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Mali : plus d’une dizaine de morts dans des affrontements communautaires dans le Centre

Depuis trois jours, des violences meurtrières opposent des communautés peulh et dogon dans le Centre. De certaines localités du cercle de Koro,  le conflit s’est propagé jusqu’à la frontière burkinabè où il a alimenté de vielles tensions entre les ethnies. Une dizaine de personnes ont été tuées, rapportent des sources locales.

Tout a commencé le vendredi dernier, selon des sources locales, quand un grand chasseur et un riche notable dogons ont été assassinés par des personnes soupçonnées d’être « djihadistes » dans la localité de Gondogourou, commune de Diankabou. Joint par Sahelien.com, un élu de la commune rurale de Koro explique que le chasseur a été attaqué lorsqu’il rentrait de la foire de Dounan, à 45 km du chef-lieu du cercle, par des jeunes peulh soupçonnés d’être liés aux groupuscules extrémistes qui écument la région. Le samedi, les Dogons ont attaqué le village peulh de Nawadiè en représailles, entrainant une réaction des Peulh hier dimanche et des morts des deux côtés.

« Pour les Dogons, ce sont les peulhs qui sont derrière ces actes. Les gens se sont énervés. Et c’est ainsi que les affrontements ont commencé et se sont déplacés dans d’autres localités où ça a soulevé de vieux conflits liés à une zone pastorale entre les deux communautés » près de la frontière burkinabè, affirme Amadou Perou, directeur d’une école dans la zone et habitant à près de 10km des lieux des violences.

Les violences, selon des sources locales, ont entrainé la mort d’une dizaine de personnes parmi les deux communautés. Les mêmes sources ajoutent que les affrontements continuaient encore ce lundi vers midi et ont entraîné « d’innombrables déplacés » au sein des populations. L’Observatoire Kisal a annoncé un bilan plus lourd précisant que « la situation reste confuse. »

« Nous avons alerté la gendarmerie et la garde nationale à Koro mais ils n’ont pas bougé. Ils ont dit que des éléments de l’armée doivent venir de Sevaré », affirme à Sahelien.com le maire de la commune de Diougani, Madio Damé. A 16 heures encore, les corps étaient à l’air : « on n’arrive pas à les enterrer », confie cet autre ancien maire qui a annoncé l’arrivée d’un détachement de l’armée malienne sur les lieux des affrontements.

Pour ce coordinateur d’une ONG basée à Sevaré, qui parcourt cette zone, ces violences ne sont pas « une surprise », parce que « l’hivernage est là, et il y a généralement des tensions entre les deux communautés liées aux champs, barrages autour des pistes pastorales qui empêchent la transhumance. Il y a des prédispositions aux affrontements liées à l’économie, à l’histoire  et à des comportements de l’armée».  En effet, dans cette zone il est reproché à l’armée malienne d’utiliser les chasseurs dogons comme éclaireur pour traquer les Peulh accusés d’être des terroristes.

Une source sécuritaire à Bamako confirme les « regrettables violences» ajoutant que des mesures sont en train d’être prises. Cependant, selon le plan de sécurisation des régions du centre établi par les autorités maliennes, l’armée et les forces de l’ordre sont très faiblement présentes dans la zone.

Le Centre du Mali concentre depuis longtemps de nombreux conflits intercommunautaires. A partir de 2013, la disparition du contrôle de l’Etat sur la zone au profit des groupes extrémistes a alimenté ces conflits.

Boubacar Sangaré & Aboubacar Dicko