FR | EN

Français | English

mardi, 19 novembre, 2024

|

24.2 C
Bamako
24.2 C
Niamey
24.1 C
Ouagadougou

|

02:33

GMT

Mali : L’insécurité persiste dans le centre

Dans la nuit du mercredi 18 janvier dernier, Hamadoun Dicko dit Nassourou, maire de Boni, (région de Mopti) dans le centre du Mali, a été assassiné par balles par deux individus non identifiés alors qu’il partait dans sa grande famille.

« C’était un gars très simple, très respecté. Au fort de la crise de 2012, il est resté sur place et a refusé de fuir », confie une source locale qui a ajouté que le maire avait été évacué sur Douentza où il a succombé à ses blessures au centre de santé de référence.

Si l’attaque n’a jusque-là pas été revendiquée, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle n’est pas la première.

En effet, cette partie du pays est devenue la proie de divers groupes qui font régner font régner la terreur.

En avril 2016, le groupe terroriste Ansardine avait revendiqué l’attaque sur la ville de Boni. Le Front de libération du Macina d’Amadou Koufa, est aussi très actif dans la région.

Hamadoun Dicko n’est pas le premier maire tué, mais, jusque-là, les assassins visaient plutôt les autorités coutumières ou religieuses.

Ainsi, en avril 2015, c’est le chef du village de Dogo, Amadou Issa Dicko, à 30 km de Sevaré, qui fut tué.

Début novembre 2015, selon Soumaïla Sangaré, secrétaire général de la commune urbaine de Djenné, c’est Kola Kane Diallo, chef du village de Manga-Peul, à 3 km de Sofara, et le marabout Moctar Ouedrago qui furent assassinés.

Dans d’autres localités, les maires et d’autres autorités administratives, empêchés d’exercer leur fonction, ont fui.

Selon une source locale, le maire de Kéréna, craignant les attaques, s’est réfugié à 30 km de là.

A en croire M. Sangaré, les autorités de Kouakrou ont fui pour se réfugier à Djenné. A Togué-Morari, Ouro-Modi, Sokoura, il n’y a plus d’autorités non plus.

La question qui reste entière est : qui menace de les attaquer ? « On ne sait pas qui est qui et qui fait quoi, répond Soumaïla Sangaré. Ces gens-là sont très mobiles. Ils se promènent entre les villages pour prêcher. »

Il ajoute qu’ils disent vouloir « réorganiser » l’islam et ne font pas mystère de leur hostilité vis-à-vis des chasseurs (Donso) dans la brousse, ils s’opposent au recouvrement de l’impôt. Ils sont surtout réfractaires aux symboles de l’Etat.

« Je pense que c’est important que l’opinion publique sache que non seulement les gens à qui ils s’en prennent sont des symboles de l’État, mais des représentants du peuple local de la zone. Les Dicko de Boni sont la famille princière », explique un ancien président d’une association peule qui a requis l’anonymat.

La peur des attaques a aussi conduit à la fermeture des écoles dans certaines localités. « Souvent l’école est ouverte. Les élèves ne viennent presque plus », confie Mamadou, enseignant dans un village situé à 13 Km de Tenenkou, dans le Macina, fief du prédicateur radical Amadou Koufa.

Depuis deux mois, il est rentré chez lui, à Mopti. Son collègue Issa Seydou, qui s’apprête à y retourner, explique que l’année dernière, les classes sont restées fermées d’octobre à juin à cause de l’insécurité.

Actuellement, seules trois classes sont ouvertes avec 7 élèves chacune, alors qu’avant, elles comptaient plus de 100 élèves.

Pour Dougoukolo Alpha Oumar Ba-Konaré, chercheur et président de l’Observatoire peul Kisal, l’assassinat du maire de Boni n’est pas révélateur de la dégradation de la situation, « car ceci était possible depuis un bon moment. C’est juste la réalisation effective pour le reste du pays de ce qui existe déjà. C’est un parachèvement. En sachant que pour les municipales, tout le monde était déjà terrorisé. Et les dignitaires fuient depuis des mois partout où ils sont menacés. C’est une conséquence logique de choses qui se déroulaient déjà. »

Aussi, nombreux sont ceux qui se demandent pourquoi, dans le centre du pays, les maires et chefs de village ne sont pas protégés alors que l’insécurité y va crescendo.

Cependant, la mort du maire de Boni parait « louche », puisque, sans revendication, il n’y a aucune certitude que ce soit les djihadistes qui l’aient tué. « Ça pourrait être aussi des bandits mais avec des mandats de rivaux » indique le chercheur.