Les choses sont allées très vite la semaine dernière, après une rencontre où le gouvernement n’a pas apporté des propositions concrètes aux doléances du syndicat. Aujourd’hui, c’est tout le système sanitaire qui s’en trouve paralysé.
« Je suis essoufflé ». Sadio et sa femme viennent de faire le tour d’au moins trois centres de santé avec leur enfant de quatre ans. « On ne sait pas de quoi il souffre, mais il n’arrête pas de pleurer », explique-t-il caressant la tête de l’enfant, bien couvert. « C’est pour éviter que le vent n’empire sa situation », affirme sa maman. Au centre de santé de référence de Torokorobougou, en commune V du district de Bamako, où ils viennent d’arriver, le service pédiatrie est ouvert « contrairement aux endroits précédents. »
Avec le mot d’ordre de grève illimitée en vigueur depuis le 9 mars, plusieurs services sont restés fermés. Quelques agents et étudiants de la faculté de médecine assurent le service minimum pour tenter de satisfaire les patients. Mais il y a des priorités. « Seuls les cas de convulsions, de trouble de la conscience et des nouveaux nés (0 à 28 jours) sont examinés », explique-t-on au bureau de consultation pédiatrique du centre.
Un agent ne tarde pas d’ailleurs à le rappeler à Sadio face à son insistance à vouloir faire examiner son enfant. « Je comprends votre situation, mais il faut vous calmer. Il y a des cas d’urgence », lui indique l’agent. Il ajoute : « nous nous occupons actuellement d’un bébé tombé des escaliers qu’il faut prendre en charge et l’envoyer à l’hôpital Gabriel Touré. »
« Jusqu’à quand va durer cette grève » ?
Le visage de Sadio laisse apparaître une grande tristesse, mais d’un geste de la tête, il fait signe de comprendre la situation. Il s’assoit puis se relève. Sa femme tente désespérément de faire taire l’enfant. D’un signe de la main, il appelle sa femme à s’en aller. Cette dernière porte l’enfant à l’épaule pour s’exécuter. Mais avant, elle s’interroge: « jusqu’à quand va durer cette grève?»
A quelques mètres, se trouve le servie Ophtalmologie. Quelques patients tournent autour, mais ici les portes sont carrément fermées. « Je cherche un technicien pour mettre ma lentille », affirme l’un d’entre eux venu très tôt, selon lui, pour en finir vite. Il se pose, lui aussi, la même question : quand est-ce que cette grève illimitée prendra fin ?
Pour le moment, la situation n’a pas changé entre le syndicat et le gouvernement. Dimanche soir, le secrétaire général du syndicat de la santé, Mamadou Kane, a appelé les militants à « tenir bons » et à ne « céder ni aux menaces, ni au chantage. »
« Depuis que nous avons commencé la grève, il n’y a eu aucun contact encore avec le gouvernement », indique le professeur Mamadou Kane, joint par Sahelien.com.
Que cherchent les grévistes ?
Cette grève intervient après une première de cinq jours au mois d’août 2016 et une autre illimitée avortée en novembre de la même année suite à la signature d’un procès-verbal de conciliation entre le gouvernement et les syndicalistes.
« L’accord » prend en compte huit des neuf revendications des grévistes. « Les commissions techniques qui devraient rendre compte trois semaines après la signature ne l’ont toujours pas fait », explique un membre du syndicat.
Les points de revendication concernent entre autres l’augmentation substantielle des primes de fonction spéciale, des primes de garde, des primes de monture, et l’intégration des émoluments de bi-appartement dans leur salaire.
S’y ajoutent la prise en charge à 100% des soins médicaux et du médicament du personnel socio-sanitaire et de la promotion de la famille assujettis à l’AMO, l’annulation des mutations « abusives » des responsables syndicaux en plein mandat. Ou encore l’intégration des contractuels dans la fonction publique.