Signé en deux phases à Bamako le 15 mai et le 20 juin 2015, l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger aura bientôt un an. Mais le rythme de sa mise en œuvre n’est pas, selon plusieurs responsables politiques, satisfaisant.
Pour Tiébilé Dramé, le président du Parti pour la renaissance nationale (PARENA, opposition), « le processus de sortie de crise s’est ensablé ». Il estime que le « manque de vision des dirigeants » et aussi « le refus des plus hautes autorités d’organiser des concertations nationales inclusives autour de la mise en œuvre de cet accord » expliquent « l’enlisement du processus ».
A en croire Tiébilé Dramé, il est urgent d’accélérer le rythme d’application de l’accord afin d’isoler les terroristes et se donner les moyens de les combattre. Il n’exclut pas toutefois la perspective de discuter avec les terroristes maliens.
Selon Amadou Koïta du parti d’opposition PS-Yelen Kura, le rythme d’application de l’accord n’est pas satisfaisant du fait des tergiversations des plus hautes autorités. « Je me demande pourquoi depuis la signature du document, personne ne parle de la conférence d’entente nationale ou des concertations qui doivent unir tout le pays derrière le processus », déclare-t-il.
Et de plaider pour que la médiation et les partenaires du Mali incitent les parties signataires de l’accord à progresser dans la mise en œuvre à un rythme accru des engagements pris.
Pour sa part, l’ex-Premier ministre Moussa Mara et président du parti Yelema (majorité présidentielle), la mise en œuvre de l’accord est « un processus laborieux et difficile ».
Il ajoute que les Maliens, dans leur majorité, « ne comprennent pas dans quelle direction nous évoluons et sont dubitatifs ».
Pour l’ancien chef du gouvernement, il est souhaitable que les autorités accélèrent la mise en œuvre de l’accord, notamment les volets sécuritaires et de la défense pour que les populations voient clairement l’amélioration de la sécurité.
« Il est tout aussi souhaitable de fixer un cap clair avec des objectifs précis et des actions à engager tout en veillant à faire partager ce cap à la majorité de nos compatriotes à travers la société civile, la classe politique, les élus locaux, les autorités traditionnelles », analyse-t-il.
Selon le président intérimaire du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti au pouvoir, Dr Boulkassoum Haïdara, le processus de sortie de crise doit être mené avec « une grande patience ».
« Il ne faut rien précipiter au risque d’aller à un dérapage qui peut compromettre tout le mécanisme », indique celui qui est le président de la convention des partis politiques de la majorité présidentielle.
Dr Haïdara se félicite de « la ferme volonté des autorités de mettre en œuvre tout le contenu de l’accord, à un rythme normal dans un esprit de dialogue permanent et soutenu ». Et d’ajouter que « dès les autorités intérimaires vont être très bientôt installées dans les régions du Nord, le processus prendra un nouveau coup d’accélérateur ».
Après la signature de l’accord, des problèmes de représentativités au sein du Comité de suivi de l’accord (CSA) se sont posés et ont constitué un blocage.
Fin septembre 2015, la Plateforme et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) avaient décidé de suspendre leur participation aux travaux des sous-commissions thématiques.
Ces deux groupes armés avaient dénoncé « l’intrusion de nouveaux acteurs » dans le processus de mise en œuvre de l’accord.
En mars dernier, le président du CSA, M. Ahmed Boutach avait indiqué que « la question de la représentation au sein du Comité de suivi de l’accord (CSA) et des sous-comités thématiques ne se pose plus ».
Et d’ajouter : « cette question a sans aucun doute fait l’objet d’un règlement définitif qui s’est traduit par un amendement des articles 10 et 24 de son règlement intérieur ».