Sur le site officiel des déplacés de Mopti et les sites d’auto installation, des déplacés déplorent le manque de vivres. Le Programme mondial alimentaire (PAM) a suspendu son assistance aux déplacés de plus de six mois. Les services étatiques n’ont pas les moyens d’assurer la relève.
A Mopti Hindé, un quartier périphérique, plus de sept familles vivent sous des cases en paille depuis près deux ans. Ce sont des déplacés de Mérou, Commune de Ké-Macina dans la région de Ségou. Ces familles ont perdu deux hommes dans une attaque terroriste à Tawana (zone de Kouakourou) lorsqu’elles partaient pour leur campagne annuelle de pêche.
Aujourd’hui, les 77 personnes, principalement des femmes et des enfants sont dans une situation d’insécurité alimentaire. « Nous ne recevons plus de vivres depuis un moment. Ils ont tout coupé. Nous n’avons plus de bras valides pour travailler et ils coupent les aides. Qu’est-ce qu’ils veulent que nous devenions maintenant ? Ceux qui reçoivent les dons maintenant ne sont pas plus méritants que nous », a souligné Alimata Sakounda, déplacée.
Pour répondre aux urgences alimentaires provoquées par la maladie à coronavirus, le président de la République a promis, le 10 avril, la distribution de 56 000 tonnes de vivres pour l’ensemble du pays. Dans les camps de déplacés, c’est l’impatience lors de notre passage. « Nous n’avons rien reçu encore. Des agents de santé passent de temps en temps pour nous donner des médicaments, mais nous n’avons pas reçu de mil, de riz ou d’huile de Coronavirus. Nous avons rien reçu », a regretté Alimata Sakounda.
Sur le site officiel des déplacés de Mopti, c’est les mêmes problèmes. Plus de la moitié des 572 individus de 114 ménages ne bénéficient plus de l’assistance alimentaire de l’Etat et des partenaires. La situation inquiète Oumar Barry, désigné chef « du village » par ses pairs. « Nous avons beaucoup de difficultés ici, parmi lesquelles, le problème de nourriture. A un moment donné, les partenaires comme PAM et le développement social nous ont distribués des vivres mais, ce n’est plus le cas maintenant. Il n’y a pas de travail. C’est de ça que nous souffrons aujourd’hui.», alerte M. Barry.
Le PAM a changé de stratégie
C’est le Programme alimentaire mondial qui assistait l’ensemble des déplacés après les premières aides de l’Etat et d’autres partenaires. Mais en 2020, le PAM a changé de stratégie, selon Boubacar Djamedou Diallo, chef de division défense et protection sociale à la direction régionale du développement social et de l’économie solidaire de Mopti. « La nouvelle stratégie, c’est de soutenir les déplacés pendant six mois. Après cette période, ils sont désactivés de la base de données d’assistance PAM pour continuer avec les nouveaux. Maintenant, pour les anciens désactivés, ils font une évaluation, c’est des cas de personnes vulnérables qui ont besoin d’accompagnement. Ils sont encore pris en charge pour trois mois par le PAM. C’est ça la nouvelle stratégie, c’est ce qui fait que tous ceux qui ont été sous assistance PAM 2019 sont désactivés. Donc c’est le principal partenaire qui faisait l’assistance alimentaire. Nous sommes confrontés à ce problème, c’est le cas, même au niveau de ce site », a déploré Boubacar Djamedou Diallo sur le site officiel situé à Sevaré.
Le nombre des déplacés augmente
Les statistiques au niveau du Mali notamment, le rapport d’avril de la commission du mouvement de la population, fait état de 250.998 personnes déplacées. Sur ce nombre, la région de Mopti enregistre 102.430, soit un peu plus de 40% des déplacés. « Au niveau du cercle de Mopti, nous avons 24 584 déplacés. La commune de Sokoura et de Mopti ont enregistré 90% des déplacés du cercle de Mopti. Donc le nombre est un peu déjà trop », estime M. Diallo.
Pour le chef de division défense et protection sociale à la direction régionale de développement social et de l’économie solidaire de Mopti, les récents événements (début juillet) à Tori dans le cercle de Bankass et les évaluations faites récemment font état de 113 ménages pour 649 individus déplacés. « Le nombre va encore augmenter, sans compter ceux qui sont venus vers Bandiagara et un grand nombre sont partis vers Koro. Et même au niveau du cercle de Koro, dans la zone de Khassa, il y a des mouvements de population, il y a des villages entiers qui sont vidés de leurs populations », alerte-t-il.
La Direction régionale du développement social et de l’économie solidaire de Mopti demande plus de moyens pour faire face à la situation.
M. A. Diallo, Ousmane Koita, Sory Kondo