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vendredi, 26 avril, 2024

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Mali: maître bijoutier depuis plus de 30 ans, Gaoussou Dembélé transmet son savoir-faire aux jeunes

Dix heures du matin dans la capitale malienne : des jeunes étudiants se retrouvent dans l’atelier de bijouterie situé près de l’hôtel de l’Amitié pour suivre les cours du professeur Dembélé, maître des cours de bijouterie à l’Institut National des Arts (INA) de Bamako.

Le professeur Dembélé débute chaque jour aux alentours de dix heures, heure à laquelle il se rend dans son atelier, une annexe de l’INA, pour donner des cours aux élèves désireux d’apprendre les métiers de la bijouterie. La journée débute avec deux heures de cours théoriques, durant lesquels le professeur et son associé abordent les différentes techniques du métier mais également l’utilisation des multiples métaux nécessaires à la fabrication de bijoux.

Il poursuit avec quatre heures de cours pratiques où l’attention des élèves doit être de mise. Ces derniers manient chalumeau, lime et d’autres appareils techniques afin de perfectionner leur savoir-faire et de devenir à leur tour d’habiles bijoutiers.

Les jeunes étudiants travaillent uniquement avec du laiton, un métal peu couteux qui leur permet de s’entraîner avant de fabriquer des pièces en or, en argent ou en bronze, ces derniers métaux étant difficilement procurables. La fabrication de bijoux suit un processus bien précis : limage du métal, soudage et gravure des détails esthétiques précèdent le nettoyage des bijoux avec l’acide sulfurique pour d’éliminer les impuretés. Le polissage constitue l’une des dernières étapes de la fabrication !

« …On a besoin des technologies nouvelles pour nous perfectionner davantage. »

Durant ses 35 années d’expérience en tant que bijoutier, le professeur a été confrontée aux diverses contraintes qui entourent les métiers de l’art, et notamment la bijouterie. À la question de savoir si les métiers de l’art sont suffisamment mis en valeur par le gouvernement, le professeur répond que des professions comme la bijouterie sont considérées comme des professions de second rang.

Un exemple type est la reconnaissance régionale dont fait part l’INA : « Il n’y a rien de moderne dans cette école. Tout est archaïque, on fait tout à la main. Hors, il est important d’améliorer, on a besoin des technologies nouvelles pour nous perfectionner davantage. » Afin de lutter contre le manque d’investissement de l’État dans la promotion de l’art au Mali, l’INA a décidé de mettre en place une semaine pour présenter les diverses professions artistiques aux élèves qui seraient potentiellement intéressés. On peut par exemple assister à des spectacles, écouter des compositions musicales, ou encore admirer des peintures et la fabrication des bijoux.

Depuis 1980 et en parallèle de son activité de professeur à l’INA, le bijoutier confectionne des trophées pour des associations culturelles dans les domaines de l’art, mais également pour les secteurs du sport et de la presse. Il a notamment fabriqué le trophée pour la biennale artistique du Mali ou encore le « Tamani d’or », qui récompense le meilleur musicien malien de l’année.

Encourager la jeunesse

Il a d’ailleurs lui-même reçu un trophée pour son engagement dans la promotion de l’art et plus généralement des jeunes talents présents au Mali, trophée incarnant le symbole du pays, l’hippopotame. Aujourd’hui, le travail de Gaoussou Dembelé est reconnu à l’international : il reçoit des commandes depuis l’étranger, notamment de la part des pays frontaliers mais également de la part de la Belgique.

Tout au long de sa carrière en tant que bijoutier et professeur, M. Dembelé a tenu à encourager la jeunesse à s’intéresser aux métiers entourant le secteur artistique. C’est selon lui un secteur qui représente une voie alternative à la fonction publique et qui assure un emploi indépendant à la fin de l’apprentissage. Il s’agit avant tout de promouvoir la culture et les professions liées à l’art au Mali: « Il faut que les jeunes s’adonnent à ces métiers, afin qu’on puisse développer notre pays à partir de nos propres ressources ». Il s’agit également de « mettre en exergue le patrimoine national » selon Gaoussou Dembelé.

Téa Ziadé, Vladimir Sutter (Stagiaires)