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Insécurité sur l’axe Tombouctou-Goundam : le calvaire des usagers

Dans la région de Tombouctou, l’insécurité persiste sur cette voie principale reliant plusieurs localités. Des attaques armées, des poses d’engins explosifs improvisés, les usagers effectuent ce trajet la peur au ventre.

Dans l’après-midi du samedi 26 mars, des hommes armés non identifiés ont attaqué un véhicule de transport sur l’axe Tombouctou-Goundam. « Nous quittions Tombouctou à destination de Goundam lorsque j’ai entendu des tirs. Aussitôt, parmi mes compagnons de voyage, certains se plaignaient de douleur et je voyais du sang partout sur leurs vêtements. Moi personnellement, je n’ai pas vu les agresseurs. Le véhicule roulait à vive allure mais le chauffeur disait qu’il a vu deux individus armés sur une moto qui ont voulu les arrêter. C’était trop tard, car il était concentré sur la route en mauvais état. On ne s’est pas arrêté jusqu’à Goundam pour transporter les blessés aux urgences », raconte un rescapé contacté par Sahelien.com

Ces genres d’attaques sont courants sur cette voie principale reliant Tombouctou aux autres cercles de la région. Le 5 mars dernier, à la mi-journée, un chauffeur de taxi-brousse du nom de Mohamed Lamine Songho a été assassiné au volant de son véhicule. « Avant Songho, deux autres chauffeurs ont été tués sur l’axe Tombouctou-Goundam dans les mêmes conditions », indique un journaliste local à Sahelien.com.

Ce tronçon, long de 84 km, constitue un véritable calvaire pour les usagers. Des cars reliant Tombouctou à la capitale Bamako ont été, à plusieurs reprises, la cible d’attaques sur l’axe Tombouctou-Goundam. Sur cette voie, les forces armées maliennes basées à Acharane, localité située à mi-chemin entre Tombouctou et Goundam sont également visées par les attaques. La dernière remonte au 10 mars dernier, lorsqu’un de leur véhicule a sauté sur un engin explosif improvisé sur l’axe Tombouctou-Acharane. « Aucune perte en vie humaine ni de dégâts matériels ne sont à signaler. Une batterie et un rouleau de fil conducteur ont été retrouvés après le ratissage de la zone », a précisé l’armée.

En dehors des Forces armées maliennes qui sont présentes sur cet axe, des groupes armés signataires de l’accord de paix contrôlent certaines parties de la région de Tombouctou. Il y a la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui est basée à Razelma et Koygouma dans le cercle de Goundam et la Coalition du peuple pour l’Azawad (CPA) à Soumpi (cercle de Niafunké).

Une situation qui perdure

Afin de trouver une solution au phénomène récurrent d’insécurité, « plusieurs rencontres intercommunautaires ont été organisées dans la région à cet effet. L’objectif vise à faire des propositions concrètes afin que Tombouctou demeure un havre de paix et d’hospitalité », souligne le chef de la tribu Kel Ansar, Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmad dit Nasser.

« Suite à la demande des notabilités de la région, les groupes armés signataires de la CMA avaient procédé, à un moment donné, à plusieurs patrouilles et arrestations de personnes soupçonnées d’être à l’origine de l’instabilité de la zone », ajoute un notable qui a requis l’anonymat.

En juin 2019, l’une des recommandations issues des rencontres intercommunautaires était d’« arrêter la protection des bandits par leurs parents et leurs communautés, l’accélération du processus DDR ». Quatre mois après ces rencontres, la CMA, en collaboration avec l’armée malienne et les forces internationales, avait mené une vaste opération de ratissage dans la région. Depuis la fin des opérations, des groupuscules d’individus armés continuent de semer la terreur.

Selon un transporteur joint au téléphone, « aujourd’hui, seules les forces de défense et de sécurité tentent de sécuriser les personnes et leurs biens sur cet axe. Mais, elles font face à une situation très difficile, car les populations avoisinantes ne coopèrent pas pour leur apporter des informations, par peur de représailles des bandits armés intervenants sur le terrain. »

Dans la région, les habitants déplorent la recrudescence des attaques ou braquages à mains armées qui font de nombreuses victimes notamment dans la ville de Tombouctou.

Aboubacrine Ag  Abdoulahi (Stg.)