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lundi, 18 novembre, 2024

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Mali : « au pays Dogon », les agriculteurs sous pression terroriste

Les productions agricoles sont en baisse depuis quelques années en raison notamment de la dégradation de la situation sécuritaire.  

Autrefois, les champs de céréales qui s’étendaient à perte de vue, ont laissé place, aujourd’hui, à des espaces inexploités. « Avant, nous cultivions presque tous nos champs, même les plus lointains. Mais malheureusement, nous avons du mal à cultiver nos champs les plus proches à cause de l’insécurité qui règne dans notre zone », affirme le cultivateur S. T* que nous avons suivi dans son champ. Et de poursuivre : « J’ai même peur là où je suis assis. Tellement que nous sommes traumatisés, nous avons même peur quand on entend du bruit. »

A. G*, un autre cultivateur abonde dans le même sens : « Nous avons toujours la peur au ventre. Étant au champ, quand il y a des alertes d’attaques terroristes, on revient à la maison. Avec l’insécurité, on n’arrive pas à nous concentrer sur l’agriculture. Quand on apprend que les djihadistes arrivent, on fuit pour se cacher. Et après, on est obligés de rentrer à la maison pour notre propre sécurité. »

Des activités presqu’à l’arrêt dans le village, suite aux menaces et attaques meurtrières ayant provoqué le déplacement forcé de centaines de personnes. Les quelques habitants restés sur place sont inquiets de la situation. « Ce qui nous complique encore la tâche, c’est que tous les animaux avec lesquels on cultive ont été volés. On a également le problème d’engrais », souligne A. G.

Insécurité alimentaire

L. T., un autre habitant déplore la cherté des produits de première nécessité. « Avant, nous vendions nos animaux pour acheter les denrées. Mais avec l’insécurité, on a volé tous nos bœufs. Aujourd’hui, on se débrouille avec nos enfants qui sont partis. Le commerce est arrêté. Les gens ont peur. », a-t-il indiqué.  

En plus de l’insécurité, les variations climatiques affectent durement les activités agricoles et les rendements. « La terre ne donne plus comme avant. Sans engrais, on ne peut rien avoir. Notre récolte ne peut pas nous nourrir à plus forte raison être destinée à la vente », regrette A. G.

Et au chef du village d’ajouter : « Nous sommes nés dans l’agriculture et c’est ce que nous faisons jusqu’à présent. Nous cultivons beaucoup puisque la terre n’est pas trop fertile ici maintenant, certains partent dans d’autres localités, dans les hameaux pour cultiver. »

Les habitants restés sur place espèrent un retour à la paix et à la stabilité afin de pouvoir vaquer librement à leurs occupations. « J’ai presque 70 ans. Je n’ai jamais vécu de telle difficulté si ce n’est qu’avec cette insécurité. J’invite donc les autorités à travailler pour le retour de la paix. Nous voulons travailler nos champs et vivre en paix comme nous l’avons toujours fait. Il faut nous sécuriser. », a fait savoir le chef du village.

*Les initiales sont utilisées pour préserver l’anonymat des intervenants.