Depuis l’arrêt des activités de transport des migrants vers la Libye, il y a deux ans, plusieurs jeunes produisent du charbon de bois au niveau de certaines communes pour ravitailler les sites aurifères de la région d’Agadez.
Dans le village d’Afarat, situé à environ 45 kilomètres au nord-ouest de la ville d’Agadez, ce sont plusieurs centaines d’arbres qui ont été coupés pour en faire du charbon de bois. Aboubacar Hama, fondateur de l’amicale de protection de l’environnement, natif de ce village, nous emmène sur place pour constater les dégâts.
Après une heure de route, nous arrivons à Afarat, au milieu d’un terrain presque désert. « Il y a 40 ans en arrière, si vous vous tenez debout ici, personne ne peut vous voir. Regardez comment les villageois ont tout détruit ! Pour avoir un sac de charbon, il faut abattre cinq à six arbres alors que ceux qui commettent ce crime sont des éleveurs, ils ont des animaux pour vivre. Je crois qu’il n’ont pas besoin de détruire tous ces arbres » déplore Aboubacar. Et d’ajouter que « les auteurs de ce crime doivent être punis sinon à l’avenir, les petits arbres qui restent seront, eux aussi, détruits.»
Ils se renvoient la balle
Ce village de trois cent habitants a deux chefs. L’un représente le sultan de l’Aïr et le deuxième est installé par la mairie de la commune de Tchirozérine. La cohabitation entre ces deux chefs de village est très difficile pour beaucoup de raisons notamment politiques. Chacun rejette la faute sur l’autre concernant la coupe abusive de bois. Ibrahim, le chef du village qui représente le sultan de l’Aïr explique que « tous ceux qui vivent dans cette zone font la coupe de bois et même d’autres personnes viennent de la ville d’Agadez. Mais la famille de l’autre chef du village est plus dans cette activité que tous les autres villageois. J’ai informé plusieurs fois le service des eaux et forêts mais quand ils viennent faire la saisie ici, deux jours après, ils relâchent la personne donc ça ne vas pas s’arrêter.»
A six kilomètres de chez Ibrahim, nous rencontrons, Mouhamadine, le deuxième chef du village qui est le représentant du sultan. Assis dans sa case traditionnelle, entouré de quelques villageois, il affirme qu’il était menacé par son « rival » à plusieurs reprises qui l’accuse d’être responsable de cette destruction des arbres. « Vous savez, il est juste jaloux de moi parce que je suis également reconnu par l’administration d’Agadez. Sinon, regardez autour de mon hameau, il n’y a aucun arbre abattu et tout est boisé, alors qu’il a deux enfants qui coupent les bois pour vendre en ville. »
De retour dans la ville d’Agadez, nous nous rendons au principal marché à bétail. Sur le même site, la vente du charbon de bois est un véritable business. Sabo pratique cette activité depuis un an. Chaque jour, il fait décharger deux camions d’environ 150 sacs. Pour lui, ce travail est bénéfique. « J’achète un sac de charbon à 3000 francs avec les producteurs et je le revends à 6000 francs. Ce charbon de bois provient de tous les villages à l’ouest et à l’est de la ville d’Agadez. Comme les gens n’ont aucun travail, ils font ce commerce sur les sites aurifères où le charbon est beaucoup utilisé et ça coûte cher.»
« Investir dans la restauration du patrimoine forestier, c’est investir dans l’avenir », tel est le thème retenu pour la fête de l’arbre célébrée chaque 3 août au Niger. Cette année, les cérémonies commémoratives de cette fête tournante se sont déroulées à Agadez dans le nord du pays.
Dans son message à la nation à l’occasion du 60ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance du Niger couplé à la 45ème édition de la fête de l’arbre, le président Issoufou Mahamadou a appelé les Nigériens à se consacrer à la plantation d’arbres afin de lutter contre le changement climatique. « Continuons à développer des initiatives individuelles et collectives de reboisement, promouvons la régénération naturelle assistée sur l’ensemble du pays pour faire échec aux effets négatifs du changement climatique sur notre présent et notre avenir », a-t-il indiqué.
Omar Hama Saley