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Mali: vers un boycott général du Conseil national de transition

Plusieurs partis et regroupements politiques et organisations syndicales ont annoncé qu’ils ne participeront pas au Conseil national de la transition (CNT). Ils dénoncent tous, une tentative d’usurpation de l’organe politique et législatif de la transition par les militaires.

Les décrets 0142 et 0143 du président de la transition fixant respectivement les modalités de désignation et de répartition des membres du Conseil national de transition sont rejetés par plusieurs composantes désignées pour siéger au sein de l’organe politique et législatif de la transition. Dans le décret de répartition, les forces de défense et de sécurité s’octroient 22 sièges au CNT, soit le double des sièges réservés aux groupements des partis politiques. C’est ce qui a l’origine de ce mouvement collectif d’indignation et de colère contre les autorités de la transition.

Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), mouvement qui a créé les conditions du coup d’Etat du 18 août, juge inacceptable les deux décrets. « Le délai de 48 heures imparti aux candidats pour déposer leurs dossiers procède d’une méconnaissance totale des réalités du Mali. Que feront en effet les candidats dont les casiers judiciaires doivent être délivrés dans des localités éloignées de Bamako ou situées en zone d’insécurité pour obtenir ce document sans lequel leurs dossiers, forcément incomplets seront rejetés. Ce court délai procède aussi d’une volonté de favoriser la fraude et le favoritisme », a regretté le M5-RFP dans un communiqué.

Le Mouvement dit avoir « disposé d’éléments probants, de témoignages sur ce qui apparait comme des délits d’initiés : ceux dont la présence est souhaitée au CNT ont déjà été invités depuis plusieurs jours, de se procurer le fameux sésame », révèle-t-il dans son communiqué. Par conséquent, le M5-RFP décide de ne pas participer au CNT dans le format proposé, « dénie à quiconque d’y participer en son nom et met en garde les autorités de la transition contre toute manipulation visant à associer son nom à cette mascarade. »

« Entrave à la démocratie »

Contrairement au M5-RPF, le Parti Yéléma de l’ancien Premier ministre et député, Moussa Mara, n’a pas jugé les deux décrets. Mais il décide tout de même de rester à l’écart du CNT. « Le parti Yéléma « le Changement », informe ses militants qu’à l’issue de sa réunion extraordinaire de ce jour 11 novembre 2020, il a pris la décision de ne pas postuler pour des sièges au CNT. Le parti Yéléma estime qu’il peut jouer sa partition dans la réussite de la transition sans pour autant être dans ses organes », indique Moussa Mara, président dudit parti dans un communiqué.

La Coalition des forces patriotiques (COFOP) qui regroupe plusieurs partis politiques et des organisations de la société civile « constate une confiscation du rôle des politiques. Cela est une entrave à la démocratie malienne et un danger pour l’avenir de notre pays ». La conférence des présidents de ladite coalition informe qu’elle ne fournira pas de dossier pour participer au CNT.

En plus des partis politiques, des syndicats également boycottent le CNT. La Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), la deuxième centrale syndicale la plus importante du pays dénonce aussi la forme et le fond des deux décrets et sursoit à sa participation au CNT. Plusieurs ténors de l’Ensemble pour le Mali (EPM), coalition des partis politiques de l’ancienne majorité présidentielle appellent également au boycott de l’organe législatif.

Les décrets suscitent également des réactions au sein de la population. Si d’aucuns trouvent légitime ce boycott, d’autres pensent que le temps n’est pas propice pour de telles revendications.

C’est ce jeudi 12 novembre en principe que prennent fin les dépôts des candidatures pour les futurs membres du Conseil national de transition.

M. A. Diallo, Mody Kamissoko