Par Youssouf Bah
CONAKRY, Guinée – Mercredi dernier, la Guinée est devenue le premier pays d’Afrique de l’Ouest à lancer sa campagne de vaccination anti Covid-19. Le pays a commencé par un essai pilote de 60 doses du vaccin russe Spoutnik V pour un groupe de ministres.
« J’encourage l’ensemble des Guinéens à venir expérimenter ce nouveau vaccin » a dit Hawa Béavogui, ministre des droits et l’autonomisation des femmes.
Depuis le début de la pandémie, la Guinée a enregistré 13 722 cas de coronavirus et 81 décès.
Les lits de l’hôpital Donka à Conakry sont régulièrement pleins. Les médecins qui ont traité le virus Ebola traitent maintenant les patients atteints de Covid-19. Les agents de santé affirment que le gouvernement doit faire plus pour lutter contre la maladie.
« Ça n’engage que moi, nous gouvernements ne donnent pas le maximum d’eux même dans la sensibilisation de nos populations » expliquait Dr. Aissiatou Sow, une dentiste qui traite des patients atteints de Covid-19 à Conakry.
La manque de confiance dans le gouvernement fait en sorte que certains habitants de Conakry ne croient même pas que la maladie est réelle.
« Y’en a pas ! Coronavirus, Covid-19, ça n’existe pas. Ce n’est pas vrai. Une maladie qui n’existe pas, comment peut-on fabriquer le vaccin de cette maladie ? Ça, c’est les ministres ! On ne veut voir personne ici dire qu’il est venu pour nous vacciner » a déclaré Nafadima Sidibé, une restauratrice.
L’une des raisons pour cette manque de confiance est la répression de l’opposition politique par le président Alpha Condé. Cette année, Condé a renversé la constitution pour rester au pouvoir pour un troisième mandat, malgré les plaintes des politiciens en Guinée et de quelques organismes internationaux.
Le principal parti d’opposition, dirigé par Cellou Dalein Diallo, n’a pas accepté les résultats des élections du 18 octobre qui ont proclamé Alpha Condé vainqueur avec près de 60 % des voix. Les manifestations de l’opposition sont régulièrement accueillies avec de violences policières.
Les violences post-électorales ont tué au moins 12 personnes selon Human Rights Watch, et Diallo a déclaré que Condé avait arrêté jusqu’à 400 de ses partisans.
Diallo a affirmé qu’il « y a les prisonniers qui sont notoirement connus du grand public. Mais il y a 400 autres, anonymes, des citoyens innocents, qui ont été kidnappés et détenus dans des conditions illégales dans les prisons de M. Alpha Condé. Il faut que les Guinéens prennent conscience qu’on a en face un dictateur impitoyable qui a instrumentalisé la justice et qu’il l’utilise pour éliminer ses adversaires politiques ».