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Mali – Mopti : entre précarité et radicalisme, partir reste une alternative

La cinquième région administrative du Mali, Mopti, connait depuis quelques années des difficultés liées à l’insécurité qui sévit dans la région. L’économie de la Venise malienne repose essentiellement sur la pêche, le tourisme, l’élevage et l’agriculture. Mais aujourd’hui, les activités sont au ralenti.

« Avant, les jeunes, après les études, pouvaient se consacrer à la pêche, à l’élevage ou travailler comme guides touristiques. Maintenant avec la crise et l’arrêt du tourisme, les jeunes n’ont plus rien n’à faire. Et c’est un problème qui peut créer d’autres encore plus sérieux », explique Clément Dakouo, Coordinateur de l’Alliance franco-malienne à Mopti.

Sidi Dicko est un guide touristique que nous avons rencontré dans l’une des pirogues amarrées le long des berges du fleuve Niger à Mopti. Comme lui, plusieurs jeunes vivaient principalement de l’activité touristique avant la crise multidimensionnelle et multifactorielle que connait la localité.

« Mon travail était de faire découvrir la région en pirogue aux Blancs. Depuis 2012, il n’y a pas d’activités. Nous avons beaucoup de collègues qui sont aujourd’hui dans la vente du bétail et d’autres sont partis sur les sites d’orpaillage. Nous nous sommes un peu dispersés. Ceux qui sont partis sur les sites d’orpaillage ont tous eu des difficultés. Il y en a qui sont même devenus fous. Aujourd’hui, on parle de grand banditisme dans notre pays, ce n’est que la pauvreté qui pousse les gens à agir de la sorte », déplore Sidi.

Autres difficultés auxquelles sont confrontés agriculteurs, éleveurs et pêcheurs, ce sont la dégradation de l’environnement et l’ensablement du fleuve Niger. Cette source nourricière, lieu de navigation, de commerce et principal pourvoyeur en eau d’irrigation est sérieusement menacée. « Je pense que dans 10 ans, si on n’y prend pas garde, on peut traverser ce fleuve-là par la voiture », s’inquiète Issa Kansaye, maire de la commune urbaine de Mopti.

Selon la municipalité, des mesures sont en cours pour faire face à la menace : « Nous sommes toutefois en train de faire beaucoup de progrès pour l’interdiction des ordures ménagères dans les berges du fleuve Niger. On a un service d’assainissement qui s’occupe aussi de la surveillance de la berge au quai, les ménages qui détériorent l’environnement », précise le maire.

L’effondrement des industries traditionnelles locales n’est pas sans conséquence sur la population juvénile. Certains jeunes rejoignent les rangs des groupes terroristes qui sont dans la région, d’autres tentent l’aventure de l’immigration.

« L’insécurité conduit à la pauvreté, la pauvreté amène la vulnérabilité et la vulnérabilité conduit à tous les maux. Soit ils intègrent les groupes armés, soit ils émigrent où ils vont à l’exode », indique Abba Kassambara, président d’une association de jeunes.

A Barcondaga, un village situé au sud de Mopti, composé majoritairement de Bozos dont l’activité principale est la pêche, le poisson se fait rare et le village se vide peu à peu de ses habitants.

Pour le chef du village, Sekou Salamata, « même les chefs de familles partent pour rejoindre leurs enfants à l’extérieur et si tout se passe comme prévu, ils s’installent là-bas. Je vous jure il y a de ces villages Bozo aujourd’hui vers Konna, quand vous partez là-bas, ce sont toutes les familles qui se lèvent pour partir. Croyez-moi, ils ne vont même pas revenir encore ».

Selon l’éditorialiste Alexis Kalambry, il manque une vraie politique de préservation des ressources. « Il y a encore moins de 10 ans, le Mali exportait pour près de 4 milliards de francs CFA par an, rien que le poisson vers le Ghana ou des pays comme le Burkina Faso. C’était une vraie industrie parce que le poisson était fumé, séché et ça faisait travailler beaucoup de personnes. Il y a aujourd’hui, des problèmes de raréfaction des ressources halieutiques dans le fleuve, des problèmes d’ensablement et d’environnement. Pendant ce temps, l’Etat n’a rien fait même si ces derniers temps, on voit la pisciculture prendre le relais », analyse-t-il.  Selon lui, partir n’est pas un luxe mais une question de survie, même si les jeunes sont conscients du danger.

Les habitants de Mopti que nous avons rencontrés estiment que la sécurisation de la région est nécessaire pour la relance des activités économiques.

Sory Kondo, envoyé spécial

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