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mercredi, 25 décembre, 2024

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Tombouctou/ Lac Faguibine, le plus important réservoir d’eau de Goundam continue de s’assécher

« Le Faguibine, c’est le dernier lac du système Faguibine. C’est un réseau interconnecté de cinq lacs : Télé, Takara, Gouber, Komango et Faguibine. Le lac Faguibine, c’est ce grand lac, réservoir naturel d’eau qui a fait le bonheur de la région de Tombouctou et même du reste du Mali, de la Mauritanie durant des années », explique Hamma Aboubacrine, maire de Bintagoungou, l’une des sept communes riveraines du lac.

Depuis plusieurs années, l’inquiétude des usagers grandit face à la raréfaction de l’eau. « Notre seule préoccupation est le manque d’eau. Le terroir est vaste. Même cette année, le niveau de la crue était très bas mais a permis ces semailles. Si seulement, la crue était abondante, tous ces hectares seraient cultivés », indique Mahamadoun Alhousseyni Cissé, exploitant agricole.

Ce vaste espace est aussi la principale zone de pâturage de l’éleveur Abanine Sall. Au milieu de son troupeau, il évoque les menaces pesant sur son activité. « Avec l’assèchement du lac, nous avons des contraintes. Le cheptel meurt, ravagé par des maladies. Nous, éleveurs, sommes inquiets pour notre vie et celle du cheptel. Le bétail procrée mais se méfie de son nourrisson, faute de lait, le laissant à la merci de la faim et la soif », souligne-t-il 

Autrefois au centre des enjeux économiques dans la région de Tombouctou, le Lac Faguibine a subi de plein fouet, les effets des variations climatiques. « J’ai connu du bonheur dans le Faguibine. Je suis de 1956. De Farach jusqu’à Razelma, je pratiquais la pêche. (…) Il y avait du monde venant du Niger, d’Abidjan, du Nigeria, du Burkina Faso, du Benin, etc. Tout ce monde y était à cause de la production halieutique du lac Faguibine », se souvient Bouri Hamma Ahamadou Kouroukoye, président de la coopérative des pêcheurs de Bintagoungou.

Et d’ajouter : « L’assèchement du lac Faguibine m’a accablé puisque je ne connais rien si ce n’est la pêche. Jusqu’à ce jour, je ne parviens même pas à faire l’élevage. Si seulement, j’avais un peu de ressources pour m’enquérir des ruminants et cabris à élever, ça irait mieux. Et même ça, l’on ne l’a pas. Il n y a plus de poissons, ni eau. C’est vraiment intenable. »

Exode

Une situation intenable pour Amadou Boureima, un autre pêcheur contraint à l’exode. C’est dans le village de Mékoreye, à une quinzaine de kilomètres de Goundam, qu’Amadou et d’autres des pêcheurs se sont installés. En plus de leur activité initiale, ils pratiquent aussi l’agriculture. « Ici, au campement des pêcheurs, nous cultivons et pêchons. Cette situation est due aux difficultés. La production aléatoire de la pêche nous a poussés vers l’agriculture », a-t-il précisé.

Plusieurs années durant, la vie et les moyens d’existence des communautés sont bouleversés. « Depuis 1980, nous assistons impuissants à l’assèchement progressif des lacs. Sur les 53.000 hectares qu’ils occupaient sur l’ensemble des sept communes, il n’y a que deux ou trois communes qui reçoivent, ces dernières années, une petite quantité d’eau. Malheureusement, aujourd’hui, le Faguibine n’est que l’ombre de lui-même », a fait savoir le maire de Bintagoungou.

Cette situation « a engendré un exode massif des bras valides voire l’immigration clandestine. Il y a des villages fantômes à cause du manque d’eau », indiqueIbrahima Hamadoun Touré, chef de division production agricole au système Faguibine.

En plus des variations climatiques, le réseau manque d’entretien. « C’est le fleuve Niger qui alimente le réseau interconnecté du système Faguibine. Les chenaux d’alimentation sont ensablés, des gens plantent des arbres » déplore M.Hamma Aboubacrine. Et de poursuivre : « Nous sommes en train de perdre notre identité. Elle a été construite sur des valeurs qui ne sont plus là. »

« Nous gardons espoir »

Aujourd’hui, la zone est en quête d’un nouveau souffle. « Quelle que soit la difficulté, nous gardons toujours espoir parce que nous avons beaucoup de souvenir du lac. Il y a l’Office pour la mise en valeur du système Faguibine (OMVF) qui a fait un programme de restauration de l’ensemble des lacs et qui se chiffrait, à l’époque, à 44 milliards de F CFA. Toutes les études ont montré que si certains travaux sont engagés, la mise en eau des lacs du système Faguibine ne pose aucun problème. Les moyens n’ont pas pu être réunis, à cela s’ajoute la crise sécuritaire qui freine le développement », affirme le maire.

Pour les communautés, la réhabilitation du système Faguibine permettra de répondre aux enjeux de sécurité alimentaire, de développement économique et de cohésion sociale.

Almoudou M. Bangou, Mody Kamissoko

*Réalisé avec le soutien du Programme Sahel de l’IMS, financé par DANIDA.

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