Depuis l’arrêt du trafic des migrants vers la Libye suite au durcissement de la loi 035/2015 votée par le parlement nigérien, beaucoup de jeunes passeurs se sont reconvertis dans le transport de voitures de la Libye vers Agadez.
Des parcs de vente de ces véhicules flambant neufs sont légion à Agadez. Selon Mahmoud Ali, un jeune libyen installé à Agadez, toutes les maisons qui longent les voies principales de la ville sont en train d’être vendues et aménagées pour servir à des parcs de vente de véhicules.
« On peut compter une quarantaine de parcs à Agadez. C’est un business qui marche fort bien. On a immédiatement compris que le trafic de véhicules de la Libye vers Agadez peut nous rapporter des gros sous », poursuit-il.
Pour Ahmed, un autre libyen, propriétaire de parc à Agadez, « la fermeture de la filière migration a permis aux propriétaires de parcs d’avoir des chauffeurs à bon prix pour acheminer les voitures jusqu’à Agadez ».
Et d’ajouter : « il fut un moment où l’on manquait de chauffeurs pour conduire nos véhicules à travers le désert parce que tous les jeunes s’étaient tournés vers le trafic de migrants qui rapportait beaucoup plus ».
Par semaine, d’après Hassan Amadou, un agent de la Douane d’Agadez, ce sont des dizaines de voitures toutes neuves qui affluent de la Libye vers Agadez. « On y trouve toutes les marques et pour toutes les bourses », souligne-t-il.
En effet, les clients de ces parcs qui pullulent à Agadez se comptent parmi des gens venus expressément du Mali, du Burkina Faso et du Tchad. « C’est normal ! On trouve des 4×4 sortis d’usine en 2016 à la moitié de son prix réel. C’est une sacrée aubaine », rapporte Moussa, un tchadien rencontré à Agadez.
A ce jour, le commerce de voitures de la Libye vers Agadez constitue une manne inespérée pour les recettes locales. La commune d’Agadez perçoit un revenu mensuel sur chaque parc exploité. Idem pour la police qui encaisse environ 50.000 FCFA par véhicule pour frais divers tels qu’Interpol et autres.
La question que beaucoup se posent est relative à l’origine de ces véhicules de luxe presque bradés à Agadez. D’aucuns pensent qu’ils proviennent d’un réseau louche qui permet d’inonder le Niger et ses pays limitrophes comme le Mali, le Nigéria, le Tchad et le Burkina avec des véhicules volés en Libye. D’autres par contre attribuent cette floraison de parcs de vente de véhicules à des lobbies libyens proches des milices qui contrôlent le centre et le sud de la Libye.