Les organisations faîtières de la presse dénoncent la violation de la liberté d’expression et de la presse par le gouvernement qui a décrété le vendredi dernier l’état d’urgence pour faire face à la 2e vague de Covid-19. Au cours d’une conférence de presse, le dimanche 20 décembre, elles ont annoncé l’organisation d’une journée d’action des médias pour exiger le respect de la liberté de la presse.
Dans le décret portant l’application de l’état d’urgence, le gouvernement rappelle que les autorités administratives compétentes sont habilitées à prendre toutes les mesures appropriées pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature. Ce passage crée la frustration, l’incompréhension et l’inquiétude chez les organisations faitières de la presse qui dénoncent une atteinte à la liberté d’expression.
« En quoi la lutte contre la maladie à coronavirus peut donner droit au contrôle du contenu médiatique ? Nous ne comprenons pas. La méfiance qui existe actuellement doit obliger les uns et les autres à s’interroger sur l’opportunité d’un rappel de restriction par rapport aux libertés en général et de la liberté de la presse en particulier », a souligné Bandjougou Danté, président de l’Union des radios et télévisions libres du Mali (URTEL).
Dans la foulée, les présidents des organisations faitières annoncent l’organisation d’une journée de manifestation dans les prochains jours pour exiger le renforcement de la liberté de la presse avec de nouvelles lois. « Nous sommes l’un des rares pays qui n’a pas encore dépénalisé les délits de presse. Nous voulons dépénaliser les délits de presse. Nous voulons avoir une nouvelle loi pour l’accès à l’information, pour que chaque journaliste puisse accéder à toute information utile, à la manifestation de la vérité. Nous sommes assez mobilisés pour que cette occasion pour la presse d’avoir les meilleurs textes et les meilleures conditions de travail », a précisé Dramane Aliou Koné, président de la Maison de la presse.
Quelques heures après la conférence des faîtières de la presse, le ministère de l’Administration territoriale, chargé de l’application de l’état d’urgence est revenu à la charge. Dans un communiqué, le secrétaire général du ministère affirme que l’instruction du 18 décembre 2020 se fait sur la base des dispositions de la Loi n°2017-055 du 6 novembre relative à l’état d’urgence. « Le ministère l’Administration territoriale et de la Décentralisation rassure que l’instruction relative à l’état d’urgence ne vise nullement à remettre en cause quelque liberté que ce soit. Elle n’a pas vocation à prescrire des mesures nouvelles et ne fait que rappeler les dispositions des lois et règlement », a souligné Adama Sissouma, secrétaire général du ministère.
Une rencontre est prévu le lundi 21 décembre entre les présidents de faitières de la presse et le ministre de l’Administration territoriale et celui de la Communication.
M. A. Diallo