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jeudi, 25 avril, 2024

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Housseini Amion Guindo : « En rassemblant les Maliens, nous mettrons fin à la crise sécuritaire »

Ancien député élu dans la région de Sikasso pour deux mandats, ancien ministre des Sports, puis de l’Education sous IBK, candidat à l’élection présidentielle du 29 juillet prochain, investi par le parti politique Convergence pour le développement du Mali (CODEM), dont il est le président et par une coalition de formations politiques dénommée Partis Unis pour la République (PUR), Housseini Amion Guindo dit Poulo estime, dans cette interview exclusive, que le rassemblement des Maliens mettra fin à la crise sécuritaire dans le pays.

Quel est votre plan pour lutter contre l’insécurité au Mali ?

Notre pays est en proie à une insécurité grandissante depuis un certain moment. Du nord du pays, l’insécurité a envahi tout le centre pratiquement dans sa partie occidentale et dans tout le Sahel occidental. Aujourd’hui, cette insécurité est sensible dans le centre, même dans les grandes villes comme Bamako où nous avons eu des attentats, chose qu’on n’avait jamais connue dans l’histoire du Mali. Cela, parce que nous sommes dans un corps malade. Vous avez au Mali, tous ceux qui faisaient l’unité, l’harmonie, la complémentarité, la cohésion et le tissu social entre les communautés, gouvernants et gouvernés, nous les avons perdus au fil des années. Je ne l’impute pas à un chef d’Etat ou à un régime mais, c’est un constant de dégradation qui a été amorcé il y a un peu longtemps. Je pense que le tissu social est déchiré. Face à cette situation, comment peut-on trouver une solution à un problème pareil pendant que la classe politique est fortement divisée et que cette division est marquée par l’instrumentalisation de communauté, de syndicaliste, de séparatiste, chacun ayant son plan de sabotage de ce qui est essentiel pour le pays. Je pense que la première solution à la sécurité c’est de rassembler tous les Maliens pour que ce qui se passe à au centre et dans une partie du nord du pays ne se transforme pas en conflits intercommunautaires puisqu’à présent, je suis de ceux qui pensent qu’il n’y a pas encore de conflit intercommunautaire au Mali. Mais ça pourrait dégénérer et atteindre des proportions incontrôlables si nous n’avons pas une gouvernance plus responsable les années à venir. Pour nous, la sécurité doit d’abord venir du rassemblement en passant d’abord par sa classe politique. Aujourd’hui, l’armée est démoralisée et en partie divisée. C’est un secret de polichinelle et l’on n’ignore pas souvent que les communautés sont instrumentalisées à partir de Bamako pour des intérêts politiques. Donc, pour nous c’est en réussissant à rassembler les Maliens qu’on pourra gagner le pari.

Quid de la question du centre, devenu quasiment inaccessible aujourd’hui ?

Je ne pense pas que le centre soit inaccessible. Je suis du centre. Il y a quarante jours, à la tête d’un convoi, je me rendais dans un village à 80 km de Koro pour la pêche traditionnelle et culturelle que nous faisons tous les ans, une occasion de retrouvaille entre peul et dogon. Je suis fils de chef de canton de la zone que ce soit du côté maternel ou paternel, comme on le dit « c’est les mamans des soldats tués qui sont les meilleures juges de la guerre ». Nous savons que ce qui se passe au centre. Lorsque j’abordais notre village à 7 km, on nous a signalé des coups de feu entre jihadistes et autres pour nous demander de retourner. Mais nous avons continué, effectivement nous sommes partis retrouver à notre gauche un village peul et notre droite un village dogon, les gens dans les tranchées sont en en train de se tirer dessus. Mais il a suffi, qu’ils nous voient, parce qu’ils savent que chaque année je viens à cette cérémonie et comme j’ai grandi dans cette localité, ils ont cessé le tir pour essayer de me donner des explications contrairement au message (les jihadistes tiraient sur les dogons) qui parvenait à Koro. Et nous avons pu calmer les deux camps. Cela trouvait que le lendemain, des renforts venaient de Douentza et des Falaises pour soutenir les villages peul et dogon. A cet effet j’ai convoqué une réunion en rassemblant 33 chefs de village pour discuter. La seule chose qu’on me demandait c’est l’assistance de l’Etat. Parce que lorsqu’on partait à dix kilomètres du rayon de Koro, il n’y avait ni policer, ni gendarme, ni juge, ni sous-préfet. Il y avait absolument rien. La seule solution c’est la présence de l’Etat. Les gens ne croient plus à l’Etat c’est pourquoi chacun essaye d’assurer sa propre sécurité car les dirigeants sont loin de la population.

« Les gens ont besoin des responsables étatiques en lesquels ils croient… »

Comment faire pour le retour des réfugiés ?

Je pense qu’aujourd’hui, il ne plait à personne de laisser ses terres pour aller dans un autre pays. Si nous voyons que nos compatriotes sont dans les pays étrangers, c’est parce qu’il n’y a pas la sécurité. Pour nous, il s’agit tout d’abord de rétablir la confiance. Avec cela, nous pourrons ramener la sécurité, s’il y a la paix et le pays retrouve son ancienne sensation, on n’aura même pas besoin d’aller chercher les réfugiés. Ils reviendront d’eux-mêmes. Vous savez, demain, si on permet à la région de Mopti et aux régions nord du Mali de voter, ils pointeront les doigts vers les bourreaux. C’est pourquoi je tiens à ce que l’élection se fasse dans ces zones-là, Koro, Bandiagara, Bankass, qui ne sont pas forcément pas des zones de terroristes. Je peux comprendre qu’il est de moudjahidines du côté de la zone inondée, qui échappe au contrôle de l’Etat, il y a longtemps. J’avoue que dans ces zones, les gens ont besoin des responsables étatiques en lesquels ils croient pour que l’hostilité baisse au moins à 90%. Je suis dogon, mais on m’appelle « Poulo » (Peul, NDLR). J’ai des mamans peules. C’est pour vous dire qu’il n’y a jamais eu de problème entre nous. Le seul problème, c’est la démission de l’Etat, pas maintenant mais depuis longtemps.

« Si nous sommes élus, les six mois qui suivent, nous mettrons entièrement en œuvre cet accord, mais avec beaucoup d’intelligence ».

Que faire maintenant pour le retour effectif des Forces armées maliennes à Kidal ?

Si nous sommes élus, les six mois qui suivent, nous mettrons entièrement en œuvre cet accord, mais avec beaucoup d’intelligence ; parce que tout simplement le blocage, qui est au niveau de cet accord, est lié à une crise de confiance entre les signataires de l’accord. Il s’agit simplement de renouveler la confiance entre les Maliens pour que cet accord puisse s’appliquer sans grande exigence de part et d’autre. Je crois que le plus grand problème est que les gouvernés ne croient plus en leurs gouvernants, après 27 ans de démocratie.

L’insécurité est liée au chômage des jeunes. Quelle solution avez-vous pour cette couche de la population ?

Vous savez, aujourd’hui quand on parle d’emplois, les gens très souvent ne voient que les diplômés. Or, au Mali, la majorité de la jeunesse est rurale. Elle n’a pas été à l’école. Au centre, vous verrez des jeunes qui ont fait 10 ans à l’école coranique et n’ont aucune qualification pour gagner leur vie. Donc, forcément le chômage, le radicalisme gagne plus le milieu rural que le milieu urbain. Il faut aller à des investissements productifs basés sur le développement rural et revoir toute notre politique éducative. Ce qu’il y a urgemment à faire, c’est de rassembler tous les Maliens. Avec cela, nous allons développer le secteur de l’agriculture et de l’élevage, c’est par là que nous combattrons les inégalités sociales.

Je ne peux pas comprendre qu’un candidat à la présidentielle, fonctionnaire soit milliardaire… et dit aimer le peuple »

Quelle est votre stratégie de lutte contre la corruption pour ainsi promouvoir la bonne gouvernance ?

Par rapport à la bonne gouvernance, je pense que nous avons montré l’exemple partout où nous sommes passés. Au niveau du département des Sports, toute notre lutte a consisté à faire que l’Etat soit dans ses droits et que personne ne se permette de s’approprier ce qui appartient à l’ensemble national. Nous avons mené cette lutte sans difficulté et nous avons continué au ministère de l’Education et quand je venais au département, la facture qui m’avait été présentée seulement pour la prise en charge des élèves envoyés dans les écoles privées, était de 41 milliards F CFA et, après seulement un mois de purge, nous sommes revenus à 33 milliards F CFA. Je pense que la lutte contre la corruption doit commencer par l’exemplarité. Je ne peux pas comprendre qu’un candidat à la présidentielle, fonctionnaire soit milliardaire à la mesure où, dans son entourage, les gens sont dans le besoin et ce candidat dit aimer le peuple… Nous avons présenté notre candidature pour redonner espoir aux Maliens. Cela sera une fête au Mali si nous gagnons cette élection, car l’inattendu se sera produit. Nous sommes candidat parce que nous sommes issus des entrailles de ce peuple. Nous connaissons bien ce peuple, contrairement à ce que les gens disent. Nous ne sommes pas jeunes, puisque nous avons 48 ans et nous avons la connaissance nécessaire de notre pays. Et nous sommes convaincus d’une chose : pour avoir pitié de ce pays, il faut être issu de ses entrailles. Pour nous, quand un homme politique demande au peuple de le soutenir pour qu’il puisse régler la question de santé et de l’éducation, cela sera déloyal de sa part que lui-même fasse sortir ses enfants hors du système qui lui-même aura mis en place. Moi, j’ai fait 9 ans à l’Assemblée nationale et quatre ans au gouvernement et jamais mes enfants ne sont venus à l’école ici à Bamako. A plus forte raison d’aller en France pour étudier…

Comment se porte votre coalition, « Les bâtisseurs » ?

Nous avons signé avec les bâtisseurs, c’est pour renforcer la mutualisation de nos forces. C’est aussi de voir si nous pouvons aller à une candidature unique ou au moins une réduction du nombre de nos candidats ; comme ça a été le cas du porte-parole des bâtisseurs, qui a décidé de ne pas se porter candidat. Déjà la réduction a commencé…

« Pour nous, le pouvoir est un moyen de servir et non de se servir… »

Votre mot de la fin ?

Je remercie à tous ceux qui ont pris le temps de lire ou de m’écouter. Et nous demandons aux Maliens de nous faire confiance. Pour nous, le pouvoir est un moyen de servir et non de se servir c’est la conception que nous avons de la politique. Nous rappelons aux Maliens qu’il n’y a pas une école pour être président. Le seul moyen pour être président, c’est l’amour, la détermination et l’engagement pour son pays. Je termine pour dire aux Maliens d’étudier les profils des différents candidats, la crédibilité du porteur du programme avant le programme.

Sory Kondo Bruno Djito Segbedji

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