La classe politique peine à trouver un consensus au sein du Conseil national de dialogue politique (CNDP). Des points de divergence liés au processus électoral constituent un frein à la tenue des élections présidentielles et locales crédibles.
A quelques six mois des élections présidentielles au Niger, la question du processus électoral est sur toutes les lèvres à Niamey. Malgré plusieurs rencontres du CNDP visant à trouver un consensus entre la mouvance présidentielle et l’opposition concernant la validité du fichier électoral biométrique sans la diaspora et le report des élections locales au 17 janvier prochain alors qu’elles doivent se tenir trois mois avant la présidentielle dont le premier tour est prévu en décembre 2020.
Ce décalage est dû notamment à l’insécurité et à la pandémie de Covid-19, selon la Cour constitutionnelle. Cette situation divise les Nigériens. Dans le quartier nouveau marché de Niamey, Seydou, un habitant pense que le report des élections locales profite au régime actuel. « Nous savons tous que le report des élections locales est un avantage pour ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui. Après la présidentielle, mais tous les partis vont voter pour le président élu car, ils n’auront pas le choix, donc personne ne peut être d’accord avec ce plan de la CENI », a-t-il indiqué.
Suite à une saisine du Chef du gouvernement et président du CNDP, la Cour constitutionnelle a publié, lundi 22 juin, l’arrêt à travers lequel, elle valide le fichier électoral biométrique sans la diaspora.
Absence de la diaspora
Pour Moussa, un autre habitant, « la CENI doit prendre toute sa responsabilité pour revoir cette question de la diaspora. C’est la 9è région du Niger, il y aura cinq sièges qui seront vides. Moi, je suis vraiment contre les élections sans la diaspora et la Cour constitutionnelle doit revoir le cas de force majeure qu’elle a évoqué concernant ce vote. »
Sanouci Tambari Jackou, membre de la mouvance présidentielle et candidat à la prochaine élection, estime que la Cour a appliqué la loi. Néanmoins, il trouve que le report des élections locales ne va pas apaiser la tension politique. « Nous avons fait confiance à la CENI (Commission électorale nationale indépendante, ndlr), mais elle est en train de nous trahir, et on ne se laissera pas faire. Il y a plus de 150 partis politiques, dites-moi combien vont aller aux élections présidentielles peut être 20 partis et nous autres, nous sommes obligés de choisir nos députés et nos conseillers. Alors, je dis que la CENI a tort si elle n’a pas les moyens, qu’elle laisse tomber toutes les élections de façon générale.»
Pendant que l’opposition continue de rejeter le code électoral qui exclut de toute compétition électorale, son chef de file, Hama Amadou, suite à sa condamnation à la peine d’un an de prison ferme dans le cadre de l’affaire dite de trafic de bébés importés du Nigeria. Elle refuse aussi de déléguer des représentants à la Commission électorale nationale, qu’elle accuse d’être majoritairement composée de personnalités proches du pouvoir.
Les prochaines élections présidentielles permettront aux Nigériens de choisir un nouveau président de la République. L’actuel chef de l’Etat, Issoufou Mahamadou, a promis qu’il ne se représentera pas à la fin de son second et dernier mandat constitutionnel.
Omar Hama Saley