A 30 kilomètres de la ville de Tillabéri, les exploitants du périmètre irrigué de Djambala travaillent d’arrache-pied pour sauver quelques espaces qui ont résisté au passage des eaux pluviales.
Au niveau de ces aménagements hydro-agricoles, Seydou Djabari et Moussa Harouna, tous deux producteurs de riz, déplorent le faible rendement. « Le temps a beaucoup changé. Il y a quelques années, à pareil moment, nous avions déjà récolté le riz. L’année dernière, nos rizières étaient inondées. Avant, on récoltait une grande quantité mais, aujourd’hui que le changement climatique pèse sur nous, le rendement est faible », indique le premier.
Selon Moussa, les rizières des villages de Djambala, Namari Goungou, Falla, Tondia sont inondées. « Nous essayons de cultiver le peu qui reste, sinon on risque de partir vers d’autres horizons. Nous qui sommes restés, nous souffrons, il n’y a rien. A quoi ça sert de rester ici encore ? L’eau de ruissellement a inondé les champs et il n’y a pas de passage pour l’évacuer. C’est dur! Beaucoup de personnes sont parties. Quand je rentre dans les rizières, l’eau arrive jusqu’à mes genoux. »
Ces deux producteurs n’ont qu’un seul espace cultivable et devront donc attendre la prochaine campagne. « Pour ceux qui ont des rizières inondées et n’ont pas d’autres champs, il faut obligatoirement la campagne prochaine », souligne Karimou Hassane, président de la coopérative de Djambala. Et d’ajouter que la production rizicole en saison sèche est plus rentable qu’en saison pluvieuse quelle que soit la variété.
Fin août dernier, le niveau du fleuve Niger a dépassé la cote d’alerte rouge qui est de 620 cm. Pour le directeur régional de l’environnement, des mesures de prévention sont nécessaires pour s’adapter au changement climatique. « Ces inondations peuvent être l’une des conséquences du changement climatique parce que la cote normale de l’écoulement de l’eau était de 580 cm mais tout dernièrement, c’est allé jusqu’à 630 cm. (…) La méthode qu’on peut utiliser pour s’adapter au changement climatique, c’est d’utiliser certaines techniques qui permettent de prévenir telle que la diffusion rapide de l’information, la mise en place des systèmes qui contrôlent les conditions atmosphériques de proximité pour que les gens puissent comprendre les différentes variations du climat afin de prendre des dispositions et tendre vers l’utilisation de certaines espèces plus rustiques pour que les populations puissent être résilientes », explique le lieutenant-colonel Daouda Boukary.
Selon les autorités, plus de 2251 hectares de cultures ont été engloutis par les eaux à la date du 10 septembre dernier.
Sahelien.com
*Réalisé avec le soutien du Programme Sahel de l’IMS, financé par DANIDA.