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mercredi, 06 août, 2025

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Niger : des chefs de villages dénoncent un « non-respect des engagements » de la société minière SOMIDA sur un projet d’uranium à Dasa (Nord)

Les chefs traditionnels de plusieurs villages situés dans la zone de Dasa, au nord du Niger, ont dénoncé dans un communiqué publié le 1er août un « non-respect manifeste » des engagements pris par la Société des Mines de Dasa (SOMIDA), chargée d’un important projet d’extraction d’uranium dans la zone.

Dans une déclaration signée à Tagaza, l’un des villages concernés situé près du site, ces représentants communautaires accusent l’entreprise de ne pas respecter ses promesses en matière d’emploi local, de transparence dans les procédures de recrutement et de retombées économiques pour les populations riveraines.

SOMIDA est une société minière détenue à 80 % par le groupe canadien Global Atomic et à 20 % par l’État nigérien à travers la SOPAMIN, la société publique gérant les participations minières. Elle pilote le développement du projet Dasa, considéré comme stratégique, qui vise l’exploitation d’un important gisement d’uranium situé dans la région d’Agadez, à plus de 1 000 km au nord-est de Niamey. La mise en production est annoncée pour 2026 et Global Atomic prévoit d’y exploiter près de 68,1 millions de livres d’uranium sur une période de 23 ans.

Recrutement jugé opaque et discriminatoire

Les chefs dénoncent la mise en place d’un comité de recrutement « non représentatif », « influencé par certains responsables de SOMIDA » et mis en place sans consultation des populations locales. De nombreux jeunes qualifiés de la région auraient été écartés au profit de personnes venues d’ailleurs, affirment-ils.

Ils alertent sur une « atteinte à la cohésion sociale », liée à ce qu’ils considèrent comme une marginalisation des communautés riveraines du projet minier. « Cette situation risque de compromettre la paix sociale et de détériorer gravement les relations entre la société minière et la population locale », soulignent-ils.

Référence à l’ordonnance sur le contenu local

Les signataires rappellent qu’en août 2024, les autorités nigériennes ont adopté une ordonnance sur le contenu local dans les secteurs minier et pétrolier. Ce texte impose aux sociétés extractives d’accorder la priorité à la main-d’œuvre nationale, de promouvoir les biens et services locaux et de contribuer au développement des compétences au niveau national et local.

« Nous ne sommes pas opposés à l’exploitation minière. Nous en reconnaissons l’importance stratégique pour le pays », insistent les chefs. « Mais cela ne doit pas se faire au détriment de nos droits, de notre dignité et de l’avenir de nos enfants. »

Ils appellent les autorités administratives, judiciaires et de régulation à exercer leur rôle de contrôle « avec rigueur et impartialité » et exigent la révision des procédures de recrutement, avec implication directe des représentants communautaires.

Le Niger est l’un des principaux producteurs mondiaux d’uranium, une ressource stratégique pour l’industrie nucléaire. Le pays cherche à renforcer sa souveraineté économique sur ce secteur, dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques régionales et une volonté affirmée de mieux redistribuer les bénéfices de l’exploitation minière. Après avoir écarté la France, partenaire traditionnel dans l’exploitation de l’uranium, le Niger a récemment signé un mémorandum avec la Russie pour l’exploitation de cette ressource stratégique à des fins civiles.