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Mali : mort de deux jeunes à Konna, des habitants dénoncent une « bavure » de l’armée

Des gendarmes maliens ont abattu, vendredi 30 mars tard dans la nuit, deux jeunes hommes à Konna, dans le centre du pays. « Terroristes » selon les responsables militaires, ils auraient tenté d’attaquer un poste de l’armée. Cependant, des sources locales apportent un démenti catégorique.

Vendredi, il est un peu plus de minuit. Le bus d’une compagnie de transport, en provenance de Gao, débarque deux jeunes ressortissants de Konna au carrefour de cette localité. Ils se dirigent vers le poste de contrôle. Un gendarme, selon les explications des autorités, a remarqué qu’ils étaient « armés et en position de tir. » Il sort son arme et « met hors d’état de nuire » les deux « présumés terroristes. » Sur place, l’armée affirme avoir récupéré au moins « trois pistolets mitrailleurs. »

Depuis, plusieurs voix s’élèvent dans la ville pour dénoncer une « bavure » de l’armée. « Les deux jeunes sont connus de tous ici. Ce sont des vendeurs de bovins », affirme un membre de la « brigade des jeunes de Konna ». Baba Nadio, également membre de cette brigade, était en patrouille le soir des faits. Ses éléments et lui ont entendu des coups de feu. Ils décident de se rendre sur les lieux, mais les gendarmes en poste les en dissuadent.

Ils ne s’y sont rendus finalement que le lendemain matin. « C’est là que nous avons trouvé les corps. Il n’y avait pas une seule arme. Et j’ai reconnu Amadou Ali, un ami d’enfance », affirme Baba Nadio. Il ajoute: « Les douaniers en poste nous ont dit que les deux jeunes sont descendus du car et se sont dirigés effectivement vers le poste. Ils (douaniers) affirment avoir juste entendu « d’où venez-vous ». Les deux jeunes répondent à peine que les coups de feu ont retenti.

Amadou Ali et Baba ont grandi ensemble à Konna où ils ont fréquenté l’école coranique. Il est connu comme un  » petit » vendeur de bétails « sans histoire ».  » C’est quelqu’un qui est incapable de te regarder dans les yeux, quelqu’un qui a même peur de son ombre », le décrit M. Nadio.

Le jour des faits, Amadou Ali revenait du marché hebdomadaire de Serma, près de Boni où il a vendu plusieurs têtes de vache. « Moi, très sincèrement je pense que c’est un braquage. Il avait de l’argent sur lui qu’on a plus retrouvé », affirme un proche de la victime.

Aboubacar Dicko