Les autorités de la ville de Niamey ont décidé d’encadrer la pratique de la mendicité. « Des séries de contrôles seront organisées de jour comme de nuit » à partir du mercredi 1er mai par la police, selon un communiqué.
La mendicité n’est plus permise partout dans la capitale nigérienne. Les rues, carrefours et places publiques seront désormais interdits aux mendiants. A la suite de réunions de concertation, « il ressort des différents échanges, trois catégories de mendicité autorisées par la religion musulmane et la loi : une pauvreté extrême (personnes handicapées, très âgées), personnes très endettées ou ayant subi une catastrophe », indiquent les autorités dans un communiqué.
Selon la note, « les trois catégories de personnes reconnues comme mendiants doivent se replier au niveau des lieux de cultes et centres sociaux. Il est également déconseillé aux usagers de la route de ne plus encourager l’aumône dans les lieux ci-dessus indiqués. Quant à la mendicité des enfants mineurs, elle est « strictement interdite. Et les parents ou tuteurs encourent une peine de six 06 mois à un an de prison ».
Le secrétaire général de l’Association islamique du Niger, Dr BoubacarTouré, salue ces mesures prises par les autorités de la ville de Niamey. « Nous sommes contents de voir qu’il y a une prise de conscience de nos dirigeants. Si vous avez remarqué, depuis un certain temps, beaucoup de mendiants circulent dans les marchés et hôpitaux. Cette situation a pris de l’ampleur au point où, même les personnes bien portantes sont devenues des mendiants parfois en se cachant derrière la religion. Alors que cette pratique est soumise à des conditions : si vous avez faim, vous pouvez mendier. Mais une fois que vous êtes rassasié, elle vous est interdite.» Et d’ajouter que « les marabouts qui quittent les villages pour venir avec des enfants mineurs et les utilisent comme mendiants doivent aussi subir la loi.»
Certains citoyens dénoncent les décisions prises par l’Etat. Au carrefour 6eme de la ville de Niamey, non loin du marché Wadata, nous avons rencontré Djibrila et ses amis en train de prendre du thé sous un hangar. Diplômé en science physique, Djibrila est au chômage depuis trois ans. Pour lui, le phénomène de la mendicité au Niger est tout à fait normal. « Cette mendicité est à l’image du pays. Quand les autorités quémandent auprès de l’Europe ou de l’Amérique, comment voulez-vous que les pauvres citoyens ne quémandent-ils pas. Les gens sont pauvres, donc c’est mieux qu’ils mendient au lieu de voler. La misère se lit sur les visages de la population mais les dirigeants sont riches », a-t-il déploré.
Omar Hama Saley