Deux établissements scolaires publics de la commune urbaine de Bandiagara accueillent depuis plusieurs semaines, des centaines de déplacés ayant fui récemment l’insécurité dans leur village.
Parmi ces déplacés, de nombreux élèves comme Fatou ont le regard tourné vers la rentrée scolaire qui débute dans moins de deux semaines au Mali. « Nous aimerions bien retourner à l’école à la rentrée. Aidez-nous à avoir des enseignants sinon, dans la situation actuelle, c’est difficile de suivre les cours normalement », indique Fatou. Et de poursuivre : « notre souhait est de pouvoir retourner dans notre village afin de poursuivre nos études.»
Sur le site d’accueil, les plus âgés sont toujours hantés par les mauvais souvenirs notamment de leur départ forcé. « Ça se trouvait que nos maris étaient au champ. Au crépuscule, aucun homme n’était de retour. Les assaillants sont venus nous chasser. Nous sommes sortis les mains vides », se rappelle Fanta.
Selon un autre déplacé interne, les hommes armés étaient à la même heure dans trois autres villages obligeant les habitants à fuir entre 17 h 30 et 19 heures. « Seuls les assaillants étaient restés sur place. Certains habitants ont passé la nuit dans la brousse, d’autres ont passé la nuit à marcher pour venir à Bandiagara. Le nombre de déplacés que j’ai pu moi-même recenser est de 2224 personnes. Ils sont tous dans une seule école, c’est difficile pour nous », a-t-il indiqué.
Déception
Après avoir longtemps espéré un retour au calme dans son village natal et ses environs, une notabilité a décidé de tout quitter pour finalement trouver refuge dans la ville. Malgré toutes les menaces, « nous avons opté de rester, car c’est difficile de trouver mieux que là où on est né et y a grandi. Est-ce qu’on peut encore rester dans ce village ? », s’est interrogé ce responsable local qui ne cache pas sa déception envers les autorités. « Nous avons des villages voisins qui sont toujours là-bas parce qu’ils ont signé des accords avec des djihadistes. Nous avons refusé cela, mais les autorités nous ont trahies. Nous ne savons pas que nous sommes trahis. » a-t-il ajouté.
Après l’attaque meurtrière contre le village de Bodio à 15 kilomètres de Bandiagara, le 5 août dernier, des manifestations ont eu lieu dans la capitale régionale pour dénoncer le silence des autorités. Pour le président du conseil local de la jeunesse de Bandiagara, Amadou Lougué, la gestion de la situation sécuritaire relève « exclusivement » des autorités.
Le constat, d’après M. Lougué, est que les attaques ont repris ces derniers mois et c’est les « populations civiles sans défense » qui sont visées. « Nous sommes derrière les autorités de la transition (…) mais, nous leur demandons de faire beaucoup plus en matière de sécurité. », a-t-il souligné.
Du 14 au 15 septembre dernier, s’est tenue une rencontre de pacification initiée par les autorités régionales à travers la Commission de bons offices d’appui à la réconciliation et à la paix. A l’issue de la réunion, plusieurs recommandations ont été formulées. Il s’agit notamment de l’accélération du processus de DDR en faveur des groupes d’autodéfense, l’implication des légitimités traditionnelles et religieuses dans la pacification de la région, l’observation d’un cessez-le-feu de trois mois à partir du 25 septembre 2023.