Après la manifestation des milliers de personnes, samedi 17 juin à l’appel de la société civile et de l’opposition, des partis politiques de la majorité présidentielle ont émis des réserves contre le projet de réforme constitutionnelle, engagée par le président IBK. Aujourd’hui, c’est le tour des magistrats de demander « le retrait pur et simple » du texte.
« Il y a beaucoup de parties critiquables dans la monture actuelle qui sont des armes dangereuses aux mains de l’exécutif », critique Mamadou Nanacassé président du syndicat autonome de la magistrature. Il fait ici allusion à la possibilité, dans le nouveau projet, pour le président de la République de réviser la Constitution sur convocation du Congrès, sans passer par référendum.
Sur le statut de la magistrature, les robes rouges sont encore plus en colère : « nous ne comprenons qu’est-ce qui gêne dans la configuration actuelle et qui pousse son ouverture à des membres qui n’ont rien à voir avec la corporation. » « Nous ne comprenons pas cet acharnement-là si ce n’est une volonté affichée de faire main basse sur la magistrature », s’indigne M. Nanacassé.
Au Mali, les griefs contre la nécessité de la révision constitutionnelle se multiplient. Parfois dans le camp même de la majorité présidentielle où au moins quatre partis politiques ont demandé au président Ibrahim Boubacar Keïta de procéder à « une relecture » du projet.
C’est le cas du Congrès national d’initiative démocratique (Cnid) de l’ancien ministre d’IBK Mountaga Tall. « Cette relecture pourrait offrir l’opportunité de débats plus approfondis, plus inclusifs avec des concessions mutuelles sur les principaux points de divergence », a expliqué le parti dans un communiqué officiel.
Dans le camp de l’ancien Premier ministre d’Ibrahim Boubacar Keïta, Moussa Mara, on estime aussi qu’il faut « rouvrir et encourager » le débat autour de cette révision. « Les débats jetteront également une lumière sur certaines insuffisances du projet qu’il ne faut en aucune manière occulter », estime M. Mara dont le parti « Yelema » (changement en langue bambara) fait partie de la majorité présidentielle. Toujours au sein de la majorité, le parti de Yeah Samaké, actuel ambassadeur du Mali à New Delhi, est beaucoup plus catégorique. Le parti votera « non » en l’état actuel des choses. L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) et le collectif des 60 marchés de Bamako rejoignent également le camp du « non ». A Mopti dans le centre du pays, il y a eu aussi des manifestations contre la réforme.
Le président IBK, lui, continue des consultations à Bamako où il multiplie les rencontres sur le sujet. Mardi, dans une déclaration, il a affirmé à demi-mot ne pas être hermétiquement fermé à un report de calendrier, mais assure « ne rien céder à la démagogie, à la surenchère et aux outrances. »
Aboubacar Dicko