Ousmane est un rescapé de naufrage. Après sa mésaventure, il a décidé de s’installer à Agadez au nord du Niger. Avec un de ses amis, ils ont ouvert un restaurant.
C’est en 2007 qu’il a commencé l’aventure migratoire. « Je viens du Sénégal, je suis passé par la Mauritanie, la Côte d’Ivoire. Je suis allé à Cotonou au Bénin avant d’arriver à Agadez. J’ai tenté trois fois d’aller en Espagne en passant par l’Algérie et le Maroc. Mais ça n’a pas réussi. J’ai été arrêté en Algérie à Tamanrasset où on a été refoulé et dépouillé de nos biens », explique ce jeune de 27 ans.
Avec son ami guinéen, ils ont ouvert ensemble un restaurant. « Mon second a quitté la Libye. Lui aussi était maltraité. Arrivés ici, on s’est dits qu’on ne veut plus aller au Maroc, on va essayer de voir quelle activité mener en Afrique plus précisément à Agadez. C’est ainsi qu’on s’est lancés dans la restauration. On se débrouille pour le moment. Lorsqu’on aura les moyens, ça va devenir un grand restaurant qui sera reconnu comme restaurant des migrants africains », poursuit-il.
C’est au Sénégal qu’Ousmane a appris la cuisine. Il est également tailleur brodeur. Mais il a préféré travailler dans la restauration. A Agadez, quand il vient au boulot, il porte toujours une cravate. Il explique pourquoi. « C’est dans mes habitudes. En plus, quand tu es en Algérie, il faut bien s’habiller. Si tu t’habilles mal comme un soulard, on t’arrête facilement. Mais quand tu es bien vêtu, c’est rare qu’on t’arrête. Dès que les forces de sécurité te voient, elles vont dire que c’est un technicien, il a un métier, il travaille et on te laisse passer. Dans le cas contraire, on t’arrête et on te refoule à Assamaka à la frontière au nord du Niger. C’est pour cette raison de plus, qu’on se met ainsi, on porte la cravate. Et quand on nous voit, c’est rare qu’on nous rapatrie ».
Alassane Souleymane, Augustin K. Fodou, Sory Kondo