Au moins 783 personnes, majoritairement des Nigériens, dont des femmes et des mineurs, ont été expulsées de Libye et refoulées vers des localités désertiques du nord du Niger entre le 28 mars et le 25 avril 2025, a rapporté l’association nigérienne de défense des droits humains Alarme Phone Sahara (APS).
Ces migrants, pour la plupart détenus dans des centres de rétention libyens avant leur expulsion, sont arrivés dans les villes de Madama, Latai et Siguidine, situées dans la région du Kawar, a précisé APS dans un rapport publié le 25 avril.
Selon l’association, une personne est décédée lors du dernier convoi d’expulsés arrivé à Madama le 25 avril. Ce convoi transportait 407 personnes, dont 10 Burkinabè et 7 Nigérians. Plusieurs autres expulsés sont restés bloqués dans le désert à la suite de la panne d’un des véhicules, dans une zone dépourvue d’assistance humanitaire suffisante, déplore l’organisation.
APS dénonce des expulsions souvent violentes menées par les forces de sécurité libyennes dans les zones contrôlées par les hommes du général Haftar, dans le sud libyen. Les personnes sont parfois arrêtées lors de rafles ou transférées depuis des centres de détention, puis convoyées jusqu’à la frontière nigérienne. Dans certains cas, les expulsés sont contraints de financer le carburant des véhicules les transportant, selon la même source.
Les migrants arrivent dans des conditions précaires, souffrant de déshydratation et de blessures. La population locale leur vient en aide, en leur fournissant dattes et eau, et en hébergeant certains dans leurs fermes, révèle le rapport.
L’association, qui apporte assistance aux migrants, indique que les convois atteignent les localités de Latai et Siguidine, avant de poursuivre vers Agadez. Certains migrants tentent de rester dans la région pour travailler et réunir de quoi repartir vers la Libye, bien que l’accès au territoire libyen reste fortement contrôlé, note le rapport.
APS demande l’arrêt immédiat des expulsions depuis la Libye et dénonce les accords migratoires conclus entre l’Union européenne et les autorités libyennes, qu’elle accuse de favoriser ces pratiques.
Depuis janvier, plusieurs vagues d’expulsions ont été signalées dans cette région désertique, où l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) gère un centre d’accueil à Dirkou, saturé depuis des mois.