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Mali: le M5-RFP pose de nouvelles conditions pour dialoguer avec le président IBK

La libération totale des prisonniers politiques, excuses publiques du président de la République à l’imam Mahmoud Dicko et au peuple et la lumière sur la mort de 23 manifestants entre le 10 et 12 juillet 2020 sont les exigences du M5-RFP pour renouer le dialogue avec le président Ibrahim Boubacar Keïta.

Goodluck Jonathan, émissaire de la Cédéao dans la crise est en train de négocier une rencontre entre le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta et le Mouvement du 5 juin–Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). En visite au Mali depuis le lundi 10 août, l’ancien président du Nigéria rencontre les différents protagonistes de la crise malienne.

Après l’imam Mahmoud Dicko le lundi, le chérif de Nioro le mercredi, Goodluck Jonahtan a rencontré séparément, ce jeudi 13 août, Chérif Ousmane Madani Haïdara, les partis de la majorité présidentielle et une délégation du comité stratégique du M5-RFP.

Trois conditions

Au comité stratégique du M5, l’émissaire de la Cédéao a proposé l’organisation d’une rencontre entre le président de la République et le M5. Me Mountaga Tall, chef de la délégation du mouvement de contestation du régime en place n’a pas refusé l’offre, mais il a posé trois conditions préalables avant une éventuelle rencontre entre IBK et le M5-RPF.

La première condition est la présentation des excuses publiques du chef de l’Etat à l’imam Dicko et au M5-RFP. « Au cours de la rencontre extraordinaire des chefs d’Etat de la Cédéao, le 27 juillet, Ibrahim Boubacar Keïta a clairement indiqué que le M5 est putschiste et qu’il est prêt à prendre le pouvoir pour le confier à un imam salafiste aux fins d’instaurer au Mali, un Etat théocratique. Nous avons considéré ces propos comme extrêmement graves et diffamatoires pas seulement à l’endroit du M5, mais à l’endroit de tout le peuple malien et avons exigé avant toute chose, des excuses du président en bonne et due forme au peuple malien », a demandé Me Tall, membre du comité stratégique du M5-RFP à sa sortie d’audience.

La deuxième exigence du M5-RFP est relative à la libération de tous les manifestants arrêtés au cours de ses sorties. « Aujourd’hui, il y a une répression sans nom suivie de jugements expéditifs que nous ne pouvons pas accepter. Il y a des détenus politiques issus de nos rangs et nous ne rentrerons dans aucune négociation, aucune discussion avant leur libération pure et simple. Pas des libertés provisoires, mais des libérations définitives », a précisé Me Mountaga Tall à l’envoyé spécial de la Cédéao.

L’autre condition, c’est la lumière sur la mort de 23 manifestants, mi-juillet, alors qu’ils exécutaient le mot d’ordre de désobéissance civile lancé le 10 juillet. « Il y a eu des tueries dans ce pays. 23 morts. Et à ce jour, il n’y a aucune indication sur les auteurs, sur les commanditaires et sur les complices. Nous pensons que cela est inacceptable. A défaut de sanctions judiciaires, ils auraient dû nous dire administrativement qui est responsable, qui a donné l’ordre et qui est complice.  Aussi longtemps que cela n’est pas fait, nous ne serons rentrés dans aucune logique de négociation », a souligné Me Tall.

Depuis le début de la crise le 5 juin, le président IBK et le M5-RFP se sont rencontrés une seule fois. C’était le 5 juillet 2020 au Palais présidentiel. Cette rencontre qui avait tourné mal avait précipité le M5 dans la rue le 10 juillet avec surtout le déclenchement de la désobéissance civile.

 Sory Ibrahim Maïga, M. A. Diallo, Sory Kondo