Au Niger, la région de Tillabéry, au sud-ouest, est l’une des six régions sur les huit du pays touchées par l’épidémie de choléra depuis le mois d’août 2021. Dans cette région frontalière avec le Mali et le Burkina Faso, sévissent des groupes armés terroristes depuis plusieurs années. Ce qui complique parfois, la riposte contre l’épidémie.
Au centre de santé intégré (CSI) de la commune rurale de Karma, à 30 kilomètres à l’ouest de Niamey, le personnel soignant s’active pour rompre la chaîne de transmission. Lors de notre passage, Hamsa Harouna était la dernière patiente de ce centre atteinte du choléra. Sous traitement, son état s’est amélioré depuis peu. « Je faisais beaucoup de diarrhée et j’urinais aussi. Je transpirais et je versais de l’eau sur mon corps. Je n’avais pas compris ce qui m’arrivait jusqu’à que, je sois hospitalisée. Depuis le début, je ne vomissais pas mais arrivée dans cet hôpital, j’ai beaucoup vomi sans arrêt. Quatre jours après mon admission, je me suis sentie mieux, car la diarrhée et les vomissements se sont arrêtés. Le médecin nous a dit de ne plus consommer l’eau du fleuve, de laver nos mains avec de l’eau et du savon avant et après chaque repas. Depuis, j’ai arrêté d’utiliser l’eau du fleuve je consomme l’eau de la pompe », explique-t-elle.
Dans la localité, le risque contamination reste élevé surtout après les inondations provoquées par les fortes pluies enregistrées les mois précédents. Selon Dr Mamadou Hassan Fanna, médecin au CSI de Karma, quatre personnes sur cinq utilisent l’eau du fleuve. Entre août et mi-septembre, le centre a enregistré 49 cas de choléra. « Dieu merci, nous n’avons enregistré aucun décès, tous les patients sont guéris », précise le médecin.
Au niveau régional, ce sont 286 cas de choléra qui ont été notifiés et neuf décès, fin septembre dernier, indique Doudou Souley, directeur de la santé à Tillabéri. « Comme c’est une maladie liée à l’eau, du district de Tillabéri, ça a évolué le long du fleuve vers le district sanitaire de Kolo, et tout ce qu’il y a autour de Niamey. Actuellement, la situation est sous contrôle. Ce sont deux cas qui sont en hospitalisation dans le district, un à Kolo et un autre à Tillabéri », ajoute-t-il.
Une riposte dans un contexte d’insécurité
La menace terroriste dans certaines localités de la région complique la riposte à la maladie. Pour la supervision, « il y a des localités où le risque est grand. Environ quatre CSI et plusieurs autres cases de santé sont fermés pour cause d’insécurité », affirme M. Souley. Et d’ajouter : « les stratégies développées, c’est la distribution à base communautaire. Quand il y a des produits de masse, on les met à la disposition des locaux puisqu’il y a trop de risque pour aller visiter ces localités-là, partout où vous passez, vous êtes surveillés ».
Omar H. Saleh, Agaïcha Kanouté, Mody Kamissoko
*Réalisé avec le soutien du Programme Sahel de l’IMS, financé par DANIDA.
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