A l’approche de la fête de l’Aïd el-Kebir appelée Tabaski, les points de vente de moutons se sont multipliés dans la capitale malienne. Malgré la disponibilité du cheptel, les acheteurs se font rare contrairement aux autres années.
Les vendeurs sont partagés entre espoir et désespoir à quelques jours de la fête prévue le 31 juillet prochain. « Cette saison est différente des précédentes années. Les moutons sont un peu chers à cause des rackets dont sont victimes certains vendeurs qui nous ravitaillent. Les prix varient entre 65 000, 70 000 et plus chez moi ici, jusqu’à 250 000 FCFA, 300 000 francs à 350 000 FCFA. S’agissant du marché, les clients viennent au compte-goutte. Sinon, il y a quelques jours, c’était lent mais maintenant, ça peut aller. Avec la saison des pluies aussi, beaucoup d’animaux se fatiguent avant leur arrivée ici, et souvent, on est obligé de les soigner. On se débrouille ainsi » nous dit Mohamed Tangara, un vendeur de mouton
Selon Ousmane Dicko, un autre vendeur, la lenteur du marché est en partie liée à la crise sanitaire et sociopolitique au Mali. La situation actuelle du marché nous fait peur, parce que le marché est bondé de moutons. Il n’y a pas d’acheteurs en ville, pas de clients les gens viennent discuter mais n’arrivent pas à acheter, même les moutons qu’on vend à 50 000, 60 000 FCFA sont difficilement écoulés. Il y a la maladie conjuguée à la crise, ça renvoie à une situation difficile, il n’y pas d’argent aussi. En vérité, ça fait craindre parce que, nous aussi, nous nous ravitaillons auprès d’autres. On prend à crédit, et souvent, on les achète avec notre propre fonds et arrivés ici, on fait la revente pour avoir un peu de bénéfices et obtenir de quoi nourrir la famille » affirme-t-il.
Flambée des prix
Du côté des clients aussi, acheter un mouton est devenu presque impossible à cause de la hausse des prix. « Cette année, le mouton est très cher. Cela est dû à la pandémie qui secoue le monde et la crise dans notre pays, ce qui a même accentué le problème. Depuis ce matin, je cherche à acheter un mouton pour la Tabaski, c’est mon cinquième ou sixième point de vente comme ça. Les moutons sont visibles partout, dans les marchés à bétails et rues de Bamako, mais hors de portée » déplore un acheteur.
Par contre, les vendeurs d’herbe pour nourrir le bétail se frottent bien les mains en cette période de la fête des moutons. « Dieu merci, le marché est fructueux actuellement, chacun vient en fonction de ses moyens. Nous vendons l’herbe à partir de 100 francs et au-delà, les gens viennent. On part les couper en brousse, et on vient l’exposer ici pour avoir de quoi faire la fête. Auparavant, on pouvait vendre deux sacs d’herbe soit 2000, 2500 à 3000 francs le sac, et maintenant, on va jusqu’à trois à quatre sacs par jour avec 5000 F à 6000 F, le sac », se réjouit Moussa.
Les vendeurs de moutons font également face aux conséquences de la fermeture des frontières terrestres à cause de la pandémie à coronavirus.
Sory Ibrahim Maïga, Sory Kondo