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Mali: la Covid-19 menace la culture du coton

Les tractations entre le gouvernement et les paysans autour du prix d’achat du coton risquent de compromettre la campagne agricole au Mali. De 275 FCFA en 2019, l’Etat fixe le prix du coton graine à 250 FCFA cette année. Entre temps, le sac l’engrais passe de 11.660 FCFA à 18.405 FCFA. Les paysans ne sont pas prêts à semer le coton.

« Dans mon association, on avait décidé à l’unanimité de ne pas cultiver de coton cette année. Mais avec le nouveau prix fixé dimanche 7 juin, certains membres pensent qu’on doit cultiver le coton. Mais pour le moment, personne ne l’a encore semé », a confié Gaoussou Coulibaly, Secrétaire général de l’Association villageoise de Zérésso, dans le cercle de Koutiala.

La révolte des paysans remonte à la réunion annuelle de fixation de prix fin avril. A l’issue de cette rencontre, la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) a fixé le prix du coton graine à 200 FCFA / Kg. « Entre avril 2019 et avril 2020, le prix de la fibre du coton a perdu à peu près 270 FCFA. Nous avons fait nos projections et elles donnent un prix de base de 200 FCFA. C’est le prix que le marché mondial nous offre aujourd’hui », avait souligné Pr Baba Berthé, PDG de la CMDT.

Pour « soulager » les producteurs, le ministre l’agriculture avait informé d’une subvention de 10 milliards de CFA comme bonus sur le prix du coton soit 15 CFA sur le kilogramme. Le prix est ainsi fixé à 215 FCFA contrairement à la campagne précédente, le gouvernement l’avait acheté à 275 FCFA le kilo.

Ce prix avait fait l’objet d’une large campagne de sensibilisation auprès des paysans, mais sans avoir leur adhésion. A l’unanimité, les paysans et leurs syndicats ont décidé ne pas cultiver le coton.

La menace a été très prise au sérieux par le gouvernement. Le 7 juin, le Premier ministre a présidé une cérémonie qui a regroupé tous les acteurs du coton. A l’issue de cette rencontre, le prix du coton graine a été revu à la hausse. De 215 FCFA, le nouveau est désormais fixé à 250 FCFA.

« Du fait de la maladie de Covid-19, les cours mondiaux du coton ont drastiquement chuté cette année. Ce qui a amené le gouvernement à revoir à la baisse aussi le prix d’achat du coton malien aux producteurs à 215 F contre 275 F l’an dernier. Les producteurs ont jugé ce prix intenable et non rentable et ont demandé au gouvernement des efforts supplémentaires. Le ministre de l’Agriculture a défendu cette cause auprès du Premier ministre Boubou Cissé. Le Premier ministre au nom du Président de la République et dans le souci de préserver les intérêts des producteurs, a accédé à cette doléance dont l’incidence financière est évaluée à 35 milliards de F CFA », a indiqué le ministère de l’Agriculture dans un communiqué juste après la réunion.

Le prix de l’engrais divise

Les responsables syndicaux des paysans se réjouissent du nouveau prix et invitent les producteurs à cultiver le coton. Rien n’est encore sûr. Pour des paysans, 250 FCFA est insignifiant par rapport au prix de l’engrais. En effet, le gouvernement malien a suspendu la subvention de l’engrais. De 11.660 FCFA, le sac de l’engrais est cédé à 18.405 FFCA cette année soit une augmentation de 6745 FCFA. « Même l’engrais à 11.660 FCFA et le coton à 275 F, on n’avait des difficultés. Avec les nouveaux prix, nous serons surendettés à la fin de la campagne », estime Gaoussou Coulibaly, Secrétaire général de l’Association villageoise de Zérésso. Pour lui, la culture du coton est imposée aux paysans. « Si on ne cultive pas le coton, on n’aura pas d’engrais pour les céréales », s’insurge M. Coulibaly.

Avec un peu plus de 700 mille tonnes de coton en 2017, le gouvernement malien table sur 800 mille tonnes cette année. Mais les prix du coton et l’engrais risquent de compromettre cette prévision. Les prochains jours seront décisifs.

 M. A. Diallo