité. Ils sont le plus souvent une source de peur.

La base d’Agadez a une superficie d’environ 600 hectares même si la majorité du terrain reste inexploitée. Les troupes américaines patrouillent autour du périmètre de la base, selon le chef d’un village voisin. La base est dissimulée par un mur de 3 mètres avec barbelés et sacs de sable qui la sépare de l’agglomération des 125000 âmes qu’est Agadez. Malgré la présence d’une centaine d’Américains, il est difficile d’être au fait de cette présence. Les gouvernements nigérien et américain préfèrent que ça reste ainsi.

Une base légale ?

Une question inhabituelle parcourt le Niger. La base américaine est-elle légale ? Des activistes, avocats et opposants politiques disent qu’elle ne l’est pas, et qu’il s’agit d’une violation des articles 169 et 66 de la Constitution nigérienne. Ces articles proclament que les traités de défense requièrent une approbation du parlement, ce qui n’a jamais eu lieu. Et que la défense du Niger est réservée aux seules forces armées nigériennes, donc inaccessible aux forces étrangères. Dans un entretien, l’opposant et membre du parlement Soumana Sanda m’a affirmé le soutien de son parti, Moden Lumana à la présence militaire américaine dans son pays, mais que, « ce n’est pas parce que chez nous au Niger on ne respecte pas la démocratie et l’état de droit qu’il faut entrainer les grandes nations de démocratie à aussi être dans l’illégalité. »

La défense de la légalité de la base par le gouvernement nigérien varie souvent. Le ministre de l’intérieur, Mohamed Bazoum, a dit en janvier durant son discours[8] pour le 27e anniversaire du parti politique au pouvoir, que parce que les parlements américain et français n’avaient pas débattu des bases, le Niger ne devrait pas le faire non plus. « Les protocoles signés ne sont pas des traités de défense. S’ils en étaient, ils le seraient pour nos partenaires aussi » a dit Bazoum devant une foule de cadres habillés en rose, la couleur propre au parti.

J’ai montré l’accord entre les Etats-Unis et le Niger, qui est disponible au public sur le site internet du Département d’Etat[9], à Soumana Sanda, au ministre de la Justice Marou Amadou, à un éminent constitutionnaliste, membre de la Cour constitutionnelle du Niger, ainsi qu’à un dirigeant d’une ONG. Aucun d’eux n’avait jamais vu le document et tous étaient surpris qu’il soit accessible en ligne. À la lecture d’un extrait de l’accord pour Monsieur Sanda, extrait qui statue que « les parties renoncent à toute réclamation (autre que des réclamations contractuelles) pour dommage, perte ou destruction des biens de l’autre, blessure ou décès du personnel des forces armées de l’une des Parties, ou de leur personnel civil résultant de l’exécution de leurs fonctions officielles dans le cadre des activités prévues par le présent accord ». Celui-ci était surpris, « je n’étais point au courant de tout ceci » a-t-il répondu. Ajoutant aussi, « aujourd’hui, je comprends un peu plus » par rapport aux conditions de l’engagement américain. La base est rarement relatée par les médias nigériens, et la plupart de ceux qui étaient au courant avant le drame de Tongo Tongo l’avaient appris à travers les médias occidentaux.

La division autour de la base et de son intérêt pour le Niger tend à se dissiper plus on est proche de la structure du pouvoir. À l’exemple de mon entretien à Niamey avec le Général de Brigade Mahamadou Abou Tarka, dont le beau-frère, Ahmed Mohamed, a récemment été nommé Chef d’Etat-Major des Armées. Tarka est à la tête d’un fond pour la paix au nord du pays, monté par la présidence et dont le budget est de 600 millions $US. Celui-ci a balayé les questions sur le glissement de la mission américaine. Avant d’être escorté de son bureau climatisé à sa berline noire, Tarka m’a confié que le gouvernement n’avait pas eu à passer par le Parlement parce que : « nous n’avons pas déclaré la guerre, donc le pouvoir exécutif considère qu’il agit dans son champ de pouvoir en augmentant la capacité militaire de son armée, en impliquant les alliés. »

Tout membre du Parlement peut demander des questions par rapport à la base, et un dixième du parlement peut faire une saisine. Il y’a plus qu’assez de députés de l’opposition pour le faire, mais ils ne l’ont pas fait. Sahirou Youssoufou, journaliste et éditeur en chef du journal L’événement, a dit que c’est parce qu’à la fin de la journée, l’opposition fait valoir des bonnes relations avec les Américains, au dépend de la loi constitutionnelle. « C’est des calculs politiques, il ne faut pas que quand ils arrivent au pouvoir ils ont tous ces partenaires là au dos, et que leurs rapports soient entachés », a rajouté Youssoufou.

L’ironie est que la présence américaine censée rendre le pays plus stable, est passée par une manœuvre violant la Constitution, ce qui sape le processus démocratique déjà fragile.

Entre temps les scènes des militaires blancs dans le désert animent l’imagination des locaux, ainsi que leurs conversations WhatsApp. Les forces spéciales américaines semblent impliquées dans des vastes opérations qui vont au-delà de leur mandat de former les soldats nigériens. Tongo Tongo n’est pas le seul exemple qui génère beaucoup de confusion, même entre le gouvernement et les militaires nigériens.

Par exemple, durant une récente après-midi, le journaliste local Ibrahim Manzo Diallo a reçu la vidéo d’une femme touarègue et de ses deux jeunes enfants dans des buissons. Elle racontait comment des soldats nigériens et d’autres blancs avaient enlevé son mari ainsi que ses amis, durant leur campement dans une tente nomade en dehors d’Arlit, au nord d’Agadez.

Interpellés par cet incident, Diallo et moi avons appelé le préfet local, Aghali Hamadil, qui a affirmé qu’une patrouille conjointe d’Américains et Nigériens avait pris d’assaut un campement touareg, menant à une détention de quatre individus qui ont depuis lors été envoyés à Niamey. Lorsque j’ai demandé à Marou Amadou, ministre de la Justice, de confirmer la véracité de ces faits, il l’a lui aussi affirmé. « Oui, c’est les Américains… c’est Goumour qu’ils cherchaient en fait » a-t-il dit, faisant référence à Goumour Bidika, qui est le ‘principal intermédiaire’ pour les trafiquants de stupéfiants et terroristes dans la région d’Agadez, selon un commandant nigérien, au courant de l’opération.

Mais ce commandant a aussi dit que les Américains n’avaient pas participé à l’opération en soi, la femme dans la vidéo qui dit avoir vu des soldats blancs les aurait probablement vus à la base Américaine d’Aguelal où les Touaregs captifs étaient détenus. Le commandant qui a exigé l’anonymat parce qu’il n’est pas autorisé à parler à la presse, a dit que Bidika était en communication avec des terroristes qui étaient eux-mêmes traqués, il s’est échappé durant un raid ; quatre de ses lieutenants étaient détenus à Aguelal et ont été envoyés à une prison de Niamey.

Aguelal, à l’est d’Arlit, est proche de la frontière algérienne, et la base secrète américaine y est nouvelle. Son existence a été partiellement confirmée en février, par inadvertance, grâce à Strava, une application de fitness, utilisée surtout par des occidentaux, et qui avait dévoilé des données de localisation, montrant les mouvements de ses utilisateurs, des données[10] inhabituelles dans le lointain Aguelal.

Jointe par email après l’opération, Reho, la porte-parole d’AFRICOM, a dit que « Les forces américaines n’avaient été impliquées dans aucune arrestation dans la région au cours de la semaine passée ».

Agadez, carrefour migratoire

Après les bombardements de la Libye par l’OTAN en 2011 et la chute de Kadhafi qui s’en est suivie, Agadez s’est démarqué comme un important carrefour de la migration des Africains vers l’Europe, une tendance qui a stimulé l’activité économique tant attendue. Cependant la relance économique bâtie sur les migrations a été étouffée durant les dernières années par l’activité de la police et l’armée nigérienne dans la zone, et l’arrivée des forces américaines à Agadez ne va pas aider.

La jeunesse de toute part en Afrique de l’Ouest prend des bus pour Agadez, et de là paie des centaines de dollars pour trouver une place au-dessus des bidons d’eau jaunâtres à l’arrière des Toyota Hilux, s’accrochant à des bouts de bois pour ne pas tomber, durant le trajet dans le désert pour entrer en Libye, une des étapes vers leur destination qu’est l’Europe. Jusqu’en 2015, ces véhicules transportant les migrants étaient accompagnés par des convois de l’armée nigérienne pour assurer la sécurité, moyennant un bakchich pour les officiers nigériens stationnés à des postes de contrôle.

Agadez dépendait de cette industrie grâce aux revenus qu’en tirait sa population, et les autorités profitaient des pots-de-vin[11] dont les migrants devaient s’acquitter. Les choses commencèrent à changer lorsque la ville a attiré l’attention des médias. L’Union européenne a tenu un sommet avec les Nations africaines à la Valette, capitale Maltaise, décidant[12] de « mettre en place une commission d’enquête conjointe au Niger, sur le trafic illicite de migrants. »

En 2015, le gouvernement Nigérien a fait voter une loi visant les contrebandiers et les trafiquants d’êtres humains[13]. Avec le soutien de l’Union européenne, dès 2016, le gouvernement nigérien a commencé à arrêter des chauffeurs des migrants, et à saisir leurs véhicules. Des patrouilles ont aussi été menées dans le désert pour tenter d’empêcher les convois d’atteindre la Libye. « De l’avis général, l’adoption de cette loi a été motivée par le fait que les législateurs et gouvernants européens se soient rendus au Niger, disant qu’une loi contre les contrebandiers de migrants devait exister dans les textes nigériens,’ » a dit le journaliste et chercheur Peter Tinti, qui a co-écrit un livre sur l’immigration au Sahel.

Encore une fois, les gouvernements occidentaux pousseraient le gouvernement nigérien à s’engager dans une activité légalement douteuse. En effet selon la loi nigérienne, tous les citoyens d’Afrique de l’Ouest jouissent d’une liberté de mouvement à travers le Niger jusqu’à atteindre la frontière libyenne. Par conséquent, parce que le trafic ne viole la loi que si une personne est transportée contre son gré, la seule infraction pouvant être poursuivie est l’entrée en Libye sans visa. Mais depuis 2011, le gouvernement central libyen reconnu par les Nations-Unies ne contrôle pas sa frontière avec le Niger, et les milices qui contrôlent les villes du sud libyen demandent de l’argent pas des visas, selon le transporteur de migrant Bachir Amma. Donc l’Union européenne essaie d’arrêter un flux de migrants qui ne semble enfreindre aucune loi nigérienne.

Leurs véhicules saisis, les chauffeurs de migrants sont désormais sans travail. Et le gouvernement nigérien semble indifférent. Durant un entretien dans son bureau à Niamey, le ministre de la Justice Marou Amadou s’est amusé des peines de Mohamed Anacko, le président du Conseil Régional d’Agadez. « Anacko, tous les jours il pleurniche : a dit Amadou. « Anacko, tu as beau pleurnicher, pour moi il faut que les procès se fassent, » faisant référence aux rafles de la police contre les trafiquants de migrants.

L’Union européenne a promis de l’argent aux personnes ayant été impliquées dans le transport de migrants, pour qu’ils puissent se lancer dans d’autres activités, mais « Ceux-ci sont de plus en plus frustrés » selon un rapport[14] de l’institut Clingendael aux Pays-Bas. Le transporteur de migrants Barchir Amma a dit que 6550 personnes déclarées comme des anciens de l’industrie migratoire, y compris lui-même, il devait recevoir une subvention de 2800 $ pour lancer un restaurant à Agadez il y’a six mois, mais il n’a toujours pas vu cet argent. Le gouvernement nigérien a aussi mis fin aux activités d’une mine populaire[15] dans le nord du pays pour des raisons opaques, aggravant la situation économique.

La réponse européenne a été d’augmenter le nombre de ses soldats dans le pays. Les italiens ont ouvert une ambassade au Niger en janvier 2018, peu de temps après avoir annoncé qu’ils enverraient des troupes au nord du pays pour combattre les migrations. C’est un autre signe qui montre que les gouvernements européens ont distinctement décidé de ne pas dépendre du bloc de l’Union européenne pour défendre leurs frontières. En 2017, le Ministre Italien de l’Intérieur Marco Minniti a conclu des accords avec les chefs des tribus du sud Libyen dans une tentative de juguler les migrations avant une traversée de la Méditerranée, ce qui revient à pousser la frontière Sud de l’Europe dans le Sahara.

La base américaine d’Agadez ne va probablement pas non plus apporter un répit à la région. Malgré le coût de 100 millions $ US pour la construction et des coûts annuels d’opération à 15 millions $ US, très peu de cet argent ira dans l’économie locale. Un jeune homme qui a travaillé dans une cafétéria de la base m’a montré le contrat qu’il a signé avec le gérant de cette cafétéria, Sakom. Il était rémunéré à peine 1,20 $ US (578 FCFA) par heure, un salaire faible au Niger, de plus il n’avait qu’un jour de repos toutes les deux semaines, travaillant 12 heures par jour. Alors que la plupart des denrées alimentaires, les quelques fruits et légumes sont importés de l’étranger. En conduisant autour du périmètre de la base avec mon collègue Diallo, un véhicule de la Sakom sécurité nous a pris en filature, le représentant de la Sakom à Agadez a décliné tout entretien pour cet article.

Les Américains ont fait peu pour aider les gens à Agadez, autre que tenir des ateliers tout aussi inefficaces. Zara Ibrahim, dirigeante d’une association des Femmes contre la Guerre à Agadez, a participé à un atelier dans lequel des soldats américains démontrés à un groupe de mères comment brosser leurs dents. En dépit du fait que personne dans cette salle n’avait besoin d’apprendre comment se brosser les dents, plus de 60 femmes étaient présentes, m’a dit Ibrahim, assis sur une natte dans le local de l’association. Un vent fort a soulevé du sable dehors, et les passants ont protégé leurs visages avec leurs coudes. « Il y a des femmes qui sont venues, ‘ah il y a des blancs qui sont là,’ c’est des Américains… il y a eu aussi l’esprit qu’elles pensent avoir quelque chose » a-t-elle expliqué. « Il y en a qui nous ont amenés [les brosses] ici pour dire qu’elles préfèrent un sac de 50 kilos de riz par rapport à des brosses, » a-t-elle ajouté.

D’autres ateliers incluaient des manuels sur comment se laver les mains, et sur les infections sexuellement transmissibles, pendant que d’autres soldats faisaient des dons de bancs et cahiers à une école locale. Certains locaux apprécient le contact, mais ça n’a pas apporté une aide convenable. Ibrahim ne comprend pas pourquoi le gouvernement local n’a jamais apporté une explication quant à la présence des Américains à Agadez, arguant que ce manque de communication nourrit les théories conspirationnistes, et que les conséquences politiques peuvent être mauvaises. « On aurait dû sensibiliser la population d’Agadez, et la sensibilisation est très facile, » a dit Ibrahim, ajoutant : « il y’a l’exemple concret, le cas du Mali est édifiant » de ce qui advient lorsque la population est maintenue dans l’ignorance. En 2012, des rebelles et groupes djihadistes alliés avec Al Qaeda ont pris le contrôle du nord du Mali suite à une rébellion touarègue. Comme le dit Ibrahim, au nord du Mali, « un bon matin ils se sont retrouvés sous occupation. » Les djihadistes ont occupé les trois régions du nord Mali pendant 9 mois, jusqu’à ce que les armées française, tchadienne et malienne, les repoussent hors des villes vers le désert.

En restant derrière leurs murs barbelés sans soutenir l’économie d’Agadez, les Américains risquent de déstabiliser la région.

Mahamadou Issoufou, est le président du Niger. Au pouvoir depuis 6 ans, il a adopté une stratégie claire pour garder le contrôle des choses, s’alignant aux côtés de l’Europe et des Etats-Unis, tout en commandant le system électoral que ses opposants décrivent comme truqué. Ce n’est pas une recette de stabilité dans un pays qui n’en a pas beaucoup connu depuis son indépendance en 1960.

Issoufou est un ingénieur et ancien secrétaire général de la Somaïr, une société des mines d’uranium qui est sous contrôle d’Areva. Avant les migrations et le terrorisme, l’uranium était le principal intérêt de l’occident dans le pays, surtout pour les Français. L’électricité française est fournie principalement par le nucléaire, et les concessions d’Areva au Niger apportent un-cinquième de l’uranium nécessaire. Le prédécesseur d’Issoufou, Mamadou Tandja, s’était disputé avec les Français à cause de l’uranium, et en 2009, le président français Nicolas Sarkozy a visité le Niger[16] pour négocier un accord sur l’ouverture d’une nouvelle mine, celle d’Imouraren. Après un accord estimé à 1,2 milliard $[17], Tandja a essayé de changer la constitution afin de se maintenir au pouvoir pour un troisième mandat, mais suite à des manifestations, un groupe d’officiers de l’armée a fait un coup d’Etat

À la fin de la période de transition avec l’élection d’Issoufou en 2011, la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon a fait chuter les prix de l’uranium. Areva a abandonné son projet pour Imouraren, et Issoufou a consenti au plan de la firme française[18] visant à retarder des projets jusqu’à la remontée des prix, pénalisant la croissance économique du pays. Cependant Issoufou est vite devenu le chéri des donateurs occidentaux et a découvert que plus il était proche de la France et de l’Occident, le mieux serait son image et plus forte serait son emprise sur le pouvoir.

Issoufou a sévèrement été critiqué[19] pour s’être rendu à Paris pour participer à la marche « Je Suis Charlie » en janvier 2015, et certaines organisations des droits de l’Homme le voit comme un valet de l’Occident. Il travaille avec Image Sept[20], une firme française proche de l’élite politique parisienne, pour gérer son image.

Quelques mois avant sa réélection de 2016, Issoufou a fait emprisonner son principal rival politique et ancien allié, Hama Amadou du parti Moden Lumana. Amadou a été accusé de trafic de bébés du Nigeria, une accusation qu’Amadou a toujours niée, mais les observateurs politiques du pays émettent des doutes quant à sa défense. Son parti a boycotté les élections, mais est quand même arrivé second, derrière les 92% des suffrages obtenus par Issoufou. La coalition de l’opposition a qualifié cette élection de « comédie[21], » tandis que l’Union européenne n’a pas envoyé une mission d’observateurs, ce qui est rare en Afrique de l’Ouest. Amadou s’est aujourd’hui réfugié en France, après sa remise en liberté provisoire pour des raisons médicales.

Issoufou a pris des décisions pro-occidentales sans précédent sur un nombre d’enjeux importants. Il a autorisé la rapide expansion des troupes française et américaine, et a ouvert le pays aux soldats Allemands et Italiens. Il a combattu les migrations à la demande de l’Europe, mais aux dépens des intérêts économiques de son pays. Il a été récompensé pour ses efforts par le Président français Emmanuel Macron, qui lors de sa récente visite au Niger a loué Issoufou comme étant « un exemple » de démocratie. Et Issoufou a aussi distingué ceux de son administration qui appuient sa vision : quelques jours après notre entretien, Issoufou a promu Mahamadou Abou Tarka de Colonel-Major à Général de Brigade[22].

Amadou, le ministre de la Justice, dit que la véritable raison de contestation de l’opposition par rapport aux soldats étrangers au Niger est à des fins de « démoraliser nos troupes. » « C’est de dire aux militaires, ces gens là ils n’ont aucun respect pour vous, ils amènent des nombreuses bases chez vous, il faut les renverser pour restaurer votre dignité. En disant ça, c’est des appels au coup d’état. »

Son téléphone a commencé à vibrer, et il a mis une pause à notre entretien. C’était son excellence, le nouvel ambassadeur italien, et l’humeur d’Amadou s’est enchanté. « Bonne et heureuse année. … Pour le magistrat, oui ? … Je le connais très bien. … ça sera dans quel domaine?… ce serait bien qu’on se voit en début de semaine prochaine, » a-t-il dit à l’ambassadeur.

Amadou a raison de craindre un coup d’état. En 2010, il était un membre influent de la société civile opposante à Tandja, le président d’alors, et il a soutenu le coup d’état[23] qui a renversé Tandja en février de cette même année. Amadou a été nommé président du conseil consultatif national par la junte militaire, et son aide à la mise en œuvre des élections dont Issoufou est sorti vainqueur, a été récompensée par un poste de ministre de la Justice. Il a occupé la fonction depuis lors. Durant ses huit années en tant que garde des Sceaux, il n’a poursuivi en justice aucun des participants au coup de 2010 pour aucune bavure, malgré une corruption pourtant rapportée par Transparency International[24]. Mais aussi parce que lorsqu’Amadou était à la tête du conseil consultatif national en 2010, il a permis de faire passer une nouvelle constitution garantissant l’amnistie pour les responsables du coup d’état ainsi que leurs complices. Tandis qu’un nombre de soldats ont été arrêtés et condamnés[25] pour la préparation d’un coup d’état contre Issoufou.

En tant que région, l’Afrique de l’Ouest n’est pas étrangère aux prises de pouvoir militaires. Dans le Burkina Faso voisin, l’élite de la garde présidentielle entraînée par les Américains, a fait une tentative de coup d’état en 2015, tandis qu’au Mali, le capitaine Sanogo, lui aussi entraîné par les Américains a fait un coup d’état déstabilisant le pays en 2012. Le Niger a quant à lui connu quatre coups d’état depuis 1960.

Beaucoup de ceux à qui j’ai parlé au Niger ont l’impression que l’autonomie de leur pays a été dérobée par les Occidentaux. « La réalité est que le Niger n’est pas à un stade où il peut dire oui ou non aux Français ou Américains. … On a la souveraineté seulement sur le papier », a dit Djibril Abarché, président de l’Association Nigérienne des Droits de l’Homme. Quand j’ai demandé Amadou, le ministre de la Justice, si son pays aurait effectivement remis le commandement de son pays aux Occidentaux, il a rechigné et expliqué que les Américains « ne donnent pas d’ordres à nos généraux, ils donnent des ordres à nos soldats. »

Des interrogations

La présence américaine améliore-t-elle la sécurité d’une quelconque façon ? Sujet à débat. « S’il y avait des voleurs qui venaient, et pour empêcher des voleurs j’ai mis les vigiles. Et avec tout ça les voleurs rentrent chez moi, est-ce que ça vaut la peine ces vigiles ? » a demandé le secrétaire général de l’Université Islamique du Niger, Seydou Boubacar Touré. « On a la base américaine, la base française, mais Boko Haram continue à nous tuer… ils n’ont pas leur utilité d’être au Niger. » Les attaques le long de la frontière avec le Mali et dans le sud-est à la frontière avec le Nigeria sont fréquentes depuis des années. Durant mon séjour au Niger, une attaque de Boko Haram à Diffa a tué sept soldats Nigériens et blessé 25[26].

Selon l’AFRICOM, basée en Allemagne, « Les forces Etats-uniennes sont au Niger pour travailler à côté, avec et à travers les partenaires nigériens afin de promouvoir la stabilité et la sécurité tout en les habilitant à répondre aux menaces sécuritaires. » Le mot « à travers » reste un mystère. Juste avant la mission désastreuse à Tongo Tongo, les Etats-Unis avaient dit que leurs troupes étaient uniquement dans un rôle de conseiller. C’est un rôle étrange. « C’est une mission de formation » a dit le Général Mahamadou Abou Tarka, par rapport à Tongo Tongo. Les Américains « entraînaient les forces spéciales Nigériennes dans cette zone. Il s’est apparu que ces forces ont reçu une mission pour aller capturer un terroriste, » a-t-il ajouté.

L’embuscade de Tongo Tongo est instructive car, selon des soldats nigériens, les Américains en charge de la mission n’ont pas suivi les conseils des Nigériens. Les soldats avaient passé les jours précédents à la traque de Doundoun Cheffou, qui a des liens avec Abu Walid le chef d’une milice, dans un village appelé Akaba de l’autre côté de la frontière au Mali. A la place de Cheffou, les soldats ont trouvé de la nourriture et d’autres biens indiquant que lui et ses hommes étaient dans la zone.

Plutôt que de retourner à leur base nigérienne de Ouallam, ils ont continué leurs recherches, à la nuit tombée, ils ont monté un campement à 5 kilomètres de Tongo Tongo, où le chef du village est connu pour ses fausses alertes. En passant la nuit dans la zone frontalière, ils ont augmenté les risques auxquels ils ont fait face.
Il se dit une sorte de compétition entre les militaires français et américains, chacun prenant des missions risquées dans le but de justifier sa présence au Niger. Cependant, Andrew Lebovich, un spécialiste du Sahel, membre du Conseil européen sur les relations étrangères, a dit que, « Ce n’est pas vraiment une compétition, tant que les deux ont des priorités et désirent travailler avec le gouvernement nigérien. Parfois ces priorités peuvent se chevaucher ou non. »

« Je dis non aux Américains chaque jour »

C’est précisément cette logique qui est si dangereuse : Les troupes américaines sont déployées dans un rôle de conseils et d’entraînement. Mais une fois sur le terrain, il y a une tendance à pousser pour plus d’activités et d’engagements, et les Nigériens doivent constamment faire des rappels à l’ordre. Un officier nigérien avec une connaissance de la base d’Agadez, ayant requis l’anonymat a dit que ce que les Américains peuvent ou ne peuvent pas faire est discuté quotidiennement. « Je dis non aux Américains chaque jour, » a-t-il indiqué.

Les risques que prennent les Américains résultent d’erreurs, et ces erreurs, ne mènent pas à une reconsidération du risque mais à son intensification. Après Tongo Tongo, par exemple, le Niger a autorisé l’Amérique[27] à armer ses drones dans le pays, parce qu’il est rapporté [28] que les missions sur le terrain feraient désormais face à plus de surveillance.

Assis dans le salon de sa maison à Agadez avec sa jeune fille, Abbas Yahaya, un éminent Imam, m’a dit qu’il est préoccupé par les drones qui ne feront peut-être pas la différence entre les miliciens et les convois ordinaires dans le désert qui sont aussi souvent armés pour se protéger contre la criminalité. « Un drone est piloté par des personnes dans une base militaire en Amérique, et qui font souvent des erreurs en tuant des innocents, » a-t-il dit. « Tout ceci n’arrangera rien ; ça créera beaucoup plus d’insécurité. »

En effet, si une poignée de Bérets Verts peuvent mener une mission bâclée qui conduit à une intensification du conflit, que se passera-t-il si 2000 à 3000 soldats Américains opèrent sur une base avec des drones armés et sans avoir de comptes à rendre au public ?

J’ai le sentiment qu’Agadez était à une ou deux erreurs, proche d’un changement radical qui rendrait l’armée américaine cible d’une forte hostilité. Les drones armés sont un ennui[29] partout où les Etats-Unis les utilisent, mais au Niger, la base américaine est dans une ville importante non loin des cibles potentielles pour les drones. Jugeant de la confidentialité entretenue et du manque de confiance jusqu’à présent, il n’est pas difficile d’entrevoir un futur dans lequel une frappe de drone qui dévie de sa trajectoire initiale cause la population d’Agadez à se retourner contre la base.

Les Américains n’ont même pas besoin de faire une erreur pour avoir des ennuis. Les forces militaires italienne, allemande et française sont actives dans le pays, et si une d’entre elles commet une erreur, elles deviendront toutes les cibles des représailles. Et les deux missions dans lesquelles les Occidentaux sont engagés, à savoir contre les migrations et contre le terrorisme sont incompatibles, comme Anacko, le président du Conseil régional d’Agadez, essaie de l’expliquer au reste du Monde.

Anacko est pratiquement une institution à Agadez : Tout le monde le connaît et il connaît tout le monde. Il a passé les quelques dernières années essayant de persuader le gouvernement à Niamey et l’Union européenne que leurs mesures anti-migrants sont entrain d’augmenter le chômage des jeunes ainsi que les rancœurs envers « l’Occident » à un moment où les armées occidentales agrandissent leur présence sur le terrain. Comme il le dit, on peut mettre un terme soit aux migrations ou soit au terrorisme, mais pas les deux à la fois.

Quand j’ai rencontré Anacko, il était en réunion avec les dirigeants d’autres Conseils Régionaux à son second bureau à Niamey, en face du stade national de football. Je lui ai demandé sa vision du futur du Niger. « Dans les cinq ans, peut-être tu vas me retrouver dans les montagnes, je suis un terroriste », a-t-il répondu, épanchant la cendre de sa cigarette dans un gobelet bleu déteint par une ampoule fluorescente au-dessus. Je ne pourrais pas dire s’il était sérieux, ou s’il avait répondu à assez de questions du journaliste occidental et des chercheurs occidentaux qu’il savait si bien captiver. « Tu vas venir m’interviewer dans les montagnes ? » a-t-il demandé en riant.

Un coup sur la porte a signalé la fin de l’interview. À sortie du service, il est passé à côté d’un autocollant sur lequel était écrit « Avec le soutien du Fonds Suisse de Coopération » et il a ensuite rejoint son chauffeur dans la Toyota Hilux pick-up dans laquelle il est entré. Je suis reparti avec mon collègue Omar Saley, passé les étals de vente des fruits et passé la fumée des grillades de viandes aux abords de la route, qui s’est incrustée dans notre voiture par une fraîche et humide nuit. Nous avions atteint le pont Kennedy au centre de Niamey lorsque nous avons encore aperçu Anacko dans son véhicule, allant vers une réunion dans un des hôtels de Niamey. Au virage de son véhicule, j’ai réaperçu un autocollant avec les mots « Avec le soutien de l’Union européenne. »

Article de Joe Penney, traduit par Egide Mugande.

 

[1] https://theintercept.com/2016/09/29/u-s-military-is-building-a-100-million-drone-base-in-africa/

[2] https://theintercept.com/2017/10/26/its-not-just-niger-u-s-military-activity-is-a-recruiting-tool-for-terror-groups-across-west-africa/

[3] https://apnews.com/bf95c407e5e04167ac2dac2303f934db/niger-says-germany-can-build-military-logistics-base-there

[4] Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali.

[5] https://www.reuters.com/article/us-italy-defence-niger/italy-aims-to-send-up-to-470-troops-to-niger-to-curb-people-smuggling-idUSKBN1EM1WM

[6] https://edition.cnn.com/videos/world/2017/07/20/agadez-crossroads-of-despair-damon-lon-orig.cnn

[7] https://theintercept.com/2016/02/25/us-extends-drone-war-deeper-into-africa-with-secretive-base/

[8] https://www.nigerdiaspora.net/index.php/politique-niger/3008-27eme-anniversaire-du-pnds-tarayya-discours-du-president-mohamed-bazoum

[9] https://www.state.gov/documents/organization/205314.pdf

[10] https://www.tsa-algerie.com/une-application-de-jogging-inquiete-les-armees-occidentales/

[11] https://af.reuters.com/article/commoditiesNews/idAFL3N0O066C20140515

[12] http://www.consilium.europa.eu/media/21839/action_plan_en.pdf

[13] www.unodc.org/res/cld/document/ner/2015/loi_relative_au_trafic_illicite_de_migrants_html/Loi_N2015-36_relative_au_trafic_illicite_de_migrants.pdf

[14] https://www.clingendael.org/sites/default/files/2018-01/PB_Why_securitising_Sahel_won%27t_stop_migration.pdf

[15] https://sahelien.com/niger-le-site-aurifere-du-djado-sera-temporairement-ferme/

[16] https://www.youtube.com/watch?v=9EcyAwuvR84

[17] https://www.reuters.com/article/ozatp-niger-constitution-20090508-idAFJOE5470GU20090508

[18] https://www.reuters.com/article/areva-niger/update-3-areva-signs-uranium-deal-with-niger-delays-new-mine-idUSL6N0OC2TB20140526?feedType=RSS

[19] https://www.theguardian.com/world/2015/jan/17/niger-protesters-burn-churches-charlie-hebdo-protest

[20] http://www.image7.fr/en/clients/our-clients/

[21] https://www.reuters.com/article/us-niger-election/boycott-helps-niger-president-issoufou-win-re-election-idUSKCN0WO0ZN

[22] http://news.aniamey.com/h/83376.html

[23] http://www.nytimes.com/2010/02/22/world/africa/22niger.html

[24] https://www.transparency.org/whatwedo/answer/niger_overview_of_corruption_and_anti_corruption

[25] https://www.news24.com/Africa/News/niger-prosecutors-seek-up-to-20-years-for-coup-plotters-20180126

[26] https://sahelien.com/niger-attaque-meurtriere-contre-un-camp-de-larmee-a-diffa/

[27] https://www.nytimes.com/2017/11/30/us/politics/pentagon-niger-drones.html

[28] https://www.nytimes.com/2018/02/09/us/politics/american-soldiers-killed-niger-investigation.html

[29] https://theintercept.com/drone-papers/