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Mali: à Bamako, la tension est toujours vive après l’inhumation de quatre personnes

A Bamako, après le 3e rassemblement du M5-RFP, vendredi 10 juillet, à la Place de l’indépendance, la tension est montée d’un cran. C’est le début du mouvement de « désobéissance civile » lancé par les leaders du M5 qui réclament depuis plus d’un mois, la démission du président de la République et de son régime.

Pour la « désobéissance civile », les manifestants étaient appelés à suivre « dix commandements ». Il s’agit entre autres du blocage des entrées des services de l’Etat, de l’occupation des grands axes routiers. C’est ainsi que certains se sont dirigés vers l’Assemblée nationale, d’autres à l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM) en investissant les locaux. Ces derniers ont fait l’objet d’actes de vandalisme et les programmes ont été momentanément interrompus. Le bras de fer a pris une tournure sanglante avec la dispersion de la foule. Au même moment, les accès aux 1er et 2e et autres axes ont également été bloqués par des manifestants.

Vendredi soir, le bilan provisoire faisait état d’un mort et d’une vingtaine de blessés d’après des sources sanitaires. « C’est le cœur serré que je m’adresse à vous en ce moment pour regretter les scènes de violence et de saccage ainsi que les tentatives d’occupation de nos Institutions et services stratégiques auxquelles il nous a été donné d’assister en cette journée du 10 juillet 2020 », pouvait-on lire dans un communiqué rendu public, tard dans la nuit, par la présidence.

Dans la note, le chef de l’Etat a annoncé l’ouverture d’une « enquête » pour établir « le bilan et les circonstances exactes des pertes humaines et matérielles ». Il a affirmé sa « volonté de poursuivre le dialogue » et sa « disposition à prendre toutes les mesures en vue d’apaiser la situation ».

Des pertes en vies humaines

Le lendemain, le Premier ministre, Dr Boubou Cissé s’est rendu à l’hôpital Gabriel Touré où sont admis des blessés au siège de la télévision nationale pour constater les dégâts. Au moins trois personnes ont été tuées et soixante-quatorze blessés répartis entre l’hôpital Gabriel Touré et les centres de santé de référence des communes du district de Bamako, selon un bilan provisoire communiqué par les autorités.

Toujours dans la même journée et surtout dans la soirée, plusieurs quartiers de Bamako ont été le théâtre d’affrontements notamment à Badalabougou où, quatre civils au moins y ont trouvé la mort. Entre vendredi et samedi, plusieurs personnes dont des leaders de la contestation ont été arrêtées.

Le samedi 11 juillet, peu avant minuit, le président Ibrahim Boubacar Keïta s’est adressé à la nation. «Suite aux nombreuses analyses et consultations, sollicitations sur la crise post-électorale, et pour la sauvegarde et la préservation de la vie, même des membres restants de la cour constitutionnelle, j’ai décidé, non sans en mesurer la gravité -mais que ne ferait-on pour le salut national –  nous sommes dans l’obligation de nous surpasser, de n’envisager que le Mali. J’ai donc décidé d’abroger le décret de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle et d’aller vers la mise en œuvre des recommandations issues de la mission de CEDEAO», a déclaré Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Et de poursuivre : « cette dissolution de fait de la Cour va nous conduire dès la semaine prochaine à demander aux autorités compétentes la désignation de membres pour que, rapidement, une Cour reconstituée nous aide à trouver les solutions aux contentieux issus des élections législatives. »

Appel au calme

Ce dimanche après-midi, des centaines de partisans de l’imam Mahmoud Dicko sont venus prier sur les dépouilles de quatre personnes tuées, dans la nuit du samedi 11 juillet, lors des échauffourées avec les forces de l’ordre. Ces événements font suite à l’appel à la « désobéissance civile » lancé par le Mouvement du 5 juin (M5-RFP).

La tension reste vive en commune 5 et 6 du district de Bamako. L’imam Mahmoud Dicko, autorité morale des contestataires a appelé  ses partisans au calme mais promet la continuité de la lutte.

Dans un communiqué conjoint, les Représentants de la CEDEAO, de l’Union Africaine, de l’Union Européenne et des Nations Unies au Mali « condamnent l’usage de la force létale dans le cadre du maintien de l’ordre et invitent toutes les parties prenantes à la retenue et leur demandent de privilégier le dialogue, la concertation et les canaux pacifiques de résolution des crises. »

Sory Kondo, Augustin K. Fodou