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Mali: la reprise avec la peur au ventre

Après une pause imposée par la fête de Tabaski, les Maliens reprennent le chemin du travail, ce lundi 3 août 2020. La reprise coïncide avec la fin de la trêve du M5-RFP qui avait suspendu son mot d’ordre de désobéissance civile, le 19 juillet.

En Assemblée générale le 2 août, la jeunesse du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a annoncé la fin de sa trêve. Dans la foulée, les responsables des jeunes ont invité leurs pairs à occuper les rues et les points stratégiques de la capitale dès le 3 août à partir de minuit. « Bloquez la montée et la descente des ponts, ne laissez aucun véhicule notamment fond bleu (véhicule de l’Etat, Ndlr) passé. Seules les ambulances doivent circuler », a instruit Amara Sylla, porte-parole de la jeunesse du M5-RFP.

Les jeunes disent n’avoir plus peur des forces de l’ordre et de sécurité. « Les gaz lacrymogènes et les canons à eau ne nous ferons pas reculer. Ils ont déjà tiré sur nous à balles réelles. Nous sommes donc vaccinés. Nous savons désormais de quoi ils sont capables. Nos martyrs ne sont pas morts pour rien. Ils doivent être fiers de nous. Nous nous battrons jusqu’à la démission du président IBK et la mise place des institutions fortes et démocratiques », a poursuivi M. Sylla.

Si aucun attroupement n’a encore été signalé à Bamako, les gens ont la peur au ventre. Des services publics et des représentations diplomatiques ont déjà appelé leurs agents à la prudence et à éviter des quartiers comme Badalabougou, fief de l’imam Mahamoud Dicko, figure emblématique de la contestation. « Faites attention à vos déplacements, surtout lorsque vous traversez les ponts, n’essayez pas de conduire à travers des manifestations ou des barrages routiers, évitez les quartiers Badalabougou et Sema à partir du 3 août, Évitez de voyager tard dans la nuit, etc. », conseille l’ambassade des Etats-Unis aux ressortissants américains.

Plusieurs services publics sont fermés. Les mairies, les agences de l’Energie du Mali et des impôts n’ont pas ouvert dans des communes de Bamako. A Kati, la direction des douanes ne fonctionne pas ainsi que le poste de péage. C’est également le cas à Bougouni où des jeunes ont commencé à manifester.

« L’Etat s’assumera »

Juste après l’annonce de la reprise de la désobéissance civile par les jeunes du M5-RFP, les forces de l’ordre ont été déployées dans les endroits stratégiques de Bamako. A la montée du 3e pont comme les deux autres de la capitale malienne, des gendarmes et policiers prennent position en possession de gaz lacrymogène et de fusils. C’est le constat dans près de certains rond-points et quartiers. Trois jours avant la fin de la trêve, le président de la République avait assuré que l’Etat s’assumera face la situation sociopolitique. « Nul n’a le droit d’empêcher un Malien d’aller et revenir, nul n’a le droit de tenir les Maliens sous menace perpétuelle », a souligné, le président Ibrahim Boubacar Kéita lors de sa traditionnelle interview de la fête de tabaski, le 31 juillet. Il avait « tenu à rappeler » aux contestataires que « la seule voie d’accès au pouvoir est la voie des urnes ».

Le Chérif de Nioro se désolidarise

Depuis le sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao, des gros calibres du M5-RFP ne soufflent plus dans la même trompette. Si le parrain de la CMAS, imam Mahmoud Dicko adhère aux recommandations de l’organisation régionale relatives à la démission des députés contestés, la formation d’un gouvernement d’union nationale et le remembrement de la Cour constitutionnelle, tel n’est pas le cas pour la branche politique du mouvement qui exige toujours la démission du chef de l’Etat. Les deux guides religieux Mahmoud Dicko et le Cherif de Nioro sont également divisés au sujet du Premier ministre Dr Boubou Cissé. Si l’imam Dicko exige la démission du Chef du gouvernement, son « mentor » exige sont maintien ainsi que des membres du gouvernement restreint notamment le ministre de la Défense, des Affaires étrangères et celui de l’Economie et des Finances. « C’est Dicko même qui a présenté le Boubou Cissé comme son fils. Son fils a toujours ma confiance », a indiqué le Chérif de Nioro la semaine dernière.

Les jours à venir seront décisifs dans la survie du M5-RFP et dans les relations entre les deux respectés leaders religieux.

M. A. Diallo