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Mali: le personnel soignant fait les frais de la Covid-19

Fin mai 2020, plus d’une trentaine de cas ont été recensés parmi le personnel soignant au Mali. « Nous avons environ 35 personnels soignants infectés dont un décès, l’infirmier major de l’hôpital de Kati », annonçait, il y a quelques semaines à Sahelien.com, le président du conseil régional de l’ordre des médecins de Bamako, Dr Modibo Doumbia.

Sahelien.com : Étiez-vous prêts, en tant que médecin, à faire face à la maladie à coronavirus au Mali ?

Dr Modibo Doumbia : Ça a été un coup de tonnerre à cause de l’état de nos structures de santé. Après la triste nouvelle, nous nous sommes réunis au niveau des ordres professionnels sur la question en se demandant, ce que nous pouvons apporter comme aide au personnel soignant. Donc, nous avons essayé d’évaluer la capacité de prise en charge de nos structures et nous nous sommes rendus compte que le pays n’était pas suffisamment prêt pour faire face à l’épidémie. Très rapidement, les premiers cas ont été pris en charge par le professeur Soungalo Dao. Avec son équipe, ils ont essayé d’élaborer un protocole de prise en charge des cas et la mise en place également, d’une organisation de prise en charge de la pandémie au Mali et des sites dans les régions et dans le district.

Quelle a été la suite ?

Après un mois d’épidémie, du 25 mars au 25 avril, le conseil régional de l’ordre des médecins a initié une mission pour aller visiter les centres de prise en charge. Sur deux jours, nous avons fait les constats que nous avons mentionnés dans un rapport adressé au ministre qui dit que le personnel soignant est motivé mais, ils ont besoin des équipements de protection individuelle appropriés, parce que nous avons compris que les équipements qu’ils avaient étaient destinés à la lutte contre Ebola, donc n’est pas adapté pour la Covid-19. Il y avait des matériels qui manquent notamment, les matériels de réanimations. Il n’y avait pas suffisamment de respirateurs pour la prise en charge des cas graves, nous nous sommes rendus compte que même sur le plan organisationnel, il y avait des soucis. Avec ces discussions, nous avons déposé un rapport de neuf pages sur la table du ministre.

Fin mai 2020, plus d’une trentaine de cas recensés parmi le personnel soignant…

Aujourd’hui, les médecins sont en première ligne, que ça soit les hygiénistes, les infirmiers, les biologistes, tout le monde doit se dire que c’est notre affaire et que nous devons lutter efficacement contre la maladie. Ce qui fait que nous avons plus d’une trentaine de personnel soignant qui sont infectés. En période d’épidémie, c’est vraiment dur pour qui connait le déficit en personnel qui était signalé déjà, on peut dire que c’est trop.

Comment peut-on arrêter la propagation de la maladie au Mali ?

Ce que je demande aux médecins, c’est de dire que oui, nous pouvons vaincre l’épidémie et que nous devons nous protéger et également aider nos patients à se protéger. C’est à ce seul prix que nous pouvons vaincre l’épidémie. Et à chaque consultation, il faut que nous informons le personnel soignant qui est à côté de nous, le malade, pour dire que le coronavirus est une réalité et que c’est au Mali et que ça n’épargne aucune couche. 

Un dernier mot ?

C’est d’inviter encore les plus hautes autorités à mettre à la disposition des centres de prise en charge, les moyens qu’il faut et décentraliser ces prises en charge en les amenant jusqu’au premier niveau de notre système de santé c’est-à-dire jusqu’aux centres de références et aux CSCOM, parce que chacun consulte et chacun peut être source contamination.

 M. A. Diallo, Sory Kondo